Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917

La Sainte Vierge reprit presque mot pour mot une demande de l’Ange l’année précédente. Cette demande était adressée aux trois petits voyants. Mais, elle concerna plus particulièrement à Lucie, car ayant eu une vie plus longue que ses deux petits cousins, elle eut plus d’occasions de la mettre en pratique.

Des trois voyants, Lucie est sûrement celle qui souffrit le plus au début. En effet, autant François et Jacinthe furent soutenus par leur famille, autant toute la famille de Lucie se ligua contre elle. Les apparitions devinrent une source de souffrances et d’humiliations d’autant plus douloureuses qu’elles venaient de ceux qu’elle aimait le plus : sa propre famille et ses anciennes amies qui, pour la plupart, préférèrent suivre les avis négatifs du curé de la paroisse. Elle fut continuellement accusée de mentir : « À côté des personnes qui m’admiraient et me prenaient pour une sainte, il y en avait toujours d’autres qui m’injuriaient, qui m’appelaient hypocrite, visionnaire et sorcière. Le Bon Dieu mettait du sel dans l’eau afin qu’elle ne se corrompe pas. »
Quatre ans après les apparitions, sur proposition de Mgr da Silva qui craignait que la curiosité dont elle était involontairement l’objet n’ait à la longue une influence néfaste sur elle, Lucie fut placée en pension à l'Asilo de Vilar, à Porto, se trouvant dès lors complètement séparée de sa famille alors qu’elle avait à peine 14 ans. Pendant quatre ans, elle dut même abandonner son identité pour vivre sous un nom d’emprunt, Maria das Dores, avec l’interdiction de parler des apparitions. Cette séparation complète de sa famille et cet empêchement de remplir la mission que lui avait confiée Notre-Dame fut une grande souffrance. En particulier, elle ne savait rien de ce qui se passait dans sa famille, à Aljustrel. Un de ses directeurs déclara : « Je ne l’ai vu pleurer qu’une fois et c’était quand elle pensait à sa famille. »
Ensuite, une fois entrée dans la vie religieuse, tout d’abord chez les sœurs de sainte Dorothée, puis au carmel de Coïmbra, elle connut d’autres épreuves. Ainsi, à partir de 1955, et surtout à partir de 1960, le Vatican lui interdit d’écrire sur les apparitions et de recevoir des visites, y compris de ses anciens confesseurs. Et cette interdiction fut maintenue jusqu’à sa mort, ce qui fait que pendant plus de la moitié de sa vie, elle fut empêchée de remplir sa mission par ceux-là même qui auraient dû la recevoir.
Elle ne connut pas la dure épreuve de la maladie et la douleur de mourir seule à l’hôpital comme Jacinthe, mais elle connut la séparation de sa famille, l’isolement dans son couvent de Coïmbra, … souffrances d’autant plus douloureuses qu’elles venaient souvent de ceux qui auraient dû l’aider ; souffrances qu’elle offrait pour la conversion des pécheurs.

La messagère du Cœur Immaculé de Marie

La mission de Lucie comportait un deuxième volet qui lui fut communiqué par la Sainte Vierge au cours de la deuxième apparition, le 13 juin 1917 :

Jacinthe et François, je les emmènerai bientôt. Mais toi, tu resteras ici pendant un certain temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. (…) — Je vais rester ici toute seule ? — Non, ma fille. Tu souffres beaucoup ? Ne te décourage pas. Je ne t'abandonnerai jamais. Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu.

Toute sa vie, Lucie s’efforça de faire connaître et aimer Notre-Dame en diffusant inlassablement les révélations qu’elle reçut. Elle fut ainsi véritablement la messagère du Cœur Immaculé de Marie. Et elle dut le faire seule. La perspective de cette solitude effraya Lucie. Mais la Sainte Vierge lui promit de l’accompagner, ce qu’elle fit notamment en lui apparaissant plusieurs fois, lui révélant petit à petit tous les aspects de la dévotion à son Cœur Immaculé.
Ainsi, le 16 juin 1921, la veille du jour où elle devait partir à Porto pour entrer à l’Asilo de Vila, elle voulut se rendre une dernière fois à la Cova da Iria. Notre-Dame lui apparut une septième fois, comme elle l’avait annoncé le 13 mai 1917 : « Je suis venue vous demander de venir ici pendant six mois de suite, le 13, à cette même heure. Ensuite, je vous dirai qui je suis et ce que je veux. Après, je reviendrai encore ici une septième fois. » Au cours de cette septième apparition, Notre-Dame lui confirma que la volonté de Dieu était bien qu’elle aille à l’Asilo de Vilar.
L’apparition suivante eut lieu deux ans plus tard :

Après six ans d’épreuves, [c'est-à-dire depuis le printemps 1915, date de la première apparition de l’Ange] le 26 août 1923, Notre-Dame revint me rendre visite. J’entrai alors chez les Filles de Marie. Elle me dit qu’elle était devenue ma vraie mère du ciel à partir du jour où j’avais quitté ma mère de la terre par amour pour elle. Une fois encore, elle me recommanda de prier et de me sacrifier pour les pécheurs, disant qu’un grand nombre sont damnés parce que personne ne prie et ne se sacrifie pour eux.

