Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917

L’enfer

L’enfer est un point qui l’impressionna tout particulièrement, en particulier son éternité. Voici ce que dit Lucie dans son premier mémoire :

Jacinthe restait assise sur sa pierre d’un air pensif et demanda : « Cette Dame nous a dit aussi que beaucoup d’âmes allaient en enfer. Qu’est-ce que c’est l’enfer ? – C’est une fosse d’animaux et une fournaise très grande (c’est ainsi que me l’expliquait ma mère) et c’est là que vont les pécheurs qui ne se confessent pas. Ils restent là toujours à brûler ! – Et ils ne sortent plus jamais de là ? – Non ! – Et après plusieurs, plusieurs années... – Non. L’enfer ne finit jamais. – Et le Ciel non plus ? – Qui va au Ciel n’en sort plus jamais. – Et qui va en enfer non plus ? – Ne vois-tu pas qu’ils sont éternels, qu’ils ne finissent jamais ! » Nous fîmes alors, pour la première fois, la méditation de l’enfer et de l’éternité.
Ce qui impressionnait le plus Jacinthe était l’éternité. Même jouant, de temps en temps, elle demandait : « Mais voyons, alors après tant et tant d’années, l’enfer ne finira pas encore ? » Et d’autres fois: « Et ces gens qui sont là, à brûler, ne meurent pas ? Ils ne deviennent pas cendres ? Et si nous prions beaucoup pour les pécheurs, Notre Seigneur ne les délivrera pas ? Et avec les sacrifices non plus ? Oh ! Les pauvres ! Il nous faut beaucoup prier et faire des sacrifices pour eux. »

Et dans son troisième mémoire, Lucie dit :

D’autres fois, elle demandait : « Comment se fait-il que Notre Dame ne montre pas l’enfer aux pécheurs ? S’ils le voyaient, ils ne pécheraient plus pour ne pas y aller. Tu dois dire à cette Dame de montrer l’enfer à tous ces gens (elle voulait parler de ceux qui se trouvaient à la Cova da Iria au moment de l’apparition). Tu verras qu’ils se convertiront ! »

La guerre

Le deuxième point qui marqua profondément Jacinthe fut la guerre. Elle y pensait également très souvent.

Un jour, j’allai à sa maison pour rester un peu avec elle. Je la trouvais assise sur son lit, très pensive : « Jacinthe, à quoi penses-tu ? – À la guerre qui va venir. Tant de gens qui vont mourir. Et presque tous vont en enfer ! Beaucoup de maisons seront détruites et beaucoup de prêtres tués. (…) Au Ciel je prierai beaucoup pour toi, pour le Saint-Père, pour le Portugal, pour que la guerre ne vienne pas jusqu’ici et aussi pour tous les prêtres. »
(…)
Elle était très impressionnée par certaines choses révélées dans le secret. Ainsi, la vision de l’enfer, la disgrâce de tant d’âmes qui y vont, la guerre future, dont les horreurs lui paraissaient présentes. Cela la faisait trembler de peur. Lorsque je la voyais très pensive je lui demandais : « Jacinthe à quoi penses-tu ? » Et très souvent elle me répondait : « À cette guerre qui va venir, à tous les gens qui vont mourir et qui vont aller en enfer. Quel dommage ! S’ils cessaient d’offenser Dieu il n’y aurait pas de guerre, et ils n’iraient pas en enfer ! » (3e mémoire)

Les persécutions contre le Saint-Père

Le troisième point qui marqua Jacinthe fut les persécutions contre le Saint-Père au point qu’elle fit elle-même un ajout à l’une des prières enseignées par Notre-Dame.

Deux prêtres vinrent nous interroger et nous recommandèrent de prier pour le Saint-Père. Jacinthe demanda qui était le Saint-Père. Ces bons prêtres nous expliquèrent qui il était, et combien il avait besoin de prières. Jacinthe ressentit tant d’amour envers le Saint-Père que, chaque fois qu’elle offrait ses sacrifices à Jésus, elle ajoutait : « Et pour le Saint-Père. » Après le chapelet, elle disait toujours trois Ave Maria pour le Saint-Père. (1er mémoire)

Outre l’apparition du 13 juillet 1917 dans laquelle Notre-Dame leur parla des persécutions contre le Saint-Père, Jacinthe eut des visions du Saint-Père.

