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DE TROIS MANIÈRES DE RÉCITER LE SAINT ROSAIRE,
D'ESPRIT ET DE CŒUR, EN JOIGNANT À LA PRIÈRE VOCALE
L'ORAISON MENTALE.

ImprimerTirée des Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.


Comme la prière vocale acquiert une dignité spéciale et une singulière efficacité par l'union à l'oraison mentale, les pieux serviteurs de Marie ont imaginé divers moyens de les unir dans la récitation du Rosaire. Nous en expliquerons trois qui sont également utiles, afin que chacun puisse choisir celui qui sera le plus en rapport avec son attrait intérieur. Il sera même bon d'employer tantôt l'un, et tantôt l'autre, pour éviter le dégoût par cette sainte variété.

Avant de commencer à prier, il faut élever le cœur à Dieu présent, et après avoir adoré humblement sa Majesté, lui demander la grâce de réciter le Rosaire d'une manière qui lui soit agréable. Nous lui offrirons toutes les paroles que nous allons dire, toutes nos pensées, nos affections et nos désirs, que nous dirigerons à ces quatre intentions :

  • de le glorifier comme il le mérite, et d'honorer la Vierge notre Dame comme elle en est digne ;
  • de lui rendre grâces des bienfaits que nous avons reçus de sa libéralité infinie ;
  • de satisfaire pour nos péchés et pour les négligences que nous avons commises dans son service ;
  • d'obtenir enfin de sa bonté les vertus qui nous manquent, et les grâces dont nous avons besoin pour le mieux servir dans la suite.

Si nous désirons offrir la récitation du Rosaire pour d'autres nécessités, soit de l'Église soit de quelque personne vivante ou défunte, nous tournerons de ce côté notre attention. Quant aux quatre fins générales de la prière, à savoir : glorifier Dieu comme Être souverain, le remercier de ses bienfaits, satisfaire pour les péchés, obtenir les vertus chrétiennes, rien ne nous empêche de les séparer. Ainsi en disant le Rosaire pour un autre, nous pouvons lui appliquer la satisfaction et nous réserver tout le reste, sans lui porter préjudice.

Cette offrande achevée, je réciterai posément dix Ave Maria, et un Pater noster. Je ne me contenterai pas d'apporter aux paroles une attention matérielle, pour ne pas me tromper ; je réfléchirai encore au sens qu'elles renferment, ou à la personne à qui elles s'adressent, c'est-à-dire à Dieu ou à la Vierge. Or, bien que Marie soit dans le ciel, je saurai qu'elle entend tout ce que je lui dis et que par conséquent, je puis lui parler comme si elle était devant moi. Après avoir terminé une dizaine, je ferai une courte méditation en l'une des trois manières suivantes.

I. – Méditer les paroles de la Salutation Angélique

Cette première manière consiste à faire quelque pieuse réflexion sur les paroles de l'Ave Maria. Il fait pour cela diviser la Salutation Angélique en six ou sept paroles et en prendre une, après chaque dizaine, pour la méditer.

  • Après la première dizaine du Rosaire ou du Chapelet, je méditerai cette parole : Je vous salue, Marie ; et je réfléchirai sur les grandeurs qui sont renfermées dans ce nom si doux.
  • Après la seconde, je méditerai sur la seconde parole : Pleine de grâce, pensant à la surabondance de grâces et de vertus dont cette auguste Vierge est remplie.
  • Après la troisième, je pèserai cette troisième parole : Le Seigneur est avec vous.
  • Après la quatrième, celle-ci : Vous êtes bénie entre toutes les femmes.
  • Après la cinquième, cette autre : Et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Je m'occuperai ici des excellences du saint nom de Jésus, et des bénédictions célestes dont il est pour nous la source.
  • Après la sixième dizaine, je méditerai la sixième parole : Sainte Marie, Mère de Dieu, en pensant à la grandeur incomparable de cette dignité, et aux privilèges qui y sont attachés.