Notre-Dame lui rappela sa mission en répétant aussi ce qu’elle lui avait dit le 19 août 1917.
En octobre 1925, à l’âge de 18 ans, elle entra comme postulante chez les Sœurs de Sainte Dorothée, à Pontevedra. Peu après, en décembre 1925 et février 1926, elle eut deux apparitions de l’Enfant-Jésus et de Notre-Dame lui demandant de répandre la communion réparatrice des premiers samedis du mois.
Ensuite, il y eut les apparitions de Tuy en décembre 1927, juin 1929 et mai 1930, de Rianjo en 1931. Par la suite, plusieurs fois, Lucie confia à ses confesseurs les communications qu’elle reçut du Ciel.
Ainsi soutenue par les attentions du Ciel, Lucie s’efforça de faire connaître et répandre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie jusqu’à sa mort survenue le 13 février 2005 à près de 98 ans.

La conformité au Cœur Immaculé de Marie

Cette mission conduisit sœur Lucie à approfondir et faire entièrement sienne cette dévotion, en imitant les vertus de la Sainte Vierge. Elle s’efforça de faire que son cœur soit comme un miroir du Cœur Immaculé de Marie. Et toutes les personnes qui l’approchèrent reconnurent qu’elle avait un amour particulier pour la Sainte Vierge.
Lucie est ainsi pour nous un exemple vivant d’une vie entièrement vécue avec le Cœur Immaculé et nous montre comment aller à Jésus en imitant les qualités de Notre-Dame. Voyons comment Lucie mit en pratique certaines de ces qualités.

L’humilité et la simplicité

Toute sa vie, Lucie fut d’une très grande humilité. Comme Notre-Dame qui ne se prévalut jamais du don d’avoir porté le Sauveur du monde, elle ne se prévalut jamais du fait d’avoir vu la Sainte Vierge. Elle aurait pu facilement tirer parti de la situation et donner prise aux inclinations humaines comme l’orgueil, le sentiment d’être privilégiée ou de se sentir meilleure. Ayant une grande autorité morale sur ceux qui l’approchaient, elle aurait pu en profiter pour s’immiscer dans leur vie et les influencer. Elle aurait pu présenter les faits d’une façon qui l’avantageait. N’avait-elle pas été choisie pour voir Notre-Dame ?
Il aurait pu en être ainsi, et Mgr da Silva le craignit. Aussi la fit-il entrer incognito à l’Asilo de Vilar, en lui interdisant de parler des apparitions. Mais heureusement, Lucie ne tomba jamais dans ce travers. Dans tous ses écrits, elle ne se départit jamais de cette humilité. Dans toutes les lettres à sa famille ou à ses confesseurs, dans ses mémoires rédigés à la demande de Mgr da Silva, dans les lettres, qu’à la demande de ses confesseurs, elle dut adresser au pape, elle reste toujours humble, simple, modeste et reconnaissante.
Le rapport d’enquête pour la reconnaissance des apparitions dit d’elle : « Elle s’exprime avec une sérénité, un calme, une simplicité, un accent de fermeté et de conviction si intime, et en même temps avec une humilité si grande, comme s’il s’agissait de choses qui ne la concernaient pas, … »
Dans beaucoup de ses lettres et dans ses mémoires, elle souligne ses limites, demande des prières pour que ni l’orgueil, ni ses goûts personnels ne puissent la faire dévier de sa mission. Et ses supérieures sont unanimes à déclarer que « la plus éclatante de ses vertus était la simplicité avec laquelle elle pratiquait toutes les autres vertus. »

La charité envers le prochain

Lucie n’eut jamais aucun ressentiment envers qui que ce soit. Elle ne critiqua jamais sa mère qui aurait dû être un soutien dans la difficile mission que le Ciel lui avait confié. Pendant tout le temps où sa mère, ne voulant pas croire aux apparitions, se montra dure avec elle, lorsqu’elle l’accablait injustement et avec animosité au lieu de la soutenir et de lui manifester son amour, Lucie n’eut jamais un mot agressif ou un reproche envers elle. Quand elle fut enlevée puis mise en prison avec François et Jacinthe, elle ne méprisa personne. Elle eut de la pitié pour la misère de ceux qui agissaient ainsi et pria de tout son cœur pour leur conversion.
Devant l’incrédulité de la hiérarchie de l’Église et le refus d’accomplir les demandes de Notre-Dame, lorsque les autorités de l’Église allèrent jusqu’à lui interdire de remplir sa mission, elle en eut le cœur brisé, mais ne manifesta jamais de colère ou de désappointement. Au contraire, plus elle réalisait que quelqu’un suivait un mauvais esprit, plus elle priait pour lui.

