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Lettre de liaison n° 71 (17 mars 2018)
Chers amis,
Les deux premières demandes du message de Fatima sont de réciter le chapelet tous les jours pour avoir la paix dans le monde (voir lettres de liaison n°35 et n°59) et d’offrir les sacrifices de la vie quotidienne pour la conversion des pécheurs (voir lettres de liaison n°6 et n°7). Aider ceux qui ont du mal à réciter le chapelet doit donc être une préoccupation aussi importante que prier pour la conversion des pécheurs. Or nombreux sont ceux qui, tout en ayant conscience de l’importance du chapelet, ont, malgré tout, quelques difficultés à le réciter tous les jours. Cette difficulté ne doit pas nous étonner outre mesure : sœur Lucie a souvent averti que le démon faisait la guerre au chapelet. Par exemple, en décembre 1971, à son amie Mère Martins, elle parla de « l’insistance avec laquelle elle [Notre-Dame] nous a tant recommandé la prière du chapelet. C’est qu’elle savait déjà que devaient venir ces temps durant lesquels le démon et ses partisans combattraient tant cette prière pour éloigner les âmes de Dieu ». En effet, Notre-Dame n’aurait pas réclamé ce moyen à chacune de ses apparitions (voir lettre de liaison n°31) si cela n’avait été un des moyens les plus efficaces. Aussi, tous les apôtres du Rosaire ont-ils enseigné que le chapelet est une arme redoutable contre le démon.
C’est pourquoi nous ne pouvons qu’encourager ceux qui ont des difficultés à réciter leur chapelet à persévérer dans leur volonté d’apprendre à bien réciter le chapelet, en étant bien convaincus que c’est une volonté de notre Mère du Ciel et que, si nous n’éprouvons pas de goût pour cette prière, ce n’est pas parce que notre Mère se serait trompée, mais parce que le démon sait habilement nous cacher la saveur et la puissance de cette prière. Cette difficulté ne doit pas nous rebuter. Dans d’autres domaines, nous savons supporter des difficultés pour obtenir un plus grand bien. Par exemple, dans le domaine de la santé, refuse-t-on un remède puissant contre une maladie sous prétexte qu’il a mauvais goût ? Il faut donc toujours chercher à avoir une grande dévotion envers le Rosaire et la répandre le plus possible.
Alors que pourrions-nous faire pour aider ceux qui ont du mal à réciter le chapelet ? Voici deux propositions.
- Que ceux qui ont l’habitude de le dire offrent leur chapelet pour ceux d’entre nous qui ont des difficultés. Même si elle est dispersée aux quatre coins du monde, nous formons une petite communauté et nous devons avoir à cœur de prier les uns et pour les autres.
- Quant à ceux qui ont des difficultés, voici un moyen simple de réciter le chapelet, mais qui demande malgré tout un petit effort d’organisation : il s’agit d’appliquer à la récitation du chapelet l’idée du rosaire vivant de la vénérable Marie-Pauline Jaricot.
Tous les lecteurs ne connaissant peut-être pas Marie-Pauline Jaricot, voici quelques éléments sur sa vie. Dernière d’une famille lyonnaise de huit enfants, Marie-Pauline Jaricot (1799-1862) est une laïque, membre du Tiers-Ordre dominicain, déclarée vénérable en 1963. Très marquée par le désastre spirituel entraîné par la Révolution française, elle fut animée par un ardent désir d’apporter la lumière de l’Évangile et la grâce de la Rédemption à tous ceux qui n’avaient pas ou plus la Foi avec l’aide de la prière, en particulier le rosaire. Cette pensée la conduisit à fonder à Lyon en 1826 Le Rosaire vivant, car, disait-elle, « cette belle dévotion [du Rosaire] est laissée aux dévotes de profession, encore à condition qu’elles fussent vieilles ou n’eussent rien à faire : ce qui est un préjugé très faux, mais malheureusement existant partout. (…) L’important est de faire agréer le Rosaire par la masse. » Or c’est bien notre préoccupation : faire apprécier le rosaire par tous ceux d’entre nous qui ne le disent qu’avec réticence.
Comment Marie-Pauline Jaricot va-t-elle s’y prendre ? Constatant la difficulté pour beaucoup de réciter quinze dizaines d’Ave Marie, pour les inciter à se mettre petit à petit à la récitation du rosaire, elle eut l’idée d’associer des volontaires par groupes de quinze, chacun personne s’engageant : 1) à réciter une dizaine de chapelet par jour, 2) à méditer cette dizaine selon le mystère qui lui aura été échu chaque mois par tirage au sort.
Les quinze associés sont ainsi liés invisiblement, mais réellement, pour dire chaque jour un rosaire à eux tous. Et chacun d’eux, en quinze mois, aura médité un rosaire entier. Éprouvée à ses débuts comme beaucoup de bonnes œuvres, l’œuvre du Rosaire vivant eut rapidement un grand succès. Cinq ans après son lancement, elle franchissait les frontières et se répandait en Italie, en Suisse, en Belgique, en Angleterre, et même en Amérique et en Asie. En 1834, rien qu’en France, l’œuvre comptait un million d’adhérents.
