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Lettre de liaison n° 123 (1er juillet 2021)
1re partie : le message de Fatima
Il y a cent ans, le 16 juin 1921, sur proposition de Mgr da Silva qu’elle avait rencontré quelques jours plus tôt, Lucie quittait définitivement Aljustrel pour aller à l’Asilo de Vilar, à Porto. Ce jour-là eut lieu la 7e apparition annoncée par la Sainte Vierge le 13 mai 1917, apparition au cours de laquelle la Sainte Vierge confirma à la petite voyante que telle était bien la volonté de Dieu. Dès lors, commençait réellement pour elle la mission que Notre-Dame lui avait confiée le 13 juin 1917 : « Dieu veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. » Elle la remplit jusqu’à sa mort, survenue le 13 février 2005, autant que ses supérieures le lui permirent.
Depuis sa mort, cet appel s’adresse plus directement à chacun d’entre nous. Pour y répondre, le mieux est de suivre l’exemple de Lucie et de ses cousins. Or comment purent-ils si jeunes pour François et Jacinthe, si longtemps pour Lucie, être fidèles à la mission que le Ciel leur avait confiée ? C’est, en particulier, en méditant les paroles que leur confièrent l’Ange et Notre-Dame. Il n’y aucune raison aujourd’hui de procéder différemment. Nous allons donc reprendre ces paroles en essayant de nous les appliquer. C’est le schéma adopté pour la préparation à la consécration au Cœur Immaculé de Marie proposée par Cap Fatima. Aussi, sera-ce peut-être un peu des redites pour certains. Toutefois, le message de Fatima est si riche, que comme l’Évangile, on peut revenir sans cesse dessus : on découvre toujours de nouveaux aspects. Commençons par le message donné par l’Ange.
L’Ange apparut d’abord trois fois en 1915, sans dire une seule parole. À chaque fois, Lucie était accompagnée de trois autres petites bergères : Teresa et Maria-Rosa Matias et Maria Justina. L’année suivante, il apparut également trois fois, au printemps, à l’été et à l’automne. Lucie était alors accompagnée de ses deux cousins : François et Jacinthe Marto.
L’apparition du printemps 1916
La date de cette apparition n’est pas connue avec exactitude, car les petits voyants n’en ont pas parlé tout de suite et il n’y eut aucun témoin. Dans son 4e mémoire, sœur Lucie explique :
Je ne peux préciser les dates avec exactitude, car à cette époque, je ne savais pas encore compter les années, ni même les mois, ni même les jours de la semaine. Il me semble malgré tout que ce devait être au printemps de 1916 que l’Ange nous apparut la première fois à notre Loca du Cabeço.
(…) Ce jour-là, nous étions montés sur le versant à la recherche d’un abri, et après avoir goûté et prié, nous avons commencé à voir à quelque distance, au-dessus des arbres qui s’étendaient vers l’est, une lumière plus blanche que la neige, ayant la forme d’un jeune homme, lumière transparente, plus brillante qu’un cristal traversé par les rayons du soleil. À mesure que l’apparition s’approchait, nous pouvions mieux distinguer ses traits. [Dans le 2e mémoire, Lucie précise qu’elle avait l’apparence d’un jeune homme de 14 ou 15 ans] Nous étions surpris et à demi absorbés. Nous ne disions mot.
En arrivant près de nous, l’Ange nous dit : « N’ayez pas peur. Je suis l'Ange de la Paix. Priez avec moi. » Et s’agenouillant à terre, il baissa le front jusqu’au sol. Poussés par un mouvement surnaturel, nous l’imitâmes et nous répétâmes les paroles que nous lui entendions prononcer : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas, qui ne Vous aiment pas. »
Après avoir répété cette prière trois fois, il se releva et nous dit : « Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. » Et il disparut.
Reprenons chacune de ces paroles pour essayer d’en tirer quelques réflexions susceptibles de nous aider à « faire connaître et aimer » le Cœur Immaculé de Marie.