Un jour (…) Jacinthe m’appela. « – N’as-tu pas vu le Saint-Père ? – Non. – Je ne sais comment cela s’est fait, j’ai vu le Saint-Père dans une très grande maison, agenouillé devant une table, la tête dans les mains et pleurant. Au dehors, il y avait beaucoup de gens et certains lui jetaient des pierres, d’autres le maudissaient et lui disaient beaucoup de vilaines paroles. Pauvre Saint-Père ! Nous devons beaucoup prier pour lui ! »
( …)
Un jour, deux prêtres nous recommandèrent la prière pour le Saint-Père et nous expliquèrent qui était le Pape. Jacinthe me demanda ensuite : « Est-ce le même que j’ai vu pleurer et dont cette Dame nous a parlé dans le secret ? – C’est lui, répondis-je. – Sûrement que cette Dame l’a aussi montré à ces prêtres ! Tu vois, je ne me suis pas trompée. Il faut beaucoup prier pour lui. » (3e mémoire)

Le salut des pécheurs par l’intercession de Cœur Immaculé de Marie

Ces trois points qui marquèrent si fortement Jacinthe, imprimèrent en elle une pensée dominante : obtenir le salut des pécheurs par l’intercession du Cœur Immaculé de Marie. Pour cela, elle suivait assidument les demandes de l’Ange et Notre-Dame, à savoir, la prière et les sacrifices. En particulier, elle répondait parfaitement à cette phrase de Notre-Dame dans l’apparition du 19 août 1917 : « Beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'elles n'ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

La prière

Si Notre-Dame demanda à François de réciter beaucoup de chapelets, Jacinthe fut surtout attirée par les oraisons jaculatoires en particulier celles que lui apprit Notre-Dame : « Ô mon Jésus, … » en y ajoutant « … et pour le Saint-Père. » Lucie rapporte plusieurs occasions où elle priait et faisait prier à son frère et sa cousine.

Jacinthe s’asseyait souvent par terre ou sur quelque pierre, et pensive, commençait à dire : « Oh l’enfer ! Oh l’enfer ! Que j’ai pitié des âmes qui vont en enfer ! Et les personnes qui sont là, vivantes, à brûler comme du bois dans le feu ! » Et, à demi tremblante, elle s’agenouillait, les mains jointes, pour réciter la prière que Notre Dame nous avait apprise : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer, conduisez au Paradis toutes les âmes surtout celles qui en ont le plus besoin. »
(…)
De temps en temps, elle m’appelait ou appelait son frère (comme si elle s’éveillait d’un songe) : « François, François, vous priez avec moi ? Il faut beaucoup prier pour sauver les âmes de l’enfer ! Il y en a tant qui vont là-bas ! tant ! » (3e mémoire)

Les sacrifices pour la conversion des pécheurs et pour le Saint-Père

Jacinthe prit tellement à cœur les sacrifices pour la conversion des pécheurs qu’elle ne laissait passer aucune occasion d’en faire. Lucie dit qu’elle « semblait infatigable dans la pratique du sacrifice ».  

La vision de l’enfer l’avait horrifiée à un tel point que toutes les pénitences et les mortifications lui semblaient être insuffisantes pour arriver à préserver quelques âmes de l’enfer. (3e mémoire)

Les sacrifices qu’elle faisait étaient de trois ordres.

Tout d’abord, elle se privait volontairement de choses légitimes. Par exemple, elle renonça à son passe-temps favori, la danse ; elle refusait de jouer.

Lorsque nous arrivâmes au pâturage, Jacinthe, ce jour-là, s’assit pensive sur une pierre : « Jacinthe, viens jouer. – Je ne veux pas jouer aujourd’hui. – Pourquoi ne veux-tu pas jouer ? – Parce que je suis en train de penser. Cette Dame nous a dit de dire le chapelet et de faire des sacrifices pour la conversion des pécheurs. »
(…)
Je donnai la cruche à François et lui dis de boire : « Je ne veux pas boire, répondit-il. – Pourquoi ? – Je veux souffrir pour la conversion des pécheurs. – Toi, Jacinthe, bois. – Moi aussi je veux offrir le sacrifice pour les pécheurs. »
(...)
Une autre fois, ma tante nous appela pour manger des figues. (…) Jacinthe prit la première pour commencer à manger ; soudain elle se souvint et elle dit : « C’est vrai, aujourd’hui nous n’avons fait encore aucun sacrifice pour les pécheurs, il vaut mieux faire celui-là. » (1er mémoire)

Ensuite, elle s’infligeait de petites souffrances physiques comme se frotter avec des orties, porter une corde rugueuse autour de la taille, manger de choses amères, …