L’honnêteté et l’amour de la vérité

Bien éduquée par sa mère, Lucie haïssait le mensonge et la malhonnêteté. Aussi se refusa-t-elle toujours au moindre mensonge ou au moindre écart par rapport à la vérité, quelles que puissent être les conséquences pour elle. On le vit notamment lorsque l’administrateur la menaça de la faire mourir si elle ne révélait pas le secret.
Et durant toute sa vie, elle répéta inlassablement les paroles de Notre-Dame, sans en édulcorer le sens, dût-elle en subir des conséquences pénibles, comme l’isolement qui lui fut imposé durant la moitié de sa vie.
Malgré toutes les entraves mises par ses proches ou les autorités religieuses pour accomplir sa mission, malgré le peu de résultats de ses efforts, notamment pour faire consacrer la Russie, elle ne se découragea jamais et continua à dire fidèlement et honnêtement la vérité. Le 20 juin 1939, elle écrivit au père Aparicio :

Notre-Dame a promis de remettre à plus tard le fléau de la guerre si cette dévotion était propagée et pratiquée. Nous la voyons repousser ce châtiment dans la mesure où l’on fait des efforts pour la propager. Mais je crains que nous ne puissions faire davantage que ce que nous faisons, et que Dieu, mécontent, lève le bras de sa miséricorde et laisse le monde être ravagé par ce châtiment qui sera comme il n’y en a jamais eu, horrible, horrible. 

Chaque fois qu’elle rencontrait une difficulté ou essuyait un échec, elle se réfugiait dans le Cœur Immaculé de Marie, comme le lui avait demandé Notre-Dame.

Alors, nous aussi, devant les diverses difficultés que nous rencontrons, réfugions-nous dans le Cœur Immaculé de Marie ; conformons notre cœur au sien. Nous ne pouvons pas dire que nous pratiquons la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et en espérer les fruits si nous négligeons ce point, si nous ne conformons pas notre vie à celle de la Sainte Vierge.

2e partie : le secret de Fatima

Dans la précédente lettre de liaison, nous avons vu que le secret du 13 juillet 1917 comprenait trois points distincts : 1) l’enfer, 2) la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, 3) la guerre et les persécutions contre l’Église. Ces trois points ont un élément commun qui les unit intimement : le salut des pécheurs. Le premier point indique la conséquence du péché dans l’éternité, le troisième point les conséquences du péché ici-bas, et le deuxième point donne le moyen d’éviter ces conséquences : la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.
Devant un tel contenu, immédiatement une question vient à l’esprit : pourquoi la Sainte Vierge a-t-elle demandé de garder le secret sur des points qui, somme toute, font partie de l’enseignement de l’Église depuis fort longtemps ?

En effet, l’existence de l’enfer est un enseignement constant de l’Église puisque c’est un enseignement qu’elle tient de Notre-Seigneur Lui-même. Et tous les bons catéchismes en parlent, comme par exemple de catéchisme de saint Pie X diffusé à peine quelques années avant les apparitions de Fatima.

16. Les méchants qui ne servent pas Dieu et meurent en état de péché mortel, que méritent-ils ?
Les méchants qui ne servent pas Dieu et meurent en état de péché mortel méritent l'enfer.
17. Qu'est-ce que l'enfer ?
L'enfer, c'est la souffrance éternelle, qui consiste dans la privation de Dieu, notre félicité, et dans la peine du feu et de tous les autres maux, sans mélange d'aucun bien.
103. Est-il certain que le paradis et l’enfer existent ?
Il est certain que le paradis et l'enfer existent : Dieu l'a révélé, promettant souvent aux bons la vie et le bonheur éternels, et menaçant les méchants de la perdition et du feu éternels.