Enfin, je considérerai, à la dernière parole : Priez pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort, l'efficacité de l'intercession de Marie, le besoin que j'en ai en tout temps et que j'en aurai surtout à ma dernière heure ; je me figurerai avec quelle ferveur je m'efforcerai alors de prononcer cette invocation, et, autant qu'il me sera possible, je la ferai maintenant avec la même dévotion.

Je donnerai de la vie à cette courte méditation par divers sentiments, soit envers Dieu, soit envers Marie. J'admirerai les grandeurs et les vertus de la Reine du ciel ; je me réjouirai des biens qu'elle possède ; je glorifierai le Seigneur de qui elle les tient ; j'exciterai en moi des désirs de l'imiter et je la féliciterai de son bonheur en lui adressant de nouveau cette parole : Je vous salue. Il faut la répéter à chaque membre de phrase de l'Ave, et dire très affectueusement : Je vous salue, bénie entre toutes les créatures ; je vous salue, pleine de grâce, de charité, d'humilité ; je vous salue, vous qui avez Dieu avec vous, vous dont Jésus est le très aimant et très aimé fils, et ainsi de suite. Je terminerai en demandant les vertus que j'aurai remarquées dans la Vierge, et en général tout ce qui me manque. Je m'adresserai tantôt à Jésus par l'entremise de Marie, tantôt à Marie afin qu'elle m'obtienne de son divin Fils l'objet de mes demandes, tantôt au Père et au Saint-Esprit.

On peut méditer de la même façon sur le Pater noster, en prenant après chaque dizaine du Rosaire, pour sujet de considération, une des sept demandes de l'Oraison dominicale. Il sera également utile de méditer, à la fin de chaque dizaine, un ou deux des dix versets qui composent le cantique Magnificat.

II. – Méditer les quinze mystères du Rosaire

La seconde manière, qui est la plus ordinaire, est de méditer, à la fin [NDLR : ou au début] de chaque dizaine, sur les principaux mystères de la vie de Notre-Seigneur et de sa sainte Mère. On les divise en trois ordres.

Le premier comprend les mystères joyeux, c'est-à-dire ceux qui furent pour Marie un sujet de consolation et d'allégresse ; comme l'Annonciation, la Visitation, la Naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sa Présentation au temple, enfin, Jésus retrouvé après trois jours au milieu des docteurs.

Le second ordre contient les mystères douloureux. On leur donne ce nom, parce qu'ils furent l'occasion de douleurs navrantes et multipliées pour notre divin Sauveur et pour sa très pure Mère, soit qu'elle y assistait en personne, ou que d'autres lui rapportaient ce qui s'y était passé. Ces mystères sont l'Oraison de Jésus au jardin des Olives, accompagnée d'une tristesse mortelle et d'une sueur de sang, la Flagellation, le Couronnement d'épines, le Portement de croix, le Crucifiement.

Le troisième ordre est composé des mystères glorieux, dans lesquels la gloire de Jésus et de Marie se manifeste avec plus d'éclat. Ce sont la Résurrection et l'Ascension de Jésus-Christ, la Descente du Saint-Esprit sur les apôtres, l'Assomption de la Vierge et son Couronnement dans le ciel.

Ces observations préliminaires supposées, nous disons qu'il faut, après [NDLR : ou avant] chaque dizaine du Rosaire, faire trois choses.

La première est de se mettre devant les yeux un de ces mystères, ou du moins quelqu'une des principales circonstances, et de considérer brièvement les grandeurs et les perfections de Jésus et de Marie qui y éclatent ; on remarquera ce qu'ils font ou ce qu'ils souffrent, combien est grande leur joie ou leur douleur ou leur gloire, quelles vertus ils pratiquent, quel avantage il en revient à tous les hommes en général et à nous en particulier, quelles raisons nous avons de nous en réjouir ou de nous en affliger ou de nous en faire un sujet de gloire. On emploiera à cette méditation plus ou moins de temps, selon que l'on aura plus ou moins de dévotion et de loisir.

Mais on ne manquera pas de passer à la seconde chose, plus importante que la première et qui consiste à exciter la volonté et à lui faire produire des affections de joie ou de douleur, conformément à la nature du mystère. Ces affections seront accompagnées de colloques tendres et respectueux avec Jésus, avec Marie ou avec quelqu'une des trois Personnes de la très sainte Trinité.

Si c'est un mystère joyeux, comme celui de l'Incarnation, je puis faire ces actes avec pause, avec un sentiment de joie intérieure, disant :

Je vous rends grâces, ô Père éternel, de ce que vous avez voulu que votre Fils bien-aimé se fasse homme pour nous. Je me réjouis de la bonté, de la charité et de la miséricorde infinies que vous avez manifestées dans cette œuvre si au-dessus de toutes nos pensées. Puissent toutes les créatures douées de raison vous en remercier et vous en glorifier ! Ô Verbe divin, je vous rends grâces de ce que vous avez choisi la très pure Vierge Marie pour Méré, et de ce que vous daigné vous faire petit enfant dans son sein virginal. Ô Vierge sainte, je me réjouis du choix que le Ciel a fait de vous pour être la Mère de Dieu même, et je prends part à la joie dont votre âme fut inondée lorsque l’archange saint Gabriel vous apporta cette heureuse nouvelle. Je me réjouis encore de la prudence, de l’amour pour la chasteté, de l’humilité et de la soumission que vous fîtes paraître dans cette circonstance. Puissé-je participer à vos Joies et imiter vos vertus ! Obtenez-moi cette grâce, ô ma Mère, afin que je vous serve comme je le désire, avec plus de fidélité et de ferveur que jamais.

S'il s'agit d'un mystère douloureux, on produira des actes de compassion et de douleur. Par exemple, en considérant Jésus au jardin de Gethsémani, je pourrai dire :

Je vous rends grâces, ô Père éternel, de ce que vous avez voulu que votre Fils unique ait à souffrir, pour expier toutes mes offenses, une si cruelle agonie. Ô mon Sauveur, avec quelle douleur je vous vois ainsi triste et affligé, répandant une sueur de sang pour me laver de mes péchés ! Ô péchés abominables qui causent à Dieu même une si étrange affliction ! Oh ! que je voudrais n'avoir jamais offensé mon Seigneur et n'avoir pas été la cause de ce tourment inouï ! Je regrette, oui, je regrette, ô mon souverain Maître, d'avoir péché contre vous. Ah ! si ma douleur était aussi vive que la vôtre, je verserais des larmes, en voyant couler votre sang divin. Oh ! Vierge sainte, quel ne fut pas l'excès de votre douleur lorsque vous avez su ce que votre adorable Fils avait souffert dans le Jardin ! Quelle affliction vous causèrent mes fautes à la pensée de la tristesse qu'elles avaient causée à votre Fils béni ! Priez-le de me rendre participant de ses douleurs et des vôtres. C'est moi qui suis le coupable ; il est juste que je subisse le châtiment dû à mes révoltes contre la majesté infinie de mon Dieu.

On pourra de la même manière faire différents colloques et exciter en soi divers sentiments affectueux sur tous les autres mystères.

La troisième chose qu'il convient de faire, c'est de représenter à Jésus-Christ notre Seigneur et à Marie sa Mère l'extrême misère à laquelle nous sommes réduits et les afflictions que nous éprouvons, et de leur en demander le remède. Nous alléguerons pour l'obtenir la joie ou la douleur qu'ils ressentent dans le mystère que nous méditons et nous prendrons la résolution d'imiter quelque vertu de la bienheureuse Vierge.