Jacinthe eut l’idée que nous pourrions plutôt manger ceux [les glands] des chênes pour faire le sacrifice de manger quelque chose d’amer. (...) Jacinthe prenait cela comme un de ses sacrifices habituels. Elle cueillait les glands des chênes ou les olives des oliviers. Je lui dis un jour : « Jacinthe, ne mange pas cela, c’est trop amer. – C’est parce que c’est amer que je le mange pour convertir les pécheurs. » (1er mémoire)

Jacinthe, en cueillant des herbes, prit, sans le vouloir, des orties avec lesquelles elle se piqua. En sentant la douleur, elle serra davantage les mains et nous dit : « Regardez ! regardez encore une autre chose avec laquelle nous pouvons nous mortifier ! » Depuis lors, nous prîmes l’habitude de nous donner de temps en temps des coups sur les jambes avec des orties, afin d’offrir à Dieu ce sacrifice en plus. (2e mémoire)

Et non seulement elle faisait des sacrifices, mais elle incitait sa cousine et son frère à ne pas oublier d’offrir les leurs.

Jacinthe demandait : « As-tu déjà dit à Jésus que c’était pour son amour ? » Si je lui répondais "non"... « Alors, je le Lui dirai, moi. » Joignant les mains, elle levait les yeux au ciel et disait : « Ô Jésus, c’est pour votre amour et pour la conversion des pécheurs. » (1er mémoire)

Enfin elle supporta héroïquement toutes les souffrances de sa maladie, sans jamais se plaindre, les offrant toutes pour la conversion des pécheurs. Sa plus grande souffrance fut la révélation de Notre-Dame qu’elle mourrait seule, séparée de sa famille. Elle offrit ce très grand sacrifice en disant : « Ô Jésus ! Maintenant vous pouvez convertir bien des pécheurs, parce que c’est vraiment un grand sacrifice. »

Les mémoires de Lucie sont ainsi émaillés d’exemples de ce genre. D’où lui venait la force d’une attitude étonnamment héroïque pour une petite fille de 7 ans ? Voici comment Lucie l’explique :

Comment se fait-il que Jacinthe, si petite, ait pu être possédée d’un tel esprit de mortification et de pénitence ? Il me semble que ce fut d’abord par une grâce spéciale que Dieu a voulu lui accorder par l’intermédiaire du Cœur Immaculé de Marie, mais aussi parce qu’elle a vu l’enfer et le malheur des âmes qui y tombent. Certaines personnes, même pieuses, n’aiment pas parler aux enfants de l’enfer, afin de ne pas les effrayer. Mais Dieu n’a pas hésité à le montrer à trois enfants, dont l’une avait à peine six ans et Il savait bien qu’elle en serait horrifiée, au point de se consumer de frayeur, j’ose le dire. (3e mémoire)

Ainsi Jacinthe nous montre qu’avec de simples actions, nous pouvons sauver des pécheurs de l’enfer. En cela, elle est une fidèle image de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui, sans sortir de son couvent, obtint la conversion de Pranzini juste avant son exécution.

François et Jacinthe répondirent donc de façon différente aux paroles de Notre-Dame. François n’avait qu’une idée : prier Notre-Seigneur pour le consoler. Quant à Jacinthe, sa préoccupation permanente était le salut des pécheurs. En quelque sorte, François répondait à la première partie de la première prière de l’Ange : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et de je vous aime » et Jacinthe à la deuxième partie : « et je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas ».

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie
Yves de Lassus

Complément pour ceux qui souhaitent
approfondir la question du secret

(Partie déconseillée à ceux qui trouvent les lettres de liaison trop longues
ou l’étude du secret sans intérêt)

Sœur Lucie ayant dit qu’il n’y avait qu’un seul secret, celui-ci forme donc un tout et il n’est pas possible de le couper en morceaux ou d’en laisser tomber une partie, si on veut pouvoir bien le comprendre. De plus, une telle attitude reviendrait à dire que certaines paroles de Notre-Dame sont inutiles, ce qui est inacceptable.
Il y a trois documents constitutifs du secret : les troisième et quatrième mémoires rédigés en 1941 et le texte rédigé en janvier 1944 puis remis à Mgr da Silva dans une enveloppe cachetée à la cire en juin suivant. Nous avons vu que, hormis une phrase ajoutée, les textes des troisième et quatrième mémoires sont quasiment identiques (voir lettre de liaison n° 113).