De même, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie a été reconnue par l’Église avant 1917. En 1836, l’évêque de Paris, Mgr de Quélen avait autorisé l’abbé Desgenettes, curé de la paroisse Notre-Dame des Victoires, à fonder une Association du Saint et Immaculé Cœur de Marie pour la conversion des pécheurs (voir lettre de liaison n° 18) ; et il était demandé à ses membres de communier le premier samedi du mois.
Le 1er juillet 1905, saint Pie X accorda une indulgence plénière aux douze premiers samedis faits en l’honneur de l’Immaculée Conception. Puis le 13 juin 1912, il approuva officiellement la pratique des premiers samedis du mois et accorda une indulgence plénière applicable aux âmes du purgatoire à tous ceux qui accompliraient des exercices de dévotion en l’honneur du Cœur Immaculé de Marie, en réparation des blasphèmes dont son nom et ses prérogatives sont l’objet.

Enfin, l’Église a toujours enseigné que les guerres et les hérésies étaient la conséquence de nos péchés. L’annonce d’une nouvelle guerre, pour terrible qu’elle soit, n’a pas en soi de raison pour être cachée puisque le monde était déjà en guerre au moment des apparitions. Quant aux persécutions contre l’Église et le Saint Père, il y en eut dès les premiers siècles. Rien que dans le siècle précédent les événements de Fatima, Pie VII fut emprisonné presque cinq ans par l’empereur Napoléon 1er et Pie IX fut dépouillé des états pontificaux.

Ainsi, hormis plusieurs prophéties et quelques précisions sur la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, le secret ne contient rien de véritablement nouveau. Même la demande de consécration de la Russie ne constituait pas une nouveauté, puisque, dans l’histoire, plusieurs pays s’étaient déjà consacrés à la Sainte Vierge. Et Léon XIII avait consacré le genre humain, donc la Russie, au Sacré-Cœur de Jésus en 1899.
Alors pourquoi demander aux petits voyants de garder secrète cette partie du message, surtout si la volonté de Dieu est que la dévotion au Cœur Immaculé de Marie se répande dans le monde ? Pour que les pécheurs se convertissent par ce moyen, il est nécessaire qu’ils sachent en quoi elle consiste. Or au moins deux pratiques importantes de cette dévotion se trouvent dans la partie du message que les voyants doivent garder secrète. Il y a là une apparente contradiction. Comme Dieu ne peut pas se contredire, il y a forcément une raison qu’il est nécessaire de découvrir si on veut bien comprendre le secret.

Cette question a déjà été abordée dans la lettre de liaison n°103 et diverses raisons ont été avancées, notamment celles-ci :

  • Un secret suscite la curiosité et permet de souligner l’importance de ce qu’il contient. Et le secret contribua effectivement à la popularité des apparitions Fatima.
  • Cette partie du message est destinée d’abord à la hiérarchie de l’Église pour lui permettre d’agir sans être influencée. Il est donc nécessaire de ne pas la divulguer avant qu’elle en ait pris connaissance.
  • Dieu veut que les autorités de l'Église demandent humblement à connaître ce secret avant de le leur communiquer, ce que fit Mgr da Silva à partir de 1941.

Toutes ces raisons semblent malgré tout insuffisantes pour justifier de garder secrète une partie déjà en grande partie connue par l’Église et qui, de plus, ne fait que confirmer des décisions papales antérieures. Il y a sûrement une raison plus profonde qui justifie que l’Église reçoive cette information en premier et ensuite ne la diffuse que si elle le juge utile.

L’art de commander fournit probablement une réponse pertinente. Lorsqu’un supérieur souhaite rappeler à un de ses adjoints, lui-même en position d’autorité, des consignes importantes qu’il pourrait avoir tendance à négliger ou oublier, tout en préservant l’autorité de cet adjoint face à ses propres subordonnés, il convient que ces rappels lui soient communiqués de façon discrète, afin d’éviter que ses subordonnés en aient connaissance, laquelle pourrait nuire à son autorité. Ainsi le caractère secret de cette partie du message de Fatima signifierait qu’elle contient des rappels que la Miséricorde divine adresse à la hiérarchie de l’Église pour l’aider à affronter les difficultés à venir ou lui éviter de s’égarer.

Avec le recul du temps, il faut reconnaître que les trois points du secret constituent des rappels particulièrement pertinents, vu les difficultés rencontrées par l’Église et le monde depuis le début du XXe siècle. En effet, suite au modernisme, si vivement condamné par saint Pie X par l’encyclique Pascendi dominici gregis, plusieurs vérités de foi furent petit à petit affaiblies voire occultées. Parmi elles, figurent les trois vérités rappelées dans le secret.

