Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917
  • Affichages : 1223

Méditation pour le 2e mystère glorieux

ImprimerMéditation sur le 2e mystère glorieux
Tirée de La bonne mort ou considérations sur les vérités éternelles
de saint Alphonse de Liguori, docteur de l’Église

Nota : Le deuxième mystère glorieux a pour fruit : le désir du Ciel. C’est pourquoi, en ce premier samedi du mois, il est proposé de méditer sur le désir du Ciel.

Le désir du Ciel
(29e considération)

Efforçons-nous, tant que nous sommes ici-bas, de supporter avec patience les misères de cette vie ; offrons-les à Dieu, en les unissant aux peines que Jésus-Christ endura pour notre amour, et soutenons notre courage par l'espérance du Paradis. Elles finiront un jour toutes ces angoisses, ces douleurs, ces persécutions, ces craintes ; et, après avoir servi à notre salut, elles serviront à notre joie et à notre félicité dans le royaume des Bienheureux. Votre tristesse, dit Jésus-Christ pour nous inspirer du courage, votre tristesse se changera en joie (Jean, XVI, 20). Essayons donc aujourd'hui de comprendre un peu ce qu'est le ciel.

PREMIER POINT

Les délices du Paradis dépassent toutes nos idées
Entrée d'une âme dans le bienheureux séjour

Mais que dire du ciel, puisque, parmi les Saints, ceux mêmes qui furent favorisés des plus hautes lumières n'ont pu nous donner une idée des délices que Dieu réserve à ses serviteurs ?

Tout ce que David a pu dire, c'est que le ciel lui paraissait un bien infiniment désirable : Que vos tabernacles sont aimables, ô Dieu des vertus (Ps. LXXXIII, 2) ! Mais vous du moins, grand Apôtre, vous qui avez eu le bonheur d'être ravi dans le ciel, et d'en contempler la beauté, dites-nous quelque chose de ce vous avez vu. Non, répond l'Apôtre, ce que j'ai vu, il ne m'est pas possible de le faire entendre. Elles sont si grandes les délices du Paradis ; ce sont des choses si mystérieuses que personne ne peut les expliquer (II Cor., XII, 4), à moins d'en jouir. Voici, ajoute l'Apôtre, tout ce que je puis vous en dire : L'œil n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, il n'est point monté dans le cœur de l'homme ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (I Cor., II, 9). Non, personne ici-bas n'a vu, personne n'a entendu, personne ne s'est imaginé quelles beautés, quelles harmonies, quelles félicités Dieu tient en réserve pour ses fidèles serviteurs. Nous ne pouvons pas parvenir maintenant à comprendre tous les biens du Paradis, et cela par la raison que nous n'avons ici-bas que l'idée des biens de ce monde. Si de vils animaux, des chevaux par exemple, doués pour un instant d'intelligence, apprenaient que leur maître, à l'occasion de ses noces, prépare un grand festin, ils ne s'imagineraient pas qu'on dût présenter aux convives autre choses, sinon de la paille, de l'avoine et de l'orge aussi bonnes que possible ; car les chevaux n'ont l'idée d'aucune autre nourriture. Ainsi raisonnent les hommes à l'égard des biens du Paradis.

Il fait beau s'arrêter, pendant une nuit d'été, à regarder le ciel parsemé d'étoiles ; il est délicieux, au printemps, de se trouver sur le bord de la mer et de considérer, à travers ses eaux tranquilles, les rochers couverts de verdure et les poissons qui prennent leurs ébats ; on est ravi de contempler un jardin où abondent les fruits et les fleurs, où jaillissent partout de rafraîchissantes fontaines, où voltigent et chantent à l'envi toutes sortes d'oiseaux ! Quel paradis, s'écrie-t-on ! Eh quoi ! cela le paradis, le ciel ! Ah ! qu'il y a loin de là aux biens du Paradis ! Pour entrevoir un peu ,ce qu'est le ciel ; il faut se représenter un Dieu tout-puissant, occupé à combler de délices les âmes qui lui sont chères. Voulez-vous savoir ce qu'il y a dans le ciel ? dit saint Bernard. Eh bien ! dans le ciel « il n'y a rien de ce qui déplaît et il y a tout ce qui plaît ».

Ô Dieu, quels sentiments éprouve une âme à son entrée dans ce bienheureux royaume ! Représentons-nous cette jeune personne, ce jeune homme, parvenus au terme d'une existence qu'ils ont consacré à l'amour ,de Jésus-Christ. La mort arrive ; l'âme quitte cette terre et elle se présente au tribunal de, Dieu, son juge l'embrasse et lui déclare qu'elle est sauvée. L'Ange Gardien s'empresse de venir lui adresser ses félicitations ; elle-même remercié des services qu'il lui a rendus ; puis il s'écrie : Allons, réjouissons-nous, âme chérie ; vous voilà sauvée ; venez contempler la face de votre Seigneur.

Mais déjà l'âme plane par-dessus nuées, les sphères, les étoiles, et voici qu'elle entre dans le Ciel. Ô Dieu ! que dira-t-elle : en touchant pour la première fois le seuil de la bienheureuse patrie et en jetant son premier regard sur cette cité de délices ! Les Anges et les Saints viendront à sa rencontre avec des transports de joie pour lui souhaiter la bienvenue. Quelle consolation de trouver parmi eux ses parents, ses amis entrés avant elle au Paradis ! Quelle joie aussi de voir tous ses saints Patrons ! Volontiers elle fléchirait le genou devant eux pour les vénérer. Mais, lui diront les Saints , gardez-vous de le faire, car nous ne sommes comme vous que des serviteurs (Apoc., XXII, 9).

Ensuite, on la conduit baiser les pieds de Marie, la Reine du ciel. Quelle tendresse n'éprouve pas l'âme quand ses yeux se fixent pour la première fois sur cette divine Mère, qui l'aida si puissamment à se sauver ! Alors en effet elle connaît toutes les grâces dont elle fut redevable à l'intercession de Marie. Et après lui avoir donné un baiser plein d'amour, la Reine du ciel elle-même la conduit vers Jésus. Jésus la reçoit comme son épouse. Venez du Liban, lui dit-il, venez, mon épouse, et soyez couronnée (Cant., IV, 8). Réjouissez-vous, ô mon épouse ; les larmes, les craintes sont passées ; recevez la couronne éternelle que je vous ai acquise au prix de mon sang. Enfin Jésus-Christ la présente lui-même à son Père céleste pour qu'il la bénisse. Et Dieu la bénit ; en l'embrassant, avec amour : Entrez, lui dit-il, dans la joie de votre Seigneur (Mat., XXV, 21), et il la rend heureuse de son propre bonheur.

AFFECTIONS ET PRIÈRES

Voici à vos pieds, ô mon Dieu ! un ingrat que vous avez créé pour le ciel, mais qui tant de fois et avec tant d'audace y renonça pour de misérables plaisirs et qui s'est ainsi, de gaieté de cœur, condamné à l'enfer. Mais déjà, j'en ai la confiance, vous m'avez pardonné toutes les injures que je vous ai faites. C'est toujours avec une nouvelle douleur que je me repens et que je veux m'en repenti jusqu'à ma mort ; et vous, je veux que toujours aussi vous m'en accordiez de nouveau le pardon.

Et pourtant, ô mon Dieu, bien que vous m'ayez déjà pardonné, toujours il sera vrai que j'ai eu le cœur de vous affliger, vous mon Rédempteur, qui, pour me donner une place dans votre royaume, avez donné votre vie. Mais que votre miséricorde soit éternellement louée et bénie, ô mon Jésus, de m'avoir supporté avec une si grande patience d'avoir multiplié à mon égard non pas les châtiments, mais les grâces, les lumières, les appels ! Je le vois, mon bien-aimé Rédempteur, vous voulez véritablement que je me sauve ; vous voulez que j'aille dans votre royaume vous aimer éternellement ; mais vous voulez que d'abord je vous aime ici-bas. Oh ! oui, je veux vous aimer.

Quand bien même il n'y aurait pas de paradis, je n'en veux pas moins, tant que je vivrai, vous aimer de toute mon âme, de toutes mes forces. Il me suffit de savoir que vous, ô mon Dieu, vous désirez que je vous aime. Ô mon Jésus, aidez-moi de votre grâce et ne m'abandonnez pas. Mon âme est immortelle : je suis donc dans l'alternative de vous aimer ou de vous haïr à jamais. Ah ! je veux éternellement vous aimer et je veux vous aimer beaucoup en cette vie pour vous aimer beaucoup dans l'autre. Disposez de moi comme il vous plaît ; punissez-moi maintenant, comme vous le voulez ; pourvu que vous ne me priviez pas de votre amour, faites de moi tout ce qu'il vous plaît. Ô mon Jésus, vos mérites sont mon espérance.

Ô Marie, je me confie entièrement en votre intercession. Vous, m'avez délivré de l'enfer, quand j'étais dans le péché ; maintenant que je veux servir Dieu, c'est à vous de me faire arriver au salut et à la sainteté.

DEUXIÈME POINT

Au ciel plus de souffrances ; réunions de tous les biens

Voilà donc l'âme entrée dans la béatitude de Dieu. Désormais, elle est à l'abri de tout, souffrance. « Car, dit saint Bernard, dans le ciel il n'y a rien qui déplaise. » Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et il n'y aura plus de mort, plus de deuil, plus de cris, plus de douleur ; car le premier état est passé. Alors, celui qui était assis sur le trône dit : Voici que je vais faire toutes choses nouvelles (Apoc., XXI, 4).

Dans le ciel, il n'y a plus ni maladies, ni pauvreté, ni incommodités ; on n'y connaît plus toutes ces vicissitudes, de jours et de nuits, de froid et de chaleur ; il y règne un jour d'une inaltérable, sérénité et un printemps toujours également délicieux. Là, plus de persécutions, ni de jalousies ; dans ce royaume de l'amour, tous s'aiment tendrement et chacun se réjouit du bonheur des autres comme de son propre bonheur. Là, plus de crainte parce que l'âme, confirmée en grâce, ne peut plus pécher ni perdre son. Dieu.

Voici que je vais faire toutes choses nouvelles. Tout y est nouveau et tout y est de nature à réjouir et à consoler les bienheureux. « Il y a là, dit saint Bernard, tout ce qui plaît. »

Dans le ciel, la vue jouira du ravissant spectacle que présente la cité d'une beauté parfaite (Thren., II, 15). Quel charme on éprouverait à parcourir une ville dont le cristal formerait le pavé et dont les palais, tous d'argent, seraient, garnis de lambris d'or et ornés de guirlandes de fleurs. Plus belle, beaucoup plus belle est la cité céleste ! Quelle joie encore de voir tous les élus, décorés des insignes de la royauté ; tous en effet sont rois, comme dit saint Augustin : « autant de citoyens, autant de rois. » Et que sera-ce donc de voir Marie, plus belle à elle seule que tout le Paradis ! Que sera-ce surtout de voir l'Agneau divin, Jésus, l'époux des âmes, puisqu'une de ses mains, à peine entrevue, suffit pour ravir d'admiration l'âme de sainte Thérèse ?

Pour la satisfaction de l'odorat, quels parfums que les parfums du paradis ! Et pour l'ouïe, quelles harmonies que les harmonies célestes ! Si saint François d'Assise pensa mourir de joie un jour qu'un Ange lui fit entendre une seule note sur un instrument de musique, quelle joie ce sera d'entendre tous les Saints et tous les Anges chanter en chœur les louanges de Dieu ! Ils vous loueront, Seigneur, s'écrie le Psalmiste, dans toute la durée des siècles (Ps. LXXXIII, 5). Et surtout quelle joie d'entendre Marie exalter la gloire de Dieu ! « La voix de Marie est dans le ciel, dit saint François de Sales, ce qu'est dans une forêt la voix du rossignol dont le chant surpasse celui de tous les autres oiseaux. » Bref, là sont réunies toutes les jouissances qu'on peut désirer.

Mais la réunion de toutes ces délices ne constitue que la moindre partie du ciel. Ce qui fait vraiment le ciel, c'est le souverain Bien, c'est Dieu lui-même. Deux syllabes nous suffisent, dit saint Augustin, pour exprimer tout ce que nous attendons : Deus, Dieu ! (In I. Jo, tr. 4). Au-dessus de ces beautés, de ces harmonies et de tous les autres délices que le Seigneur promet de nous donner en récompense, la principale béatitude de la cité céleste, c'est Dieu, c'est de voir et d'aimer Dieu face à face. Moi-même, dit le Seigneur au patriarche Abraham, je serai ta récompense infiniment grande (Gen., xv, 1). Saint Augustin assure que, si Dieu se faisait seulement voir aux damnés, l'enfer serait converti sur-le-champ en un délicieux paradis (De tripl. habit., c. 4). Il ajoute que si une âme, au sortir de cette vie, avait le choix ou bien d'être en enfer, mais de telle sorte qu'elle y verrait Dieu, ou bien d'être préservée de l'enfer, mais sans voir Dieu, elle choisirait les peines de l'enfer avec la vision de Dieu.

Impossible que nous comprenions en cette vie quelle joie c'est de voir et d'aimer Dieu face à face. Toutefois, nous pouvons nous en former quelque idée par ce que nous savons de l'amour divin. Et de fait, tel est son charme que, même ici-bas, il a parfois soulevé de terre non seulement l'âme, mais même le corps des Saints. Saint Philippe de Néri s'éleva un jour en l'air avec le siège auquel il avait voulu se retenir. On vit une fois saint Pierre d'Alcantara se soulever de terre avec l'arbre qu'il tenait embrassé et qui fut déraciné. Sachons en outre que les saints martyrs, au milieu de leurs supplices, tressaillaient de joie, enivrés qu'ils étaient des douceurs de l'amour divin. Au plus fort de ses tourments, saint Vincent parlait avec une telle liberté d'esprit qu'il semblait, remarque saint Augustin, « qu'un autre souffrit et qu'un autre parlât » (Serm. 275, E.). Saint Laurent, étendu sur son gril ardent, insultait, au bourreau. « Tourne-moi, lui disait-il, et mange. » Ainsi, remarque encore saint Augustin, Laurent ne sent pas même les ardeurs de la flamme ; car il est embrasé d'un autre feu, du feu de l'amour divin (Serin. 206, app., E. B.).

Ici-bas, quelle consolation ne goûte pas le pauvre pécheur, rien qu'à pleurer ses péchés ! « Ah ! Seigneur, disait saint Bernard, s'il est si doux de pleurer à cause de vous, que sera-ce donc de jouir de vous ? » (Scat. claustr., c. 6). Quelle suavité n'éprouve pas une âme, lorsque, éclairée d'un rayon de la lumière divine, elle découvre dans l'oraison la bonté de Dieu, ses miséricordes envers elle, l'amour que lui a porté et que lui porte toujours Jésus-Christ ! L'âme alors se sent toute consumée et défaillante d'amour. Et pourtant, en cette vie, nous ne voyons pas Dieu clairement et comme Il est. Nous voyons maintenant, dit saint Paul, à travers un miroir, en énigme ; mais alors nous verrons face à face (I Cor., XIII, 12). Pour le moment, nous avons un bandeau devant les yeux ; et Dieu de son côté, se dérobant derrière le voile de la foi, ne se montre pas à nos regards. Mais que sera-ce quand le bandeau tombera de nos yeux et que, le voile disparaissant, nous verrons Dieu face à face. ? Alors nous admirons combien Dieu est beau, combien il est grand, combien il est juste, combien il est parfait, combien il est aimable et combien il nous aime.

AFFECTIONS ET PRIÈRES

Malheureux que je suis ! Je vous ai abandonné, ô mon souverain Bien, et j'ai renoncé à votre amour. Je méritais donc de ne jamais vous voir et de ne jamais vous aimer. Mais vous, ô mon Jésus, vous avez eu pitié de moi, au point que, n'ayant aucune pitié de vous-même, vous vous êtes condamné à mourir de douleur et dans un océan d'ignominies sur un infâme gibet. Votre mort me fait donc espérer qu'un jour j'aurai la joie de contempler votre face et que, dès lors, je vous aimerai de toutes mes forces.

Mais maintenant que je suis en danger de vous perdre pour toujours, maintenant que je sais vous avoir déjà perdu par mes péchés, que ferai-je pendant le temps qu'il me reste à vivre ? Continuerai-je donc à vous offenser ? Non, ô mon Jésus : je déteste autant que je le peux les offenses dont je me suis rendu coupable envers vous. Grande, aussi grande que possible est ma douleur de vous avoir outragé, et c'est de tout mon cœur que je vous aime. Repousserez-vous une âme qui se repent et qui vous aime ? Non ; car, ô mon bien-aimé Rédempteur, je sais que vous avez dit : Celui qui vient plein de repentir se jeter à mes pieds, je ne le rejetterai pas (Jo., VI, 37). Mon Jésus, je quitte tout et je reviens à vous ; je me jette dans vos bras et je vous presse sur mon cœur : à votre tour, ouvrez-moi vos bras et recevez-moi sur votre cœur. J'ose tenir ce langage, parce que je parle et que je m'adresse à une Bonté infinie ; je m'adresse à un Dieu, qui mit son bonheur à mourir par amour pour moi. Ô mon bien-aimé Sauveur, donnez-moi la persévérance dans votre amour.

Ô ma bien-aimée mère Marie, au nom du grand amour que vous portez à Jésus-Christ, obtenez-moi cette grâce de la persévérance. Ainsi j'espère ; ainsi soit-il.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour vous proposer des services ou réaliser des statistiques de visites.