« N’ayez pas peur »
L’Ange commença par dire : « N’ayez pas peur ! » Cette première phrase a une résonance nettement évangélique. En effet, la présence d’un ange saisit toujours les témoins de stupeur et la première chose qu’il fait est de rassurer. Lorsqu’un ange apparut à Zacharie pour lui annoncer la naissance de Jean-Baptiste, il lui dit : « Ne crains pas, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Elizabeth te donnera un fils que tu appelleras Jean. » (Luc I, 13) De même, après avoir salué Marie, l’ange Gabriel lui dit : « Ne craignez pas Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. » (Luc I, 30) Aux bergers de Bethléem (Luc II, 10) , l’ange commença par dire : « Ne craignez pas ». Le matin de la Résurrection, l’ange dit aux saintes femmes venues au tombeau : « N’ayez pas peur. » (Mat XXVIII, 5 ; Mc XVI, 6)
Notre Seigneur Lui-même, à plusieurs reprises, employa cette expression, notamment juste après la Transfiguration : « Levez-vous, ne craignez point. » (Mt XVII, 7) ou encore lorsqu’Il marcha sur les eaux du lac de Tibériade : « C'est moi. N'ayez pas peur. » (Jn VI, 20)
À La Salette, Notre-Dame fit de même ; elle commença par dire : « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur ! Je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. » Alors nous aussi, nous ne devons pas avoir peur de ce que nous demande Notre-Dame. Tout envoyé du Ciel ne peut vouloir que notre bien : nous devons avoir confiance et bannir toute forme d’angoisse concernant ce qui nous est demandé.
« Je suis l’Ange de la Paix »
L’Ange donna ensuite son nom, ou plutôt sa fonction : « Je suis l'Ange de la Paix ». Ainsi, les premières paroles qui retentirent à Fatima furent pour nous rappeler l’existence des anges, existence trop souvent oubliée de nos jours. Saint Thomas enseigne que : « les bons anges peuvent être envoyés par Dieu en ministère auprès des hommes, Dieu se servant de leur action auprès des hommes pour promouvoir le bien de ces derniers, ou pour l’exécution de ses conseils à leur endroit ». (Ia, q. 112, a. 1).
L’Ange nous rappelle ainsi l’existence du monde invisible, vérité que nous proclamons chaque fois que nous récitons le Credo. Il nous dit également qu’il y a un ange dont la fonction est la conservation de la paix sur terre. La paix dont il est question ici est nécessairement la paix d’ici-bas ; car au Ciel, il n’y a nullement besoin d’un ange pour préserver la paix puisque nous serons en présence de Dieu. Or, lorsque l’Ange de la Paix apparut à Fatima, la première guerre mondiale faisait rage depuis presque deux ans. Si Dieu l’envoya sur terre dans des circonstances aussi dramatiques, n’était-ce pas justement pour nous indiquer comment faire pour rétablir la paix ? Aujourd’hui, notre monde est toujours en proie aux guerres et aux troubles de toutes sortes. Ne convient-il pas, plus que jamais, de suivre les recommandations que l’Ange de la Paix nous a données il y a maintenant cent ans ? (Nous verrons dans la suite de ses paroles ce qu’il demande.)
« Priez avec moi »
Ensuite l’Ange dit : « Priez avec moi » et il récite une courte prière que les petits voyants répètent avec lui. Il demande aux petits voyants de prier AVEC lui. Un envoyé de Dieu est venu non seulement pour nous enseigner à prier, mais aussi pour prier "avec" nous. Or, nous dit l'Évangile, les anges voient constamment la face de Dieu (Mat XVIII, 10). Est-il possible d'avoir un maître plus autorisé pour nous enseigner à prier ? Pour suivre plus exactement la demande de l’Ange à Fatima, n’oublions jamais d’associer notre ange gardien à nos prière, de bien prier avec lui. Soyons conscient de sa présence auprès de nous, à chaque instant et plus particulièrement lorsque nous prions.
De plus, l’Ange de la Paix est sûrement venu pour nous dire comment obtenir la paix. Or que fait-il ? Il commence par demander aux petits bergers de prier. C’est un point que ne doivent pas oublier tous ceux qui essayent, tant bien que mal, d’œuvrer pour la paix : ils doivent commencer par prier s’ils veulent que leurs actions portent des fruits.