En effet l’existence de l’enfer n’est pratiquement plus rappelée de nos jours. Elle est même niée par certains théologiens qui affirment que, s’il existe, l’enfer est vide. Dans un ouvrage collectif paru en 1978, Des évêques disent la foi de l’Église, les évêques français proposaient les interprétations suivantes :

L’enfer, c’est simplement une manière de parler du Christ adressée à des hommes peu évolués religieusement ; nous avons évolué depuis. (…)
Voir dans l’enfer un châtiment que Dieu infligerait à quelqu’un qui, conscient de ses fautes, ne s’en repentirait pas, est inacceptable. Inacceptable aussi, la peur engendrée par l’enseignement selon lequel, si la mort nous surprend en état de péché mortel, c’est la damnation.

Ensuite, par souci d’œcuménisme, la dévotion envers la Sainte Vierge, et donc envers son Cœur Immaculé, a été souvent édulcorée, tant sur le plan liturgique que dogmatique.
Par exemple, dans le nouveau missel promulgué en 1971, la fête du Cœur Immaculé de Marie (22 août) de fête double de deuxième classe a été réduite à une simple mémoire facultative. Devant les protestations soulevées par une décision aussi scandaleuse, la Congrégation pour le Culte Divin l’éleva au rang de mémoire obligatoire, mais seulement vingt-cinq ans plus tard, en janvier 1996. Et elle refusa de lui rendre son rang initial, alors que, dans une lettre au pape Pie XII, sœur Lucie avait demandé qu’elle soit l’une des principales fêtes de l’Église, demande qui émane très certainement du Ciel, car sœur Lucie n’aurait jamais osé la faire, si elle ne lui avait pas été dictée par le Ciel.
Sur le plan dogmatique, il en est de même : peu avant le concile Vatican II, lors de la discussion du projet de schéma sur la Sainte Vierge par la commission centrale le 20 juin 1962, le cardinal Montini déclara :

La proposition d’un nouveau titre, surtout celui de Médiatrice, à accorder à Marie très Sainte, me paraîtrait inopportune et même damnable. Le terme de médiateur ne doit être attribué uniquement et exclusivement qu’au Christ, selon ce que dit l’apôtre : « Unus est mediator ». L’extension de ce titre ne semble pas favoriser la vraie piété. (…) Il vaut mieux parler de la maternité spirituelle universelle de Marie très sainte, de sa royauté et de sa merveilleuse, très bénigne intercession, mais non de médiation.

Enfin, il n’est pratiquement plus jamais rappelé que la guerre, les cataclysmes ou les persécutions contre l’Église et les chrétiens, les troubles de tous ordres que nous constatons aujourd’hui dans le monde, sont des conséquences de nos péchés et des hérésies. Ces dernières décennies, des réunions d’Assise à l’encyclique Fratelli tutti, les autorités de l’Église ne cherchent plus à obtenir la paix en la demandant à Notre-Dame, mais par une union entre tous les peuples et toutes les religions, union parfaitement illusoire sans la grâce divine depuis le péché originel. Elles ne luttent plus contre les hérésies répandues par les fausses religions, mais au contraire soulignent les parts de vérité qu’elles contiendraient sans jamais rappeler les erreurs souvent mortelles qu’elles promeuvent.

En bref, Dieu rappelle à ceux qui auraient tendance à l’oublier que tout le monde ne va pas au Ciel, que les enterrements ne sont pas nécessairement des « encielments » comme on l’entend de plus en plus souvent. Les pécheurs impénitents vont en enfer et la Sainte Vierge l’a montré aux petits voyants. De plus, nos péchés ont des conséquences dès ici-bas : guerres, famines, persécutions, nations anéanties, … Et le moyen de remédier à tous ces désordres est de demander à Dieu les grâces nécessaires par l’intermédiaire de sa Très Sainte Mère, plus particulièrement par la dévotion à son Cœur Immaculé.
Cette explication donne une grande cohérence à tous les propos ou écrits de sœur Lucie par la suite. Et ce divin rappel, juste avant une période où ces vérités allaient être plus ou moins occultées, est la marque d’une très grande charité. 

 Voilà très probablement la principale raison pour laquelle le Ciel a voulu que cette partie du message de Fatima reste secrète un certain temps : afin que le pape et les évêques puissent en prendre librement connaissance et en tirent des conclusions sur la façon de combattre l’effroyable crise à laquelle l’Église est confrontée. Le secret de Fatima est un avertissement charitable adressé par Dieu à son vicaire. Il lui indique le moyen de régler toutes les difficultés à venir et ainsi obtenir d’une part la conversion des pécheurs, d’autre part la paix dans le monde. Mais pour révéler ce moyen, Dieu attend de ceux qui sont à la tête de l’Église qu’ils demandent humblement à connaître l'avertissement divin. Malheureusement ils ne le firent que très tardivement et n'en tinrent pas toujours compte.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie
Yves de Lassus

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