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En égrenant le chapelet
François Coppée
Prenant le chapelet qui s’use sous mes doigts
Ce soir j’ai récité l’Ave dix fois, vingt fois
Ayant péché, j’étais d’une tristesse amère
Mais simplement, ainsi qu’un fils devant sa mère
Mains jointes, à genoux, les yeux mouillés de larmes
J’ai répété : « Priez pour nous, pauvres pécheurs ! »
Et dans mon cœur, je sens la paix renaître.
Je crois, j’espère en Dieu, je sais qu’il est un maître
Miséricordieux, bon, clément, paternel.
Pourtant il est aussi, sur son trône éternel
Mon juge, et quand je songe à ma vie, il me semble
Que je suis bien souillé, bien coupable et je tremble.
Ma mère, intercédez donc pour moi, s’il vous plait.
Dans le creux de ma main, je vois mon chapelet
Et pour moi ses grains noirs sont comme une semence
Qu’avec un grand espoir je jette au ciel immense.
Chaque Ave va bientôt, miracle merveilleux
S’épanouir aux pieds de la Reine des Cieux
Et suave parfum, ma prière fleurie
Montera doucement vers la Vierge Marie.