Si quelqu'un, faute de temps ou pour toute autre raison, n'a pas l'intention de s'arrêter beaucoup à méditer les mystères, il faut au moins qu'il s'en remette un dans la mémoire après [NDLR : ou avant] chaque dizaine et qu'il fasse à Notre-Dame une courte prière à peu près en ces termes :

Je me réjouis, ô Vierge sainte, de la joie dont votre âme fut comblée en ce mystère ; je vous conjure, par cette même joie, de m'obtenir le pardon de mes offenses et la grâce d'imiter vos vertus.

Si c'est un mystère douloureux, ou glorieux, on dira :

Ô Vierge sainte, je suis vivement touché de votre douleur ; ou, j'ai une extrême joie de votre gloire ; je vous supplie par cette douleur ou, par cette gloire, de m'obtenir de votre divin Fils la rémission de mes nombreux péchés et la grâce d'imiter selon mon pouvoir vos admirables vertus.

Après un temps plus ou moins long d'oraison mentale sur un mystère, on continuera la prière vocale en récitant une autre dizaine. Si on se sent encore pénétré des bons sentiments que l'on a éprouvés, il ne faut pas craindre de s'y laisser aller ; car de semblables affections ne sont nullement opposées à l'attention que l'on doit apporter à la prière vocale ; elles l'aident au contraire et la perfectionnent grandement.

Enfin, après la récitation du Rosaire ou du Chapelet, j'examinerai brièvement comment je me suis acquitté de ce pieux exercice. Je m'exciterai au regret des distractions volontaires et des autres négligences dont je me reconnaîtrai coupable ; je remercierai Dieu des sentiments de piété qu'il m'aura inspirés ; puis, je me proposerai de payer à la Vierge le même tribut le jour suivant, avec plus de ferveur et de dévotion.

Il reste à faire une dernière remarque. Quoique les mystères du Rosaire se réduisent ordinairement aux quinze que nous avons nommés, il est cependant permis d'en choisir quelquefois d'autres analogues. On peut, par exemple, introduire parmi les mystères joyeux, la conception de Notre-Dame, sa nativité, sa présentation au temple, la circoncision de l'Enfant Jésus, l'adoration des Mages, la fuite en Égypte et le retour en Judée. On peut de même ranger parmi les mystères douloureux la prise de Jésus au jardin des Oliviers, le soufflet qu'il reçut chez Anne, les peines et les affronts qu'il endura chez Caïphe durant la nuit de sa Passion, le traitement ignominieux qu'il subit de la part d'Hérode et la confusion qu'il eut de se voir préférer Barabbas. On peut enfin prendre quelquefois pour sujet de méditation les sept paroles que le Sauveur prononça sur la croix et en considérer une à la fin de chaque dizaine, en réfléchissant aux sentiments de sa très sainte Mère en cette circonstance.

III. – Méditer les vertus de la Sainte Vierge

La principale manière de témoigner notre dévotion envers l'auguste Mère de Dieu, c'est d'imiter ses vertus héroïques. Il est donc extrêmement important de les méditer, ce que l'on pourra faire de la manière suivante, en récitant le Rosaire. Après la première dizaine je réfléchirai sur son humilité, après la seconde, sur sa pureté, après la troisième sur son obéissance, puis sur sa patience, sa charité et ainsi des autres, considérant trois choses.

Premièrement, les actes héroïques qu'elle a pratiqués de telle ou de telle vertu. Je me rappellerai, pour les bien comprendre. J'admirerai son incomparable sainteté ; je m'en réjouirai, je glorifierai celui qui en est la source, je contemplerai avec transport la gloire qui en est la récompense.

Secondement, je remarquerai qu'au lieu d'avoir la vertu sur laquelle je réfléchis, je tombe souvent dans des fautes et des défauts contraires. Je m'efforcerai d'en concevoir de la douleur ; je prierai Marie de m'obtenir le pardon du passé, et la grâce de me corriger à l'avenir.

Troisièmement, je prendrai sérieusement la résolution d'imiter la sainte Vierge en quelque point particulier, avec la confiance que cette pieuse Mère m'aidera à exécuter ce bon dessein.

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