Concernant le texte des mémoires, il n’y a guère de discussion. Il y a toutefois un point curieux : la plupart des experts de Fatima disent que le secret comporte trois parties : 1) la vision de l’enfer, 2) les paroles de Notre Dame révélées par sœur Lucie dans ses troisième et quatrième mémoires, 3) la fin du secret mis par écrit en janvier 1944. Ce découpage est logique. Il a cependant un gros défaut : il ne correspond pas à ce qu’a dit sœur Lucie. Tout d’abord sœur Lucie ne parle pas de trois parties mais de trois choses, "coisas" en portugais. Voici ce qu’elle dit dans son troisième mémoire : « Le secret comprend trois choses distinctes, et j’en dévoilerai deux. (O segredo consta de três coisas distintas, duas das quais vou revelar.) » Ensuite elle continue en disant : « La première fut la vision de l’Enfer. (…) La deuxième fut la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. »
D’autres experts disent que le secret comprend trois points : 1) la vision de l’enfer, 2) les guerres et les persécutions contre le Saint-Père, 3) l’objet du texte de janvier 1944. Ce découpage est là aussi non conforme à ce que dit sœur Lucie. En effet, les guerres et les persécutions contre le Saint-Père ne peuvent être mises ni dans le premier point qui concerne l’enfer, ni dans le second qui concerne la dévotion au Cœur Immaculé, elles font donc nécessairement partie du troisième point. Et c’est bien ce à quoi conduit une analyse de la structure du texte du secret :

Structure secret

Ainsi disposé, on voit clairement que la guerre et les persécutions contre l’Église et le Saint-Père font indéniablement partie du troisième point. Les experts qui affirment que les guerres et les persécutions contre l’Église constituent un point du secret ne se trompent donc pas complètement. Simplement ils font partie du troisième point et non pas du deuxième.

Et Jacinthe l’avait parfaitement compris. Elle voyait d’une part les conséquences du péché : l’enfer dans l’au-delà, les guerres et les persécutions contre l’Église ici-bas ; d’autre part le remède : la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. On le voit : tout est parfaitement lié et cohérent. La principale raison de la venue de Notre-Dame est de nous sensibiliser au salut des pécheurs, point central du message de Fatima. Pour cela, la Sainte Vierge nous rappelle les conséquences du péché et le moyen voulu par Dieu pour nous en éloigner et ainsi nous sauver.

On constate aussi qu’on en connaît beaucoup sur ce troisième point. D’une certaine façon, il est même plus détaillé que le deuxième car, dans la version française présentée ici,  il emploie 511 lettres contre 434 pour le deuxième point. Il est donc faux de dire qu’on ne connaît pas le troisième point du secret. Et d’ailleurs, lorsqu’on demanda sœur Lucie de révéler le troisième point, elle répondit que ce n’était pas nécessaire puisqu’elle l’avait déjà fait. Dans La vérité sur le secret de Fatima, le père Alonso rapporte qu’elle « se plaignait en disant qu’il [le reste du secret] n’était pas nécessaire [de le dire] parce qu’elle l’avait déjà dit avec clarté ailleurs ». Et quelques pages plus loin, le père Alonso parle « d’une certaine phrase de Lucie se plaignant de ce qu’il [le reste du secret] n’était pas nécessaire de l’écrire puisque d’une certaine façon, elle l’avait dit ».

On comprend aussi pourquoi sœur Lucie n’a pas parlé de "parties". En effet, le deuxième et le troisième points sont complètement imbriqués. Le tableau montre clairement l’enchaînement : 1er élément du 2e point suivi d'un 1er élément du 3e point ; puis 2e élément du 2e point suivi du 2e élément du 3e point ; enfin 3e élément du 2e point suivi de la phrase : « Au Portugal, … » qui est très probablement le début d’un 3e élément du 3e point. Dès lors, il est impossible de parler de parties. Et si sœur Lucie veut révéler le 2e point, elle est bien obligée de révéler des parties du 3e puisqu’elles sont imbriquées dans le 2e.

La structure des points du secret est également très instructive. Dans le deuxième point, on voit trois propositions, comprenant à chaque fois une demande de Notre-Dame suivie des fruits qu’elle promet si on fait ce qu’elle demande. Les deux premières propositions sont conditionnelles (« Si l’on fait ce que je vais vous dire », « Si l’on écoute mes demandes »), la troisième est affirmative (« Mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie »). À chaque fois, les fruits sont la conversion des pécheurs ou de la Russie, et la paix. Le mot "paix" qui figure trois fois dans le secret, ne se trouve que dans le deuxième point, de même que la notion de salut des âmes ou de conversion.
La même unité se retrouve dans le troisième point : il n’y est question que de châtiments : guerres, nations anéanties, persécutions contre l’Église et le Saint-Père, martyres des bons. Autrement dit, ce sont des malheurs dans les domaines politiques et religieux. Et ces châtiments sont la conséquence de nos péchés.