L’attitude de l’Ange
Avant de commencer à réciter la prière qu’il va enseigner aux petits voyants, l’Ange prend d’abord une attitude empreinte d’une profonde humilité : « S’agenouillant à terre, il baissa le front jusqu’au sol ». Il y a là un autre enseignement essentiel : tout ange qu’il est, malgré sa perfection, pour prier il n’hésite pas non seulement à s’agenouiller, mais aussi à baisser le front jusqu’à terre. Quelle humilité alors qu’il « était de lumière » selon l’expression employée par Lucie en réponse à une question du chanoine Barthas ! En effet, devant la majesté infinie de Dieu, la première qualité de la prière est l’humilité. C'est ce qu’enseigne l’Évangile : « Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé » (Lc XIV, 11). C’est ce que chante la Sainte Vierge devant sa cousine Élizabeth : « Il a dispersé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur ; Il a renversé de leur trône les potentats, il a élevé les petits. » (Lc I, 51-52) Et la parabole du pharisien et du publicain l’illustre parfaitement. Ainsi, l’Ange de la Paix vient nous rappeler que, même pour un être aussi parfait qu’un ange, devant la majesté de Dieu, il convient d’adopter une attitude empreinte de la plus grande humilité en s’agenouillant puis en s’inclinant le front jusqu’à terre ! Dès ce moment, les petits pastoureaux l’imiteront. Lucie rapporte dans son 2e mémoire : « Depuis lors, nous restions longtemps prosternés répétant ces prières parfois jusqu’à en tomber de fatigue ». Alors, si nous voulons être fidèles comme Lucie et ses cousins, imitons-les dans leur façon de prier, façon qu’ils apprirent d’un ange du Ciel.
2e partie : Le secret de Fatima
Rappel : Cette partie est réservée à ceux qui ne trouvent pas inutile de réfléchir sur le secret de Fatima et qui acceptent volontiers d’y consacrer un peu de temps.
Dans la lettre de liaison n° 121, nous avons vu que les trois points du secret : l’enfer, les conséquences du péché ici-bas (guerres, persécutions, …) et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie étaient développés dans un discours en quatre parties (on pourrait aussi parler de quatre étapes ou de quatre phases).
La première partie traite de l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs et du moyen voulu par Dieu pour leur éviter d’y tomber. Cette partie aborde deux aspects essentiels du message de Fatima : la préoccupation pour le salut des pécheurs, et le moyen de les convertir. Ces points ayant déjà été développés dans de précédentes lettres de liaison, nous ne reviendrons pas dessus.
La deuxième partie traite d’une première conséquence ici-bas des péchés des hommes, à savoir la guerre à venir : la deuxième guerre mondiale. Comme la précédente, cette partie indique non seulement les conséquences de nos péchés, mais aussi le moyen de les éviter. Ce moyen est toujours la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, et plus particulièrement deux des pratiques de cette dévotion : la communion réparatrice des premiers samedis du mois et la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Une fois de plus, observons la grande cohérence du secret comme de l’ensemble du message de Fatima : la préoccupation essentielle sous-jacente à tout le discours de Notre-Dame est toujours le salut des pécheurs et le moyen pour obtenir leur conversion.
La troisième partie du secret
La troisième partie traite de ce qui se passera ensuite si on ne fait pas ce que demande la Sainte Vierge, c’est-à-dire après la guerre annoncée dans la deuxième partie. En effet, en 1917, Notre-Dame a dit : « Sinon, elle [la Russie] répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »
Le "sinon" du début de cette phrase répond à la phrase précédente : « Pour l’empêcher [la guerre], je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. », demande que Notre-Dame fit explicitement à Tuy le 13 juin 1929, en précisant que le pape devait faire cette consécration uni aux évêques du monde entier. Or la consécration de la Russie telle que demandée par Notre-Dame n’ayant toujours pas été faite, les conséquences annoncées par le "sinon" se sont réalisées petit à petit.
Certes Pie XII a consacré le monde au Cœur Immaculé de Marie et a ainsi obtenu l’écourtement de la guerre. Mais il n’a pas consacré nommément la Russie et n’avait pas demandé aux évêques du monde entier de se joindre à lui. C’est pourquoi sœur Lucie a plusieurs fois affirmé que la consécration n’était pas faite.
Le 28 février 1943, elle écrivit à l’évêque de Gurza : « Le Bon Dieu m’a déjà montré son contentement de l’acte bien qu’incomplet selon son désir, réalisé par le Saint-Père et par plusieurs évêques. Il promet, en retour, de mettre fin bientôt à la guerre. La conversion de la Russie n’est pas pour maintenant ». De même, le 4 mai 1943, elle écrivit au père Gonçalvès : « Il [Notre-Seigneur] promet la fin de la guerre pour bientôt, eu égard à l’acte qu’a daigné faire Sa Sainteté. Mais comme il fut incomplet, la conversion de la Russie sera pour plus tard ». Enfin, le 2 mars 1945, elle confia au père Aparicio : « La consécration de ce pays [la Russie] n'a pas été faite dans les termes demandés par Notre Dame ».
