Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917
  • Affichages : 3982

Méditation sur le 1er mystère glorieux

La Résurrection

 Tirée des Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.

 

DE L’APPARITION DE NOTRE-SEIGNEUR À SA TRÈS SAINTE MÈRE,

ET COMMENT LES ANGES ANNONCÈRENT

LA RÉSURRECTION AUX SAINTES FEMMES

  

I — La manifestation de la Résurrection

1) Aussitôt après sa résurrection, le Sauveur voulut la manifester aux hommes afin qu’ils pussent en recueillir les fruits. Il le fit par trois différentes voies.

En premier lieu, Il se servit du ministère des saints qui étaient ressuscités avec Lui. Au rapport de l’évangéliste saint Matthieu, ils sortirent de leurs tombeaux après la résurrection de Jésus-Christ, vinrent en la cité sainte et apparurent à plusieurs. Ils leur déclarèrent que ce Jésus, qui avait été crucifié, était véritablement le Messie, le Roi d’Israël, le Sauveur du monde, et que déjà Il était ressuscité. Il est à croire qu’ils se firent voir entre autres à Joseph d’Arimathie et à Nicodème, pour les consoler et les affermir dans la foi en la divinité de leur Maître.

En second lieu, Jésus envoya des anges annoncer sa résurrection aux femmes pieuses qui venaient embaumer son corps, et ils leur montrèrent que son sépulcre était vide.

En troisième lieu, non content de ces deux premiers moyens, Jésus voulut se manifester en personne à ses amis et leur découvrir l’excès de sa charité. Ainsi, bien qu’Il dût naturellement, en sortant du tombeau, monter au Ciel, qui est le séjour des corps glorifiés, Il résolut néanmoins de rester plusieurs jours sur la terre pour réunir, comme un bon Pasteur, son troupeau, pour consoler ses disciples, pour les instruire de beaucoup de choses touchant le royaume de Dieu, et pour leur apparaître dans tout l’éclat de sa gloire, afin qu’ils fussent devant les peuples les témoins irrécusables de sa résurrection.

Ô Roi de gloire, que les anges et les hommes Vous louent de cet amour excessif que Vous témoignez à vos serviteurs ! Le monde n’était pas digne de Vous posséder un seul moment après votre résurrection ; mais la même charité qui Vous a retenu près de quarante heures dans les Limbes, Vous oblige de demeurer quarante jours sur la terre, afin de la sanctifier, de l’honorer par votre présence, de prouver à tous les hommes que votre changement d’état n’a pu Vous faire changer de sentiments à leur égard, et que Vous n’oubliez point dans la prospérité ceux qui Vous ont suivi dans l’adversité.

2) Considérons que Notre-Seigneur, au sens spirituel, a également trois différentes voies pour nous découvrir ses mystères, pour nous consoler et pour nous instruire.

La première est par l’entremise des personnes de piété. Ressuscitées avec Jésus-Christ, elles connaissent par expérience sa douceur, ses grandeurs, ses perfections infinies ; et, animées d’un saint zèle, elles communiquent à d’autres leurs lumières, afin que Dieu soit connu et aimé de toutes ses créatures.

La seconde est par le ministère des anges. Ils nous éclairent intérieurement, ils nous enseignent, ils nous consolent, ils lèvent tous les obstacles qui nous empêchent de jouir pleinement des biens renfermés dans Jésus glorifié.

La troisième est par Lui-même. Il nous honore de ses visites, Il nous parle au fond du cœur, Il se fait sentir à nous comme à des disciples bien-aimés, vérifiant en nous dans cette terre d’exil ce qu’Il disait dans le discours de la Cène : Celui qui aime sera aimé de mon Père ; Je l’aimerai aussi et Je me manifesterai lui.

Ô mon Jésus, faites que je Vous aime de tout mon cœur, puisque c’est un si grand bien de Vous aimer ! Oui, vous aimez celui qui Vous aime, et Vous lui découvrez qui Vous êtes, pour l’embraser de plus en plus du feu de votre amour.

II — L’apparition de Jésus à sa très sainte Mère

1) Le Sauveur ressuscité voulut que sa première visite et sa première apparition fût à sa divine Mère. Elle était dans une extrême affliction de sa mort, et ne trouvait d’adoucissement à sa douleur que dans la vivacité de sa foi et dans la fermeté de son espérance. Dès le matin du troisième jour, elle entra dans une contemplation sublime. Par ses désirs enflammés, par les soupirs qui s’échappaient du fond de son âme, elle conjurait son Fils de hâter son retour. Comme la lionne, elle cherchait à réveiller par ses rugissements le lion de Judas endormi dans le sépulcre. Levez-vous, disait-elle avec le Psalmiste, levez-vous, ô ma gloire ; sortez glorieux de votre tombeau pour glorifier tous vos amis. Levez-vous, mon luth et ma harpe ; sortez du fourreau où vous êtes enfermés, et réjouissez par une douce harmonie les cœurs que votre mort a plongés dans la tristesse. Vous avez dit : Je me lèverai au point du jour. Paraissez donc, Soleil de justice, devancez l’aurore impuissante à nous éclairer, et dissipez par l’éclat de vos rayons l’épaisseur de nos ténèbres.

2) Pendant que la Vierge nourrissait ces désirs en son cœur, son Fils béni lui apparut tout à coup, accompagné de trois nombreuses et brillantes troupes. La première était composée d’anges, la seconde, d’âmes glorieuses, la troisième de justes ressuscités. Marie vit sans être éblouie son Jésus dans toute la splendeur de sa gloire ; car Il lui fortifia les yeux du corps et ceux de l’âme, afin qu’elle eût la satisfaction de Le contempler à loisir, et de jouir pleinement de sa divine présence. Oh ! Quelle joie, quelle allégresse, quels transports excita dans le cœur de la Mère la glorieuse visite du Fils ! Elle pouvait dire avec vérité : Je serai rassasiée quand paraîtra votre gloire. Avec quelle tendresse ils se pressèrent dans les bras l’un de l’autre ! Qu’ils s’adressèrent de douces et consolantes paroles ! La Mère baisait avec amour les plaies de son Fils, et ces blessures qui avaient été pour elle des sources de désolation profonde, se changeaient en torrents de délices ; Dieu proportionnant les consolations aux douleurs. En même temps, tous ceux de la suite du Sauveur la saluèrent ; ils la reconnurent pour la Mère de leur Dieu et de leur Libérateur, et ils la remercièrent de tout ce qu’elle avait fait et souffert pour contribuer à leur rédemption. Oh ! Quel plaisir ce fut pour elle de voir en ces âmes rachetées les fruits abondants de la Passion de son Fils ! Elle L’en félicita et s’en réjouit avec Lui, pendant que les anges célébraient ce glorieux jour par des cantiques de joie en l’honneur de Jésus et de Marie.

3) Enfin Jésus, ayant demeuré longtemps avec sa bienheureuse Mère, et l’ayant instruite des plus hauts mystères de la foi, lui assura qu’Il serait encore plusieurs jours sur la terre, et qu’Il la visiterait souvent ; puis Il la quitta, la laissant remplie d’une immense consolation qu’elle ne découvrit à personne. Car, comme cette humble et prudente Vierge ne voulut rien manifester du mystère de l’Incarnation, pas même à Joseph son époux, à qui l’ange le révéla le premier ; ainsi ne parla-t-elle point aux apôtres ni aux saintes femmes de cette visite de son Fils, avant que les anges ou Jésus lui-même ne les eussent informés de sa résurrection.

Ô Vierge sainte, quelles félicitations vous adresser en ce jour ! Nous chanterons le cantique de l’Église : Reine du ciel, réjouissez-vous, alléluia ; parce que celui que vous avez porté dans votre sein, alléluia, est ressuscité comme il l’a dit, alléluia. Priez pour nous le Seigneur, alléluia, obtenez-nous la grâce de chanter dans Sion, notre éternelle patrie, l’alléluia qui n’aura jamais de fin.

III. — Les anges annoncent aux pieuses femmes que le Sauveur est ressuscité

1) Dans le même temps, Notre-Seigneur voulut faire connaître, par l’entremise des anges, sa résurrection aux saintes femmes qui l’avaient suivi, et dont les évangélistes louent la piété en ces termes : Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques, Salomé, et d’autres femmes dévotes, qui étaient demeurées dans le repos le jour du sabbat, par respect pour une fête si solennelle, allèrent au sépulcre le dimanche de grand matin, lorsque les ténèbres régnaient encore, portant les aromates qu’elles avaient préparés ; et elles se disaient l’une à l’autre : Qui nous ôtera la pierre qui ferme l’entrée du sépulcre ?

L’exemple de ces saintes femmes nous apprend avec quelle dévotion nous devons chercher le Fils de Dieu ; voyons quelles vertus elles pratiquent pour le trouver.

La première est une obéissance exacte à la loi. Malgré leur désir extrême d’embaumer le corps de Jésus, elles cessent tout préparatif le jour du sabbat, pour ne point enfreindre le précepte du Seigneur. Ce qui nous montre que, sous prétexte de piété, il n’est point permis de manquer à l’obéissance.

La seconde est une diligence extraordinaire. Elles se lèvent avant le jour ; surmontant la timidité si naturelle à leur sexe, elles ne craignent point de sortir et de marcher la nuit, tant il leur tarde de rendre ce dernier devoir à leur Maître. C’est avec ce saint empressement que la Sagesse incarnée veut que nous la cherchions. Ceux, dit-elle, qui me cherchent dès le matin, me trouveront. Et le Sage nous avertit qu’il faut prévenir le lever du Soleil pour recueillir la manne des consolations célestes. Ce met choisi est réservé à l’homme diligent et refusé au paresseux.

La troisième est une ferme confiance en Dieu et une persévérance dans le bien que les difficultés ne sauraient ébranler. Car, bien que ces femmes n’aient pas la force de remuer la pierre qui ferme l’entrée du tombeau, elles ne laissent pas de continuer leur chemin, dans l’espérance que le Seigneur leur viendra en aide. Aussi en récompense de leur confiance trouvèrent-elles, en arrivant, la pierre ôtée et le sépulcre ouvert. C’est ainsi qu’en use la Providence à l’égard de ceux qui se reposent sur Elle dans les choses qui concernent le service de Dieu.

2) Voici, d’après les évangélistes, les principales circonstances de cet événement miraculeux. Tout à coup, un violent tremblement de terre se fit sentir. Car l’ange du Seigneur descendit du ciel, renversa la pierre qui était à l’entrée du sépulcre et s’assit dessus. Son visage était comme l’éclair et ses vêtements comme la neige. Les gardes furent remplis d’effroi et demeurèrent comme morts. Les femmes étant arrivées au sépulcre, virent que la pierre n’y était plus. Elles y entrèrent donc, mais elles aperçurent un jeune homme assis à droite, revêtu d’une robe blanche, et elles furent enrayées. Pour vous, leur dit-il, ne craignez point. Je sais que vous cherchez Jésus de Nazareth crucifié. Il n’est plus ici : il est ressuscité comme il l’a dit. Venez, et voyez le lieu où le Seigneur était placé.

Considérons en premier lieu, l’air majestueux et la beauté de ce prince de la cour céleste ; admirons la force de son bras qui remue sans efforts l’énorme pierre du sépulcre, et qui fait trembler la terre. Il étonne et les méchants et les bons, mais d’une manière bien différente. Pour les méchants, ce sont ici les gardes, il les renverse par terre et les laisse à demi-morts parce qu’ils ne sont pas dignes de contempler son visage resplendissant ; quant aux saintes femmes, il les rassure par de consolantes paroles. Ne craignez point, vous autres, leur dit-il, ce qui signifie : Laissez la crainte aux, soldats, qui sont les ennemis de Jésus ; pour vous, n’appréhendez rien, car je vous annonce une heureuse nouvelle ; celui que vous cherchez est ressuscité.

Considérons, en second lieu, que l’ange donne au Sauveur un nom nouveau. Il l’appelle Jésus de Nazareth, crucifié. Pourquoi ? Il connaît bien les sentiments du cœur de Jésus-Christ. Il sait que cet Homme-Dieu met sa gloire dans les opprobres, et qu’il se fait honneur d’avoir été crucifié pour nous.

Ô Jésus de Nazareth, crucifié, jamais Vous n’avez porté à plus juste titre le nom de Nazaréen que sur la croix. C’est sur cet arbre que Vous avez produit des fleurs et des fruits. Quelles fleurs ? Celles de vos vertus. Quels fruits ? Ceux de notre sanctification, dont Vous jouissez dans votre glorieuse Résurrection. Oh ! Quand Vous chercherai-je avec l’ardeur qui consumait le cœur du grand Paul ! Quand me glorifierai-je avec lui de ne savoir, de ne désirer que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ! – Ô ange saint, venez à mon aide. Fortifiez-moi par l’odeur de ces fleurs, et par la saveur de ces fruits ; car je languis d’amour, et je brûle du désir de contempler Jésus de Nazareth, qui a été crucifié pour moi !

 Considérons, en troisième lieu, que ces femmes, malgré leur piété, n’étaient pas dignes de voir le Sauveur, à cause de leur peu de foi. C’est pour cela que le messager céleste, afin de les disposer à cette faveur, cherche à réveiller leur foi endormie, en leur disant : Entrez et voyez le lieu où on L’avait mis, et alors vous croirez qu’Il est vraiment ressuscité. Il veut aussi ranimer leur charité, en ajoutant : Allez promptement porter cette nouvelle à ses disciples, et à Pierre. Il nomme Pierre en particulier, de peur qu’il ne se décourage au souvenir de son infidélité. Mais il avait lavé son péché dans ses larmes et il méritait bien d’être consolé. Comprenons par-là que le manque de foi malgré de bonnes dispositions est ordinairement ce qui nous prive de la vue et de l’entretien de Notre-Seigneur. D’où nous conclurons que, pour attirer ses visites, nous devons croître de plus en plus dans les vertus qui nous disposent à Le recevoir, sans nous laisser aller à la défiance, malgré nos fautes nombreuses, puisque la faiblesse de saint Pierre ne l’empêcha pas de voir le Maître plein de bonté qu’il avait eu le malheur de renier.

 Considérons, en dernier lieu, comment les femmes, ayant pénétré dans l’intérieur du sépulcre, ne trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus. Or il arriva, pendant qu’elles étaient dans la consternation, que deux hommes revêtus de robes éclatantes parurent près d’elles. Et comme elles étaient saisies de frayeur et baissaient la tête vers la terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici ; Il est ressuscité. Rappelez-vous comment Il vous a parlé lorsqu’Il était encore en Galilée. Il faut, disait-Il, que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’Il soit crucifié le troisième jour. Et elles se souvinrent des paroles de Jésus. Et étant sorties du sépulcre avec crainte et avec une grande joie, elles coururent porter cette nouvelle aux onze apôtres et à tous les autres disciples.

Cet exemple nous montre qu’une dévotion constante envers le Sauveur mérite un surcroît de grâces et de consolations célestes. Ces pieuses femmes ne virent d’abord qu’un seul ange ; mais continuant à chercher le corps de Jésus, elles en virent deux qui leur tinrent le même langage que le premier et les confirmèrent dans la foi par ce doux reproche : Pourquoi persistez-vous à chercher parmi les morts celui qui est vivant et ressuscité ? Nous voyons de plus que les anges ont coutume de nous rappeler les paroles de Notre-Seigneur, et qu’ils s’en servent pour nous instruire, pour nous consoler, pour affermir notre foi, pour ranimer notre espérance, pour enflammer notre charité, en un mot, pour nous rendre dignes de voir Jésus glorifié.

Anges bienheureux, fidèles gardiens de nos âmes, si vous voyez que la mienne cherche parmi les morts celui qui est vivant, c’est-à-dire, si elle cherche Jésus-Christ parmi les choses périssables de ce monde, reprenez-la, je vous en conjure, et redressez-la, afin qu’elle Le cherche où Il est, dans la terre des vivants : c’est là qu’Il règne avec les siens, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour vous proposer des services ou réaliser des statistiques de visites.