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Méditation sur le 4e mystère glorieux
Tirée de L’année liturgique
de Dom Prosper Guéranger, osb
L'Assomption de la Très Sainte Vierge au Ciel
« Aujourd'hui la vierge Marie est montée aux cieux ; réjouissez-vous, car elle règne avec le Christ à jamais. » (Antienne de Magnificat aux secondes Vêpres) Ainsi l’Église conclura les chants de cette journée glorieuse ; suave antienne, où se résument l’objet de la fête et l’esprit dans lequel elle doit être célébrée.
Il n’est point de solennité qui respire à la fois comme celle-ci le triomphe et la paix, qui réponde mieux à l’enthousiasme des peuples et à la sérénité des âmes consommées dans l’amour. Certes le triomphe ne fut pas moindre au jour où le Seigneur, sortant du tombeau par sa propre vertu, terrassait l’enfer ; mais dans nos âmes, si subitement tirées de l’abîme des douleurs au surlendemain du Golgotha, la soudaineté de la victoire mêlait comme une sorte de stupeur (Marc. 16, 5) à l’allégresse de ce plus grand des jours. En présence des Anges prosternés, des disciples hésitants, des saintes femmes saisies de tremblement et de crainte (Marc. 16, 8), on eût dit que l’isolement divin du vainqueur de la mort s’imposait à ses plus intimes et les tenait comme Madeleine à distance (Jo. 20, 17).
Dans la mort de Marie[1], nulle impression qui ne soit toute de paix ; nulle cause de cette mort que l’amour. Simple créature, elle ne s’arrache point par elle-même aux liens de l’antique ennemie ; mais, de cette tombe où il ne reste que des fleurs, voyons-la s’élever inondée de délices, appuyée sur son bien-aimé (Cant. 8, 5). Aux acclamations des filles de Sion qui ne cesseront plus de la dire bienheureuse, elle monte entourée des esprits célestes formant des chœurs, louant à l'envi le Fils de Dieu. Plus rien qui, comme au pays des ombres, vienne tempérer l’ineffable éclat de la plus belle des filles d’Ève ; et c’est sans conteste que par-delà les inflexibles Trônes, les Chérubins éblouissants, les Séraphins tout de flammes, elle passe enivrant de parfums la cité bienheureuse. Elle ne s’arrête qu’aux confins mêmes de la Divinité, près du siège d’honneur où le Roi des siècles, son Fils, règne dans la justice et la toute-puissance : c’est là qu’elle aussi est proclamée Reine ; c’est de là qu’elle exercera jusqu'aux siècles sans fin l’universel empire de la clémence et de la bonté.
Cependant, ici-bas, le Liban, Amana, Sanir et Hermon, toutes les montagnes du Cantique sacré (Cant, 4, 8), semblent se disputer l’honneur de l’avoir vue s’élever de leurs sommets vers les cieux ; et véritablement la terre entière n’est plus que le piédestal de sa gloire, comme la lune est son marchepied, le soleil son vêtement, comme les astres des cieux forment sa couronne brillante (Apoc. 12, 1). « Fille de Sion, vous êtes toute belle et suave (Antienne de Magnificat aux premières Vêpres) », s’écrie l’Église, et son ravissement mêle aux chants du triomphe des accents d’une exquise fraîcheur : « Je l’ai vue belle comme la colombe qui s’élève au-dessus des ruisseaux ; ses vêtements exhalaient d’inestimables senteurs, et comme le printemps l’entouraient les roses en fleurs et les lis des vallées. » (Premier Répons des Matines, ex Cant. 5, 12, et Eccli. 50, 8)
Même douce limpidité dans les faits de l’histoire biblique où les interprètes des saints Livres ont vu la figure du triomphe de Marie. Tant que dure ce monde, une loi imposante garde l’entrée du palais éternel : nul n’est admis à contempler, sans déposer son manteau de chair, le Roi des cieux (Esther : 4, 11). Il est pourtant quelqu'un de notre race humiliée, que n’atteint pas le décret terrible : la vraie Esther s’avance par-delà toutes barrières, en sa beauté dépassant toute croyance (Esther. 15, 13, 9 ; 2, 15). Pleine de grâces, elle justifie l’amour dont l’a aimée le véritable Assuérus (Esther. 2, 17) ; mais dans le trajet qui la conduit au redoutable trône du Roi des rois, elle n’entend point rester solitaire : soutenant ses pas, soulevant les plis de son royal vêtement, deux suivantes l’accompagnent (Esther. 15, 5-7), qui sont l’angélique et l’humaine natures, également fières de la saluer pour maîtresse et pour dame, toutes deux aussi participantes de sa gloire.