Après la fin des hostilités, sœur Lucie continua à supplier le pape de consacrer la Russie. Comme il ne le fit pas (voir la brochure Très Saint-Père, consacrez la Russie au Cœur Immaculé de Marie), les "erreurs de la Russie" eurent un développement mondial après la deuxième guerre. À partir de 1945, la plupart des pays de l’Europe de l’Est passèrent sous le joug communiste : Yougoslavie, Albanie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, … La Chine tomba en 1949, Cuba au début des années 1960, l’Angola à partir de 1961 et Khrouchtchev alla jusqu’à déclarer l’année 1960, l’An I du communisme. Ce fut ensuite au tour du Chili, du Vietnam, de la Corée, du Cambodge, …
Sœur Lucie l’avait annoncé très clairement. En effet, le 15 juillet 1946, en prévision d’un livre sur Fatima, l’historien William Thomas Walsh put la rencontrer. Voici un extrait de l’échange qu’ils eurent ce jour-là :
— Ce que veut Notre-Dame, c’est que le Saint-Père et tous les évêques consacrent la Russie à son Cœur Immaculé, par une cérémonie spéciale. Si cette consécration se fait, la Sainte Vierge convertira la Russie, et la paix règnera sur le monde. Sinon, les erreurs de la Russie se propageront partout.
— À votre avis, cela signifie-t-il que tous les pays, sans exception, seront conquis par le communisme ?
— Oui.
La Russie a donc répandu ses erreurs dans le monde, lesquelles ont désormais touché pratiquement tous les pays de la planète. Mais que faut-il entendre par les "erreurs de la Russie" ? Il s’agit des principes du matérialisme marxiste, principes énoncés en particulier dans le Manifeste du parti communiste publié par Marx et Engels en 1848. Cette idéologie s’est ensuite développée pendant la deuxième moitié du XIXe siècle ; mais elle ne vit une première réalisation concrète qu’à partir de 1917 : la Russie fut le premier pays à appliquer à la lettre le programme du parti communiste.
Lénine, dès son arrivée au pouvoir, décida une impressionnante série de suppressions : les classes (en particulier la bourgeoisie), le pouvoir établi, la propriété privée, la famille, le mariage, le droit d’éducation des parents, les patries (car un prolétaire n’a pas de patrie), les lois morales, la religion, etc. Il s’agissait ni plus ni moins que de la négation et du remplacement de l’ordre voulu par Dieu. On comprend que Pie XI ait pu écrire que le communisme était « intrinsèquement pervers ». Voilà pourquoi Notre-Dame parla des "erreurs de la Russie". Il ne s’agit pas d’erreurs nées en Russie, mais des erreurs mises en pratique pour la première fois par Lénine en Russie.
Le 25 mars 1984, le pape Jean-Paul II renouvela la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie faite par Pie XII en 1942. Cette consécration eut des fruits analogues : elle eut pour conséquences la chute du mur de Berlin et la fin des persécutions cinq ans plus tard, comme celle faite par Pie XII eut pour conséquence la fin à la guerre deux ans après. Grâce à cette consécration, le communisme sous sa forme politique violente semble mort ou tout au moins fortement amoindri. Mais, toutes les conditions demandées par Notre-Dame n’ayant pas été respectées, la conversion de la Russie n’a pas eu lieu et les "erreurs de la Russie" ont continué à se répandre le monde, entraînant de nouvelles guerres, de nouvelles persécutions et de nouveaux martyres.
Les erreurs de la Russie
Il est intéressant de noter que Notre-Dame a parlé des "erreurs de la Russie" et non pas du communisme, ce qui laisse entendre que ces erreurs peuvent se répandre sous d’autres formes que le communisme soviétique. Et effectivement, même si le communisme n’est plus au pouvoir en Russie, les "erreurs de la Russie" continuent à se répandre d’une autre façon.