On voit ainsi une parfaite cohérence de l’ensemble du secret autour du salut des pécheurs. Or ce point est le point central du message de Fatima. Toutes les interventions de la Sainte Vierge ou de l’Ange ont eu essentiellement pour but de nous inciter à prier et faire des sacrifices pour la conversion des pécheurs. Sœur Lucie elle-même l’affirma à plusieurs reprises.
Dans un entretien avec un dominicain américain, le père Thomas McGlynn qui voulait sculpter une statue de Notre-Dame de Fatima, sur une question demandant en quoi consistait le message de Fatima, sœur Lucie répondit : « La conversion des pécheurs, et le retour des âmes à Dieu. Cette idée a été répétée dans toutes les apparitions ; c’est pourquoi je considère que c’est l’essentiel du message. »
Le 29 mars 1942, elle écrivit à un séminariste : « C’est une très grande nécessité de sauver les âmes, beaucoup d’âmes, de réparer pour tant et de si nombreux péchés qui sont en train d’attirer sur nous tant et de si nombreux châtiments. »
Et dans son troisième mémoire, elle définissait ainsi sa mission : « Je crois que Dieu a voulu seulement se servir de moi pour rappeler au monde la nécessité qu’il y a d’éviter le péché, de réparer les offenses envers Dieu par la prière et la pénitence. »

Le père Alonso est arrivé à une conclusion semblable :

Il s’agit toujours d’un but surnaturel et religieux : le salut des âmes. Fatima n’intervient pas dans les événements politico-belliqueux sinon comme fond historique de "son" histoire de salut. Il s’agit aussi, et surtout, de l’intercession du Cœur Immaculé de Marie qui est proposée comme signe de salut dans les "derniers temps".

Le secret peut donc se schématiser ainsi : Notre-Dame vient nous rappeler l’urgente nécessité de nous préoccuper du salut des pécheurs. Pour cela elle rappelle les dramatiques conséquences du péché : les désordres dans les domaines politique et religieux ici-bas (3e point), la damnation éternelle dans l’au-delà (1er point), et le moyen donné par Dieu pour notre époque pour se convertir et éviter ces conséquences si catastrophiques (2e point). Il est donc tout à fait inexact de dire, comme l’ont fait certains, qu’on ne connaît pas le 3e point du secret. Il est parfaitement connu depuis la publication du troisième mémoire de sœur Lucie, c’est-à-dire depuis août 1941. Relire le troisième mémoire avec en tête ce schéma du secret rend cette relecture particulièrement lumineuse.

Et tous les écrits de sœur Lucie confirment cette analyse, en premier lieu la compréhension que Jacinthe eut du secret, tel que Lucie l’a rapportée dans son troisième mémoire, mais aussi dans tout ce qu’elle a dit ou écrit ultérieurement. Par exemple elle confia au père Fuèntes le 26 décembre 1957 :

La Sainte Vierge a donné une efficacité nouvelle à la récitation du rosaire. Il n’y aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se référant à la vie personnelle de chacun d’entre nous, de nos familles, des familles du monde ou des communautés religieuses, ou bien de la vie des peuples et des nations, il n’y aucun problème, dis-je, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du saint rosaire.

C’est parfaitement clair : la récitation quotidienne du chapelet qui est une demande insistante de Notre-Dame, nous apportera la résolution de tous les problèmes d’ordre temporel ou spirituel, c’est-à-dire les malheurs ou catastrophes dans les domaines politiques et religieux.

Ainsi, le secret contient l’essence du message de Fatima et le résume parfaitement. Il est donc important de bien le comprendre, de l’intégrer dans l’analyse du message de Fatima, car c’est la Sainte Vierge elle-même qui l’a fait le 13 juillet 1917.
Et le troisième point tel qu’il vient d’être défini, s’intègre parfaitement dans l’ensemble du message. Comment sœur Lucie l’aurait-elle défini si elle avait  accepté de le faire : les conséquences terrestres du péché ? les châtiments mérités par nos péchés ? les punitions divines qui arriveront si on ne fait ce que demande la Sainte Vierge ? Nous ne savons pas ; mais les écrits de sœur Lucie ne laissent aucun doute : c’est bien l’essence de ce troisième point. De ce point de vue, la vision diffusée par le Vatican le 26 juin 2000 en est une bonne illustration.

Dans les prochaines lettres, nous essayerons de comprendre pourquoi Notre-Dame a voulu que cette partie soit tenue secrète un certain temps et ce que l’on peut tirer d’une analyse plus approfondie du troisième point tel qu’il est rapporté dans les troisième et quatrième mémoires.

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