Si de l’époque de la captivité, où Esther sauva son peuple, nous remontons au temps des grandeurs d’Israël, l’entrée de Notre-Dame en la cité de la paix sans fin nous est représentée par celle de la reine de Saba dans la terrestre Jérusalem. Tandis qu’elle contemple ravie la magnificence du très haut prince qui gouverne en Sion : la pompe de son propre cortège, les incalculables richesses du trésor qui la suit, ses pierres précieuses, ses aromates, plongent dans l’admiration la Ville sainte. Jamais, dit l’Écriture, on ne vit tant et de si excellents parfums que ceux que la reine de Saba offrit au roi Salomon (3 Reg. 10, 1-13 ; 2 Paralipom. 9, 1-12).
La réception faite par le fils de David à Bethsabée sa mère, au troisième livre des Rois, vient achever non moins heureusement d’exprimer le mystère où la piété filiale du vrai Salomon a si grande part en ce jour. Bethsabée venant vers le roi, celui-ci se leva pour aller à sa rencontre, et il lui rendit honneur, et il s’assit sur son trône ; et un trône fut disposé pour la mère du roi, laquelle s’assit à sa droite (3 Reg. 2, 19). Ô Notre-Dame, combien en effet vous dépassez tous les serviteurs, ministres ou amis de Dieu ! « Le jour où Gabriel vint à ma bassesse, vous fait dire saint Éphrem, de servante je fus reine ; et moi, l’esclave de ta divinité, soudain je devins mère de ton humanité, mon Seigneur et mon fils ! Ô fils du Roi, qui m’as faite moi aussi sa fille, ô tout céleste qui introduis aux cieux cette fille de la terre, de quel nom te nommer ? »
Lui-même le Seigneur Christ a répondu ; le Dieu fait homme nous révèle le seul nom qui, en effet, l’exprime pleinement dans sa double nature : il s’appelle LE FILS. Fils de l’homme comme il est Fils de Dieu, il n’a qu’une mère ici-bas, comme il n’a qu’un Père au ciel. Dans l’auguste Trinité il procède du Père en lui restant consubstantiel, ne se distinguant de lui que parce qu’il est Fils, produisant avec lui l’Esprit-Saint comme un seul principe ; dans la mission extérieure qu’il remplit à la gloire de la Trinité sainte, communiquant pour ainsi dire à son humanité les mœurs de sa divinité autant que le comporte la diversité des natures, il ne se sépare en rien de sa mère, et veut l’avoir participante jusque dans l’effusion de l’Esprit-Saint sur toute âme. Ineffable union, fondement des grandeurs dont le triomphe de ce jour est le couronnement pour Marie (…).
« Comme donc le Christ est Seigneur, dit l’ami de saint Bernard, Arnauld de Bonneval, Marie aussi est Dame et souveraine. Quiconque fléchit le genou devant le fils, se prosterne devant la mère. À son seul nom les démons tremblent, les hommes tressaillent, les anges glorifient Dieu. Une est la chair de Marie et du Christ, un leur esprit, un leur amour. Du jour où il lui fut dit Le Seigneur est avec vous, irrévocable en fut la grâce, inséparable l’unité ; et pour parler de la gloire du fils et de la mère, ce n’est pas tant une gloire commune que la même gloire qu’il faut dire. » — « Ô toi la beauté et l’honneur de ta mère, reprend le grand diacre d’Édesse, ainsi l’as-tu parée en toutes manières, celle qui avec d’autres est ta sœur et ton épouse, mais qui seule t’a conçu. »
« Venez donc, ô toute belle, dit Rupert à son tour, vous serez couronnée (Cant. 4, 7-8), au ciel reine des Saints, ici-bas reine de tout royaume. Partout où l’on dira du bien-aimé qu’il a été couronné de gloire et d’honneur, établi prince sur toutes les œuvres du Père (Ps. 8, 6-8), partout aussi on publiera de vous, ô bien-aimée, que vous êtes sa mère, et partant reine de tout domaine où s’étend sa puissance ; et, à cause de cela, les empereurs et les rois vous couronneront de leurs couronnes, et vous consacreront leurs palais. »
« Lorsque le temps vint pour la Bienheureuse Marie de quitter la terre, les Apôtres furent rassemblés de tous les pays ; et ayant connu que l’heure était proche, ils veillaient avec elle. Or le Seigneur Jésus arriva avec ses Anges, et il reçut son âme. Au matin, les Apôtre levèrent son corps et le placèrent dans le tombeau. Et de nouveau vint le Seigneur, et le saint corps fut élevé dans une nuée.
A ce témoignage de notre Grégoire de Tours répondent l’Occident et l’Orient, exaltant « la solennité de la nuit bienheureuse qui vit la Vierge vénérée faire au ciel son entrée triomphante. » « Quelle lumière éclatante perce ses ombres ! » dit saint Jean Damascène ; et il nous montre l’assemblée fidèle se pressant avide, durant la nuit sacrée, pour entendre les louanges de la Mère de Dieu.
Comment Rome, si dévote à Marie, se fût-elle ici laissée vaincre ? Au témoignage de saint Pierre Damien, son peuple entier passait la nuit glorieuse dans la prière, les chants, les visites aux diverses églises ; au dire des privilégiés qu’éclairait la lumière céleste, plus grande encore était, à cette heure bénie, la multitude des âmes délivrées du lieu des tourments par la Reine du monde et visitant elles aussi les sanctuaires consacrés à son nom. Mais la plus imposante des démonstrations de la Ville et du monde était la litanie ou procession mémorable dont l’origine première remonte au pontificat de saint Sergius (687‑701) ; jusque dans la seconde moitié de XVIe siècle, elle ne cessa point d’exprimer, comme Rome seule sait faire, l’auguste visite que reçut de son Fils Notre-Dame au solennel instant de son départ de ce monde.
On sait que deux sanctuaires majeurs représentent dans la Ville éternelle la résidence et comme les palais de la Mère et du Fils : la basilique du Sauveur au Latran, celle de Marie sur l’Esquilin ; comme cette dernière s’honore de posséder le portrait de la Vierge bénie peint par saint Luc, le Latran garde dans un oratoire spécial, saint entre tous, l’image non faite de main d’homme où sont tracés sur bois de cèdre les traits du Sauveur. Or, au matin de la Vigile de sainte Marie, le Pontife suprême accompagné des cardinaux venait nu-pieds découvrir, après sept génuflexions, l’image du Fils de la Vierge. Dans la soirée, tandis que la cloche de l’Ara cœli donnait du Capitole le signal des préparatifs prescrits par les magistrats de la cité, le Seigneur Pape se rendait à Sainte-Marie-Majeure, où il célébrait les premières Vêpres entouré de sa cour. Aux premières heures de nuit, étaient de même chantées au même lieu les Matines à neuf Leçons.
Cependant, une foule plus nombreuse d’instant en instant se presse sur la place du Latran, attendant le retour du Pontife. De toutes parts débouchent les divers corps des arts et métiers, venant sous la conduite de leurs chefs occuper le poste assigné pour chacun. Autour de l’image du Sauveur, en son sanctuaire, se tiennent les douze portiers chargés de sa garde perpétuelle, et tous membres des plus illustres familles ; près d’eux prennent place les représentants du sénat et du peuple romain.
Mais le cortège papal est signalé redescendant l’Esquilin. Partout, quand il paraît, brillent les torches tenues à la main ou portées sur les brancards des corporations. Aidés des diacres, les cardinaux soulèvent sur leurs épaules l’image sainte qui s’avance sous le dais, escortée dans un ordre parfait par l’immense multitude. À travers les rues illuminées et décorées, elle gagne, au chant des psaumes, au son des instruments, l’ancienne voie Triomphale, contourne le Colisée, et, passant sous les arcs de Constantin et de Titus, s’arrête pour une première station sur la voie Sacrée, devant l’église appelée Sainte-Marie Mineure ou la Neuve. Pendant qu’on chante dans cette église, en l’honneur de la Mère, de nouvelles Matines à trois Leçons, des prêtres lavent avec de l’eau parfumée dans un bassin d’argent les pieds du Seigneur son Fils, et répandent sur le peuple cette eau devenue sainte. Puis l’image vénérée se remet en marche et parcourt le Forum au milieu des acclamations, jusqu'à l’église de Saint-Adrien ; d’où revenant gravir les rampes de l’Esquilin par les rues des églises de cette région, Saint-Pierre-aux-Liens, Sainte-Lucie, Saint-Martin-aux-Monts, Sainte-Praxède, elle fait enfin son entrée sur la place de Sainte-Marie-Majeure. Alors redoublent les applaudissements, l’allégresse de cette foule, où tous, hommes, femmes, grands et petits, lisons-nous dans un document de 1462, oubliant la fatigue d’une nuit entière passée sans sommeil, ne se lassent pas jusqu'au matin de visiter, de vénérer le Seigneur et Marie. Dans la glorieuse basilique parée comme une fiancée, le solennel Office des Laudes célèbre la rencontre du Fils et de la Mère, et leur union pour l’éternité.
Le ciel montra souvent par d’insignes miracles la complaisance qu’il prenait à cette manifestation de la foi et de l’amour du peuple romain. Pierre le Vénérable et d’autres irrécusables témoins mentionnent le prodige renouvelé chaque année des torches qui, brûlant toute la nuit, se retrouvaient au lendemain du même poids que la veille. L’an 847, au moment où, présidée par saint Léon IV, la procession passait près de l’église de Sainte-Lucie, un serpent monstrueux, qui d’une caverne voisine terrorisait les habitants, fut mis en fuite sans que depuis lors on le revît jamais ; c’est en souvenir de cette délivrance, que la fête reçut le complément de l’Octave dont jusque-là elle était dépourvue. Quatre siècles plus tard, sous l’héroïque pontificat de Grégoire IXe du nom, le cortège sacré venait de s’arrêter selon l’usage au vestibule de Sainte-Marie-la-Neuve, lorsque des partisans de l’excommunié Frédéric II, occupant non loin la tour des Frangipani, se mirent à crier : « Voici le Sauveur, vienne l’empereur ! » mais soudain la tour s’écroula, les broyant sous ses ruines.
Revenons à l’auguste basilique, où nous rappellent d’autres souvenirs. Une autre nuit nous vit dans son enceinte célébrer joyeux l’enfantement divin. Ineffables harmonies ! C’est donc à l’heure où pour la première fois Marie pressa sur son sein l’Enfant-Dieu dans l’étable, qu’elle s’éveille elle-même dans les bras du Bien-Aimé au plus haut des cieux. L’Église, qui lit en ce mois les Livres de la Sagesse éternelle, est bien inspirée de réserver à cette nuit le Cantique sacré.
L’évêque de Meaux décrit ainsi cette mort : « La divine Vierge rendit son âme sans peine et sans violence entre les mains de son Fils. Il ne fut pas nécessaire que son amour s’efforçât par des mouvements extraordinaires. Comme la plus légère secousse détache de l’arbre un fruit déjà mûr, ainsi fut cueillie cette âme bénie, pour être tout d’un coup transportée au ciel ; ainsi mourut la divine Vierge par un élan de l’amour divin : son âme fut portée au ciel sur une nuée de désirs sacrés. Et c’est ce qui fait dire aux saints Anges : Qui est celle-ci, qui s’élève comme la fumée odoriférante d’une composition de myrrhe et d’encens (Cant : 3, 6) ? Belle et excellente comparaison, qui nous explique admirablement la manière de cette mort heureuse et tranquille. Cette fumée odoriférante que nous voyons s’élever d’une composition de parfums, n’en est pas arrachée par force, ni poussée dehors avec violence : une chaleur douce et tempérée la détache délicatement, et la tourne en une vapeur subtile qui s’élève comme d’elle-même. C’est ainsi que l’âme de la sainte Vierge a été séparée du corps : on n’en a pas ébranlé tous les fondements par une secousse violente ; une divine chaleur l’a détachée doucement du corps, et l’a élevée à son bien aimé. » (BOSSUET, Premier Sermon sur l’Assomption)
Il restait pour quelques heures à notre monde, ce corps sacré « trésor de la terre, en attendant qu’il devînt la merveille des cieux. » (Dom Guéranger, Essai historique sur l’abbaye de Solesmes) Qui nous dira les sentiments des augustes personnages réunis par le Fils de Marie pour rendre à sa Mère en son nom les devoirs suprêmes ? Un illustre témoin, Denys d’Athènes, rappelait à Timothée, présent comme lui alors, les ‘discours qui, de ces cœurs remplis de l’Esprit-Saint, montèrent comme autant d’hymnes à la bonté toute-puissante par laquelle notre faiblesse fut divinisée. Là étaient Jacques, frère du Seigneur, et Pierre le coryphée, et les pontifes ‘du collège sacré, et tous les frères venus pour contempler le corps qui avait donné la Vie et porté Dieu ; entre tous, après les Apôtres, se distinguait le bienheureux Hiérothée, ravi loin de la terre et de lui-même en sublime communion avec l’objet de sa louange, semblant à tous un chantre divin.
Mais l’assemblée de ces hommes en qui régnait la divine lumière, avait compris qu’elle devait suivre jusqu'au bout les intentions de celle qui dans la mort était restée la plus humble des créatures. Porté par les Apôtres, escorté par les Anges du ciel et les saints de la terre, le corps virginal fut conduit de Sion vers la vallée de Gethsémani, où si souvent, depuis l’agonie sanglante, Notre-Dame avait ramené ses pas et son cœur. Une dernière fois, « Pierre, joignant ses mains vénérables, étudie les traits divins de la Mère du Sauveur ; son regard, plein de foi, cherche à découvrir à travers les ombres de la mort, quelques rayons de la gloire dont resplendit déjà la reine des cieux. » Jean, le fils adoptif, jette un long, un dernier et douloureux regard sur le visage si calme et si doux de la Vierge. La tombe se referme ; c’en est fait pour la terre de ce spectacle dont elle n’était plus digne. Plus heureux, les Anges, dont le marbre du monument ne saurait arrêter le regard, veillent près de cette tombe. Ils continuent leurs chants jusqu'à l’heure où, après trois jours, la très sainte âme de la divine Mère étant descendue pour reprendre son corps sacré, ils s’éloignent eux-mêmes en l’accompagnant vers les cieux. Nous aussi donc, en haut les cœurs ! Oublions aujourd'hui notre exil, pour applaudir au triomphe de Marie ; et sachons la rejoindre un jour à l’odeur de ses parfums.
[1] Ce n’est pas le lieu, ici, d’exposer la controverse qui oppose théologiens « mortalistes » et « immortalistes ». Les premiers sont les plus nombreux ; et ils ont pour eux une tradition quasi unanime. Aussi la thèse selon laquelle « la Bienheureuse Vierge Marie mourut et ressuscita ensuite, comme le Christ lui-même mais par la vertu du Christ », est-elle de doctrine commune. Au terme « mort » on peut toutefois préférer les mots voilés utilisés par les Grecs : coïmèsis, en latin dormitio : sommeil ; métastasis, en latin transitus : passage (note ajoutée en 1983).