La Révolution s’est toujours répandue de deux manières : par la violence d’un côté, par la subversion non violente de l’autre. L’assassinat du Tsar, la terreur, la police politique, la prison, les camps de concentration et les massacres - avec au moins cent millions de victimes - étaient indispensables au début, pour assurer une assise au mouvement qui naissait. De Russie, la révolution s’étendit au "bloc de l'Est", puis à la Chine et à d’autres pays du monde.
Mais en parallèle, se développa une forme culturelle non violente, défendue au début par des personnes comme Antonio Gramsci, puis par l’école de Francfort. La tactique consiste à détruire la résistance morale d'un pays en démolissant par l'intérieur les bases de la civilisation : culture, mode de vie, religion, morale.
Au début, cette méthode a besoin d’une base d’opérations et d’une référence. C’est une des raisons de la prise du pouvoir par la force en Russie. Mais, dès lors qu’une certaine masse critique est atteinte, la contamination peut s’auto-entretenir et même se développer sans le soutien du pays qui lui a servi de modèle. Et c’est bien le cas aujourd’hui : l’esprit général de la civilisation moderne, son style de vie, sa dialectique font que le marxisme se développe immanquablement dans les cœurs et les intelligences, imprégnant petit à petit la société toute entière. Prenons quelques exemples.
L’athéisme : Marx disait : « Le communisme commence dès que commence l’athéisme. » Or l’athéisme est aujourd’hui systématiquement promu dans la quasi-totalité des pays du monde.
La famille et les valeurs morales : Le marxisme prétend réinventer la famille, l'identité sexuelle et la nature humaine au moyen du divorce, de l’avortement, de l’homosexualité, etc. Or, aujourd’hui, nous avons tout cela, et même la GPA, le gender, la libération de la femme, les modes indécentes, …
La propriété privée : Marx avait donné comme piliers de toute société communiste : l’abolition de l'héritage et l’établissement d’un impôt lourd et progressif (laminant la classe moyenne et fragilisant la pérennité de grosses fortunes, interdisant ainsi aux plus aisés d'accéder aux moyens d'une action politique pouvant s'opposer à l'État), la confiscation des biens des rebelles, la centralisation du crédit entre les mains de l'État, la transformation du monde agricole, etc. N’est-ce pas la situation qui se généralise (avec quelques variantes) dans la plupart des pays du monde ?
La culture et l’éducation : Là encore, la marxisation est de plus en plus générale avec le contrôle étatique des écoles et de tout le système éducatif et culturel, sans compter les lois iniques sur la "liberté de la presse" (la liberté de nuire et de détruire étant sans limite, mais celle de dénoncer le mal de plus en plus réduite).
Qui ne voit qu’aujourd’hui, il y a objectivement une marxisation de plus en plus générale de la société, et ceci dans quasiment tous les pays du globe ? Ainsi, non seulement les guerres continuent et les chrétiens sont persécutés, mais les erreurs de la Russie ont envahi le monde, donnant raison à sœur Lucie lorsqu’elle affirmait à William Walsh que « tous les pays, sans exception, seront conquis par le communisme ». On voit, hélas, que la prophétie de la troisième partie du secret continue à se réaliser parfaitement, preuve supplémentaire que la consécration de la Russie, telle que l'a demandé la Sainte Vierge, n'a pas été faite.
Les nations anéanties
Mais, dans cette partie du secret, Notre-Dame ne parle pas seulement des guerres, des persécutions et des martyres qu’entraîneront les "erreurs de la Russie" : elle ajoute : « Plusieurs nations seront anéanties. » Le terme portugais employé, "aniquiladas", est très fort ; il veut dire : supprimé, réduit à néant. Or depuis la fin de la 2e guerre mondiale, quelles nations ont été anéanties ? Certes, à cause du communisme, plusieurs nations, notamment celles derrière le rideau de fer, perdirent toutes leurs libertés, furent martyrisées, voire décimées. Mais ont-elles vraiment été anéanties ? Depuis l’effondrement du mur de Berlin, beaucoup ont retrouvé leur autonomie. On ne peut donc pas vraiment dire qu’après la deuxième guerre mondiale, des nations ont été anéanties. Et de nos jours, si plusieurs régions du globe, comme l’Extrême-Orient ou la Chine, subissent de terribles persécutions ou privations de libertés, tous ces pays existent encore en tant que nations, et il n’est pas possible de dire qu’ils sont anéantis.
