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Extrait du troisième mémoire sur l'enfer

La vision de l'enfer

En disant ces dernières paroles, elle ouvrit de nouveau les mains, comme les deux mois précédents. Le rayon parut pénétrer la terre et nous vîmes comme un océan de feu. Plongés dans ce feu, les démons et les âmes, comme s'ils étaient des braises, transparentes et noires ou bronzées, ayant forme humaine qui flottaient dans l’incendie, soulevées par les flammes qui sortaient d’elles-mêmes en même temps que des nuages de fumée, tombant de tous côtés, semblables à la retombée des étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. (Ce doit être en regardant cette vision que j’ai dû pousser ce "Aie !" que l’on dit avoir entendu de moi). Les démons se distinguaient par des formes horribles et répugnantes d’animaux effrayants et inconnus, mais transparentes comme des charbons noirs embrasés.

Les réflexions de Jacinthe sur l'enfer

Excellence, je vous ai déjà dit, dans les notes que je vous ai envoyées après avoir lu le livre sur Jacinthe, qu’elle était très impressionnée par certaines choses révélées dans le secret. Il en était réellement ainsi. La vision de l’enfer l’avait horrifiée à tel point que toutes les pénitences et les mortifications lui paraissaient peu de chose pour arriver à préserver quelques âmes de l’enfer.

Eh bien, je vais maintenant répondre à une autre question qui m’a été adressée de plusieurs côtés : Comment se fait-il que Jacinthe, encore si petite, ait pu être possédée d’un tel esprit de mortification et de pénitence ?

Il me semble que ce fut d’abord par une grâce spéciale que Dieu a voulu lui accorder par l’intermédiaire du Cœur Immaculé de Marie, mais aussi, parce qu’elle a vu l’enfer et le malheur des âmes qui y tombent.

Certaines personnes, même pieuses, ne veulent pas parler aux enfants de l’enfer, pour ne pas les effrayer. Mais Dieu n’a pas hésité à montrer l'enfer à trois enfants, dont la plus jeune avait seulement six ans et Il savait bien qu’elle en serait horrifiée, au point de se consumer de frayeur, je peux presque le dire.

Souvent, elle s’asseyait souvent par terre ou sur quelque pierre, et toute pensive, elle se mettait à dire : « Oh l’enfer ! Oh l’enfer ! Que j’ai pitié des âmes qui vont en enfer ! Et les gens qui sont là, vivants, à brûler comme du bois dans le feu ! » Et, à demi tremblante, elle s’agenouillait, les mains jointes, pour réciter la prière que Notre Dame nous avait apprise : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au Paradis toutes les âmes surtout celles qui en ont le plus besoin. »

Maintenant, Votre Excellence comprendra pourquoi j’ai conservé l’impression que les dernières paroles de cette prière se rapportent aux âmes qui se trouvent dans un plus grand ou plus imminent danger de damnation. Et Jacinthe demeurait ainsi pendant longtemps agenouillée, répétant la même prière.

De temps en temps, elle m’appelait ou appelait son frère (comme si elle s’éveillait d’un songe) : « François, François, vous priez avec moi ? Il faut beaucoup prier pour sauver les âmes de l’enfer ! Il y en a tant qui vont là-bas ! tant ! » D’autres fois, elle demandait : « Comment se fait-il que Notre Dame ne montre pas l’enfer aux pécheurs ? S’ils le voyaient, ils ne pécheraient plus, pour ne pas y aller. Tu dois dire à cette Dame de montrer l’enfer à tous ces gens (elle voulait parler de ceux qui se trouvaient à la Cova da Iria au moment de l’Apparition). Tu verras qu’ils se convertiront ! » Après, un peu mécontente, elle me demandait : « Pourquoi n’as-tu pas dit à Notre Dame de montrer l’enfer à ces gens ?
– J’ai oublié, répondais-je.
– Moi aussi, j’ai oublié ! » disait-elle d’un air triste.

Quelquefois, elle demandait encore : « Quels péchés ces gens commettent-ils pour aller en enfer ?
– Je ne sais pas. Peut-être le péché de ne pas aller à la messe le dimanche, de voler, de dire de vilaines paroles, de maudire, de jurer.
– Et ainsi, pour une seule parole, ils vont en enfer ?
– Oui, car c’est un péché.
– Qu’est-ce que cela leur coûterait de se taire et d’aller à la messe ! Quelle pitié me font les pécheurs ! Ah ! si je pouvais leur montrer l’enfer ! »

Quelquefois, soudainement, elle s’accrochait à moi et disait : « Je vais aller au Ciel. Mais toi qui vas rester ici, si Notre Dame le permet, dis à tous ces gens comment est l’enfer, afin qu’ils ne commettent plus de péchés et qu’ils n’y aillent pas»

D’autres fois, après avoir réfléchi un moment, elle disait : « Tant de monde qui tombe en enfer ! Tant de monde en enfer ! » Afin de la rassurer, je lui disais : « N’aie pas peur ! Tu iras au Ciel.
– Oui j’irai, disait-elle paisiblement, mais je voudrais que tous ces gens y aillent aussi ! »

Lorsque, par mortification, elle ne voulait pas manger, je lui disais : « Jacinthe, allons, mange maintenant.
– Non ! J’offre ce sacrifice pour les pécheurs qui mangent trop. »

Quand, déjà malade, elle allait à la messe un jour de semaine, je lui disais : « Jacinthe, ne viens pas, tu n’en as pas la force ; aujourd’hui  ce n’est pas dimanche.
– Peu importe, j’y vais pour les pécheurs qui n’y vont même pas le dimanche. »

S’il lui arrivait d’entendre une de ces paroles trop libres que certaines personnes se font gloire de prononcer, elle se couvrait la figure de ses mains et disait : « Ô mon Dieu ! ces gens ne savent donc pas qu’en disant ces choses, ils risquent d’aller en enfer ? Pardonnez-leur, mon Jésus, et convertissez-les. Certainement, ils ne savent pas que cela offense Dieu. Quelle pitié, mon Jésus ! Je prie pour eux»  Et elle répétait alors la prière enseignée par Notre Dame : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous, etc... »

Ici, Excellence, il me vient à l’esprit une réflexion. Quelquefois on m’a demandé si Notre-Dame, à l’une des apparitions, nous avait indiqué quelle sorte de péchés offensait davantage Dieu. D’après  ce que l’on dit, Jacinthe, à Lisbonne, a nommé le péché de la "chair". Comme c’était une des questions qu’elle me posait quelquefois, je pense maintenant qu’elle l’a peut-être aussi posée à Notre-Dame, à Lisbonne, et que Celle-ci le lui a indiqué.

(...)

Un jour, j’allai à sa maison pour rester un peu avec elle. Je la trouvais assise sur son lit, très pensive. « Jacinthe, à quoi penses-tu ?
– A la guerre qui va venir. Tant de gens qui vont mourir. Et presque tous vont en enfer ! Beaucoup de maisons seront détruites et beaucoup de prêtres tués. Regarde ! Moi je vais au Ciel et toi quand tu verras pendant la nuit, la lumière que cette Dame nous a dit qu’elle viendrait avant la guerre, sauve-toi aussi là-haut !
– Tu ne vois pas qu’on ne peut pas fuir vers le Ciel ?
– C’est vrai ! Tu ne peux pas. Mais n’aie pas peur, au Ciel je prierai beaucoup pour toi, pour le Saint-Père, pour le Portugal, pour que la guerre ne vienne pas jusqu’ici et aussi pour tous les
prêtres. »

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