Le pape Grégoire XVI approuva le Rosaire vivant en 1832, soit seulement six ans après son lancement. Et le 17 août 1877, par le bref Quod jure hæreditario, le pape Pie IX le plaça sous la juridiction immédiate du Maître de l’Ordre des Prêcheurs. Le Rosaire vivant devint ainsi, après seulement cinquante ans, une œuvre complètement reconnue et recommandée par l’Église. Il fut enrichi d’indulgences. Par exemple, chaque membre reçoit chaque jour l’indulgence liée à la récitation complète du rosaire. Et l’indulgence est gagnée même s’il arrive que, de temps à autre, l’un ou l’autre des associés oublie de s’acquitter de son obligation.
Le Rosaire vivant s’est ainsi répandu dans tous les milieux, en particulier chez les enfants comme une initiation au chapelet, et chez les personnes isolées à qui il apporte un grand soutien spirituel, car elles se sentent ainsi partie prenante d’une véritable communauté. Voilà donc ce qu’est et comment est né le Rosaire vivant.
Il peut être parfois difficile de trouver 14 personnes pour former à quinze un rosaire vivant. Mais rien n’empêche de commencer par trouver 4 personnes pour constituer à cinq ce que nous pourrions appeler un "chapelet vivant". Cela semble d’autant plus légitime que, à Fatima, la Sainte Vierge n’a demandé chaque jour que la récitation du chapelet. De plus, il est également relativement simple de transformer ce chapelet vivant en un rosaire vivant sur trois jours. Pour cela, il suffit de s’organiser sur les mystères à méditer chaque jour en sorte qu’au bout de trois jours, un rosaire complet ait été récité. Il également possible de s’associer avec deux autres "chapelets vivants", de façon à former ainsi un rosaire vivant : il suffit là encore de s’organiser un peu pour se répartir les mystères à méditer.
Peut-être certains objecteront-ils : « C’est trop facile ! Comment ceux qui ne disent qu’une dizaine de chapelet par jour peuvent-ils recevoir autant que ceux qui auront récité un rosaire complet ? » C’est effectivement étonnant à première vue, mais c’est parfaitement conforme à l’économie divine. Les ouvriers de la onzième heure n’ont-ils par reçu autant que ceux de la première heure ? Il plait à Dieu de donner autant aux quinze qui, ensemble, auront récité un rosaire tout en ne disant qu’une dizaine de chapelet chaque jour, qu’à ceux qui disent entièrement le rosaire : allons-nous « être mauvais parce que Dieu est bon » ? (Matthieu XX, 15) Et Jésus n’a-t-il pas loué l’intelligence de l’intendant malhonnête ? Or, l’intention de Marie-Pauline Jaricot n’était pas malhonnête. Au contraire, elle eut l’intelligence d’imaginer un moyen pour conduire petit à petit les gens à réciter leur chapelet en commençant par ne réciter qu’une dizaine mais de façon organisée.
De plus, cette pratique s’appuie sur plusieurs paroles de Notre-Seigneur, en particulier celle-là : « Je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, en vérité, ils l’obtiendront de mon Père qui est dans les Cieux. Car là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis présent au milieu d’eux. » (Matthieu XVIII, 15-22) Et dans un commentaire de ce passage de saint Matthieu, saint Thomas d’Aquin affirme : « Il est impossible que les prières d’une multitude ne soient pas exaucées si ces nombreuses prières n’en forment qu’une seule. » C’est précisément de là que vient l’efficacité du Rosaire vivant : il nous conduit à ce que la prière de plusieurs n’en forme qu’une seule. Avec un chapelet vivant, cinq personnes sont unies par la récitation d’un chapelet chaque jour pour obtenir les grâces qui y sont associées. Et Notre-Seigneur Lui-même a affirmé que, dans ce cas, nous serions exaucés.
Les deux moyens que nous venons de proposer pour répandre la récitation quotidienne du chapelet, ne sont sans doute pas les seuls moyens possibles. Libre à chacun de choisir le moyen qu’il préfère en fonction de ses goûts et des qualités que Dieu lui a accordées. Mais il faut faire quelque chose ! Il faut mettre en place des moyens concrets pour apprendre à bien dire le chapelet, à le répandre autour de nous, à le réciter tous les jours par amour pour Notre-Dame, afin de répondre à sa demande incessante, pour obtenir la conversion des pécheurs et la paix dans le monde.
Toutefois, l’idée de Marie-Pauline Jaricot a été recommandée par l’Église et elle réussit en six ans à avoir plus d’un million de personnes dans son Rosaire vivant. Aussi son exemple mérite-t-il d’être suivi ou tout au moins de nous servir de guide. Alors prions pour que tous ceux d’entre nous qui ont du mal à réciter un chapelet tous les jours trouvent quatre autres personnes pour former ensemble un chapelet vivant et ainsi répondre toujours plus aux demandes de notre Mère du Ciel.
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus
Nota : Afin de susciter l’organisation de chapelets vivants, nous allons créer une page sur le site pour permettre une organisation plus facile. Si vous le souhaitez, vous pouvez déjà vous inscrire sur la page du site Chapelet vivant. Tout le monde peut s’inscrire, y compris ceux qui disent déjà leur chapelet tous les jours, mais souhaiteraient dire une dizaine de plus pour ainsi participer à un rosaire vivant.
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