Le terme "anéanti" fait plutôt penser à une destruction presque totale, analogue à celle du déluge. Cette interprétation est dans la ligne de ce que, à La Salette, la Sainte Vierge confia à Mélanie : « Jésus‑Christ, par un acte de Sa justice et de Sa grande miséricorde pour les justes, commandera à Ses anges que tous Ses ennemis soient mis à mort. Tout à coup les persécuteurs de l'Église de Jésus-Christ et tous les hommes adonnés au péché périront, et la terre deviendra comme un désert. »
Or les crimes de tous ordres et l’immoralité généralisée ne peuvent qu’attirer un jour ou l’autre la justice divine. Car l’homicide volontaire et le péché impur contre l’ordre de la nature sont parmi les quatre péchés qui crient vengeance devant la face de Dieu, c’est-à-dire que leur iniquité est si grave et si manifeste qu’elle conduit Dieu à les punir par les plus sévères châtiments. Or l’avortement est de plus en plus généralisé dans le monde, jusqu’à devenir un droit. Et le péché contre nature atteint même les plus hauts degrés de la hiérarchie de l’Église.
Toutefois, à La Salette, Notre-Dame poursuit en disant : « Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes ; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié ; la charité fleurira partout. Les nouveaux rois seront le bras droit de la sainte Église, qui sera forte, humble, pieuse, pauvre, zélée et imitatrice des vertus de Jésus-Christ. L'Évangile sera prêché partout, et les hommes feront de grands progrès dans la foi, parce qu'il y aura unité parmi les ouvriers de Jésus-Christ, et que les hommes vivront dans la crainte de Dieu. » La période terrible annoncée par Notre-Dame n’est donc pas la fin du monde, mais une période d’épreuves qui sera suivie d’une période de paix. Mais depuis l’apparition de La Salette, nous n’avons vu la réalisation d’aucune de ces prophéties. En particulier, nous n’avons pas vu la terre comme un désert. Aussi ne peut-on s’empêcher de rapprocher les deux expressions : « La terre deviendra comme un désert » prononcée à La Salette et « Plusieurs nations seront anéanties » prononcée à Fatima.
Les propos de Jean-Paul II le 18 novembre 1980 à Fulda inclinent également à penser dans ce sens. Répondant à un groupe de catholiques allemands lui demandant : « Qu’en est-il du troisième secret de Fatima ? », le pape répondit : « Lorsqu’il est écrit dans un message que les océans envahiront de vastes régions du globe et que, d’un instant à l’autre, des millions de personnes périront, la publication d’un tel message ne devient plus tellement souhaitable. » De quel message parle le pape ? Il ne peut s’agir que du secret de Fatima puisqu’il répondait à une question sur ce sujet. Selon toute vraisemblance, ces propos du pape conduisent à la conclusion que dans, ce qui constitue la quatrième partie du secret (improprement appelé troisième secret), la Sainte Vierge donne quelques précisions sur la façon dont certaines nations seront anéanties. Sinon, ces propos du pape n’ont aucun sens.
Le secret de La Salette donne d’autres indications sur les fléaux à venir. Par exemple : « La terre sera frappée de toutes sortes de plaies (outre la peste et la famine qui seront générales) ». Or, selon d’éminents spécialistes de renommée internationale, la campagne mondiale de vaccination en cours n’est pas sans danger et pourrait entraîner une véritable hécatombe, laquelle pourrait conduire à une désorganisation générale de monde. N’étant pas médecin, nous nous garderons de porter un jugement sur la valeur des prévisions de ces spécialistes. Mais nous ne pouvons nous empêcher de rapprocher ce qu’ils disent des paroles de Notre-Dame à La Salette ou à Fatima.
Nous espérons sincèrement que ces hypothèses ne se réaliseront pas. Et prions pour qu’il en soit ainsi. Dieu est toujours prêt à renoncer aux châtiments annoncés si nous nous corrigeons et obéissons à sa Loi, comme le montre l’histoire de Ninive. Mais si par hasard, dans un proche avenir, ces hypothèses voyaient un début de réalisation, alors souvenons-nous des paroles de Notre-Dame et surtout des demandes qu’elle a formulées pour conjurer les erreurs de la Russie. Quoi qu’il en soit, ne nous désespérons jamais, car comme à La Salette, après cette terrible annonce de pays anéantis, la Sainte Vierge a dit : « À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie et il sera donné au monde un certain temps de paix. »
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus