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Méditation pour le 5e mystère glorieux

Tirée de Vie divine de la Très Sainte Vierge
de Marie d'Agreda

Le couronnement de la Très Sainte Vierge au Ciel


À peine l'âme auguste, et qui n'a pas d'égale de la sainte Vierge, fut séparée du corps, Jésus-Christ la reçut à sa droite sur son trône royal, et l'immense procession des anges et des saints se dirigea vers le ciel. Le rédempteur, entra avec sa mère entourée de gloire, sans qu'il lui fût demandé compte dans un jugement particulier, des dons et des faveurs qui lui avaient été accordés, ni de rien autre chose, selon la promesse qui lui fut faite, lorsqu'elle fut exemptée du péché originel, comme élue pour reine, comme privilégiée, et n'ayant pas part à toutes les misères des enfants d'Adam. Dès le premier instant de sa conception, elle fut une aurore claire et resplendissante, environnée des rayons du soleil divin, elle surpassa la clarté des plus ardents séraphins, ensuite elle fut élevée jusqu'à toucher la divinité dans l'union du Verbe avec la sainte humanité, il fut dès lors convenable et nécessaire, que pendant toute l'éternité elle fût sa compagne, et qu'il y eût la plus grande ressemblance possible entre le fils et la mère. Le divin rédempteur la présenta sous ce titre auguste devant le trône divin, et il dit :

Mon Père éternel, ma chère mère, votre fille bienaimée, et l'épouse chérie de l'Esprit-Saint, vient recevoir la possession éternelle de la couronne, et de la gloire que nous lui avons préparée en récompense de ses mérites. C'est celle qui est née parmi les enfants d'Adam comme une rose entre les épines, sans tâche, pure et belle, digne d'être reçue dans nos mains ; c'est notre élue, notre unique et singulière, à qui nous avons donné la grâce et la participation de nos perfections, au-dessus des règles ordinaires des autres créatures, en elle nous avons déposé le trésor de notre divinité ; c'est celle qui a trouvé grâce à nos yeux et en qui nous avons pris nos complaisances. Il est donc juste, que ma mère reçoive la récompense comme mère, et si pendant tout le cours de sa vie, elle a été semblable à moi au degré possible à une pure créature, elle doit encore aussi me ressembler dans la gloire et être sur le trône de notre majesté, afin que là où est la sainteté par essence, soit aussi celle qui en a reçu la plus grande participation.

Le Père et le Saint-Esprit approuvèrent aussitôt ce décret du Verbe incarné, et l'âme très sainte de Marie, fut élevée à la droite de son fils sur le trône royal de l'auguste Trinité. C'est la plus sublime excellence de notre grande reine, d'être placée sur le trône nième des personnes divines, et d'y avoir le rang et le titre de souveraine Impératrice, lorsque tous les autres habitants du ciel, sont les ministres et les serviteurs du roi Tout Puissant. Il n'est pas possible d'exprimer l'intensité de la nouvelle joie que reçurent dans ce jour solennel tous les bienheureux, ils entonnèrent de nouveaux cantiques de louanges au Très Haut, pour la gloire incompréhensible de sa fille, mère et épouse, dans laquelle ils glorifiaient, l'œuvre de sa main toute puissante ; et quoique le Seigneur ne puisse pas recevoir une nouvelle gloire intérieure, puisqu'elle est infinie de toute éternité ; néanmoins les manifestations extérieures de ses complaisances, pour l'heureux accomplissement de ses décrets éternels furent plus grandes dans ce jour, car il sortit une voix du trône divin qui dit :

Tous nos désirs et notre divine volonté se sont accomplis dans la gloire de notre bienaimée, et tout s'est fait à l'entière satisfaction de notre complaisance.

Le troisième jour dans lequel l'âme très sainte de la divine mère Vierge jouissait de la gloire, le Seigneur manifesta à toute la cour céleste, que c'était sa volonté que cette grande âme revînt au monde, et reprit son corps, afin d'être de nouveau élevée en corps et en âme au trône divin, sans attendre la résurrection générale des morts. Tous applaudirent au décret divin, le rédempteur lui-même descendit du ciel avec l'âme glorieuse de sa mère à ses côtés, accompagné des saints et des esprits bienheureux ; après être arrivés au sépulcre à la vue du temple virginal du Très Haut, le Seigneur parla ainsi aux saints :

Ma mère a été conçue sans aucune tâche de péché, afin que de sa très pure substance virginale et immaculée, je me revêtisse de l'humanité avec laquelle je suis venu au monde, racheté déjà de l'esclavage auquel il était assujetti, ma chair est la chair de ma mère, elle a encore coopéré avec moi dans l'œuvre de la rédemption ; ainsi je dois la ressusciter comme je me suis ressuscité, et que ce soit au même moment où je ressuscitai moi-même, car je veux la rendre en tout semblable à moi.

 Tandis que tous les saints applaudissaient par des cantiques de louanges à ce nouveau bienfait, l'âme très pure de la reine entra aussitôt, par le commandement de son divin fils, dans son corps très pur, et le ressuscita en le prenant, elle lui communiqua les quatre qualités glorieuses, savoir ; la clarté, l'impassibilité, l'agilité et la subtilité, qui correspondent toutes à la gloire de l'âme dont elles tirent leur origine. La sainte Vierge sortit avec ces qualités du sépulcre en corps et en âme, sans remuer la pierre, et ses habits et le linceul restèrent dans le tombeau.

Il est impossible ici de décrire la clarté, la splendeur et l'admirable beauté de sa gloire ; il nous suffit de considérer que de même que la divine mère donna à son très saint fils la forme humaine dans son sein virginal, et la lui donna très pure et sans tache pour racheter le monde ; ainsi en retour de ce don, le Seigneur lui donna dans cette résurrection et nouvelle génération, une autre gloire et beauté semblable à la sienne ; et dans cette correspondance toute mystérieuse et divine chacun fit ce qui lui fut possible, car la Vierge mère engendra Jésus-Christ semblable à elle-même autant qu'il fut possible, et Jésus-Christ la ressuscita en lui communiquant sa gloire, autant qu'elle fut capable d'en recevoir dans sa sphère de pure créature. La magnifique procession partit du sépulcre avec une musique céleste, et s'avança à travers la région de l'air vers le ciel empyrée, au même moment ou le Christ ressuscita, le jour du dimanche qui suivit immédiatement la mort, après minuit ; c'est pourquoi tous les apôtres ne purent connaître le miracle, excepté ceux qui étaient présents et veillaient auprès du saint sépulcre. Les saints et les anges entrèrent dans le ciel dans le même ordre qu'ils étaient venus de la terre ; après eux venait le glorieux Rédempteur et à sa droite la reine mère avec une parure enrichie d'or et embellie de divers ornements. Elle était si admirablement belle que tous les bienheureux en étaient dans l'admiration et l'étonnement, ils se tournaient pour l'admirer et la bénir avec une nouvelle joie et de nouveaux cantiques de louanges. Alors on entendit ces éloges mystérieux que Salomon a écrits :

Sortez fils de Sion pour voir votre reine que louent les étoiles du matin et que bénissent les enfants du Très Haut. Qu'elle est celle-ci qui s'élève du désert comme une colonne de fumée, formée de tous les parfums ? Qu'elle est celle-ci qui parait comme l'aurore, plus belle que la lune, élue comme le soleil, et terrible comme une armée rangée en bataille ? Qu'elle est celle-ci qui vient du désert, appuyée sur son bienaimé, abondante en délices ? Qu'elle est celle-ci dans qui la Divinité même a trouvé plus de complaisances que dans tout le reste des créatures, et qu'il élève au-dessus de toutes, jusqu'au trône de sa lumière inaccessible et de sa Majesté. Ô merveille qu'on n'avait jamais vue dans les cieux ! Ô prodige de la toute-puissance, qui la glorifie et l'exalte ainsi.

La très sainte Vierge arriva dans cette gloire en corps et en âme au trône royal de la très sainte Trinité, et les trois personnes divines la reçurent avec un embrassement éternellement indissoluble, elle fut comme absorbée entre les personnes divines et comme submergée dans cette mer infinie de l'abîme de la Divinité, et tous les saints remplis d'admiration et d'une nouvelle joie extraordinaire, entendirent ces paroles du Père éternel :

Notre fille Marie a été élue et choisie par notre éternelle volonté, comme unique et singulière parmi toutes les créatures, et elle est aussi la première pour nos délices ; jamais elle n'a dégénéré de son titre de fille, qui lui a été donné dès l'éternité dans notre entendement divin ; c'est pourquoi elle a droit sur notre royaume éternel, dont elle doit être reconnue et couronnée la légitime Souveraine et Reine.

Le Verbe incarné dit aussi :

 À ma mère véritable et naturelle, appartiennent toutes les créatures que j'ai créées et rachetées, et tout ce dont je suis roi, elle doit en être aussi la souveraine reine légitime.

Et l'Esprit-Saint dit :

Par le titre de mon épouse unique et élue, auquel elle a correspondu avec une parfaite fidélité, la couronne de reine lui est due aussi pour toute l'éternité.

Après ces paroles, les trois personnes divines placèrent sur la tête auguste de la très sainte Vierge, une couronne de gloire, d'une splendeur si belle, qu'il ne s'en était jamais vue auparavant, et qu'il ne s'en verra donner à l'avenir à une pure créature. Dans le même instant, il sortit une voix du trône, qui dit :

Notre amie et élue entre toutes les créatures, notre royaume vous appartient, vous êtes souveraine, reine, maîtresse de tous les Séraphins et de tous les anges nos ministres, et de l'universalité de toutes nos créatures ; veillez donc, commandez et régnez heureusement sur elles ; dans notre suprême Consistoire nous vous donnons l'empire, la majesté et le domaine, parce que, quoique remplie de grâce au-dessus de toutes les créatures, vous vous êtes humiliée dans votre esprit, et vous vous êtes toujours mise au dernier rang ; recevez maintenant le rang sublime qui vous est dû, et participez au souverain domaine que notre divinité possède sur tout ce que notre toute-puissance a créé. De votre trône royal vous commanderez jusqu'au centre de la terre, et par le pouvoir que nous vous donnons, vous tiendrez l'enfer assujetti ; tous vous craindront et vous obéiront jusque dans les cavernes infernales ; vous règnerez sur la terre, et sur tous les éléments, nous mettons dans vos mains les vertus et les effets de toutes les causes naturelles, et leur conservation, afin que vous disposiez des influences du ciel et des fruits de la terre, de tout ce qui existe et existera ; distribuez-le selon votre bon plaisir, et notre volonté sera toujours prompte à accomplir la vôtre. Vous êtes impératrice et reine de l'Église militante, sa protectrice, son avocate, sa mère et sa maîtresse. Vous serez l'amie, la patronne, la protectrice de tous les justes nos amis, vous les consolerez, les fortifierez et les remplirez de biens, selon qu'ils s'en rendront dignes par leur dévotion. Vous êtes la Dépositaire de toutes nos richesses divines, la Trésorière de nos biens. Nous laissons dans vos mains les secours et les faveurs de noire grâce, afin que vous les dispensiez ; car nous ne voulons rien accorder au monde, qui ne passe par vos mains, et nous ne voulons rien refuser, de ce que vous accorderez. La grâce sera répandue sur vos livres, pour tout ce que vous, voudrez et ordonnerez dans le ciel et sur la terre ; les anges et les hommes vous obéiront en tout lieu, parce que tout ce qui est à nous vous appartient, de même que vous nous avez toujours appartenue, et vous règnerez avec nous pour l'éternité.

Pour l'exécution de ce décret éternel le Tout Puissant ordonna à tous les courtisans du ciel de lui prêter tous obéissance et hommage, en la reconnaissant pour leur reine, et tous promptement obéissants se reconnurent ses serviteurs et ses vassaux, et la vénérèrent de la même manière, avec le culte, la crainte filiale, et la respectueuse vénération avec laquelle ils adorent le Seigneur ; ainsi ils donnèrent relativement les mêmes devoirs à la divine mère ; et ce petit nombre de saints qui étaient au ciel en corps et en âme, se prosternèrent et vénérèrent leur Reine par des hommages corporels. L'Impératrice des cieux fut ainsi glorifiée et couronnée au milieu de ces magnifiques démonstrations, qui furent une grande gloire pour elle et une nouvelle joie pour les bienheureux et un sujet de complaisance pour la très sainte Trinité ; elle donna une nouvelle gloire à toute la céleste Jérusalem, principalement à saint Joseph, son chaste époux, à ses saints parents et tous ceux qui lui étaient unis ; mais pardessus tout à ses mille anges gardiens. Les saints virent dans son cœur très pur, comme un petit  globe d'une splendeur et d'une beauté singulière qui leur causa et leur causera sans cesse une admiration et une joie spéciale ; c'est la récompense et le témoignage de ce qu'elle avait gardé d'une manière digne dans son sein, le Verbe incarné sous les espèces sacramentelles et l'avait reçu dignement avec pureté et sainteté, sans aucune faute, ni une ombre même d'imperfection, mais avec une grande dévotion, amour et culte. Pour les autres récompenses correspondantes à ses héroïques et singulières vertus, il est impossible d'en dire quelque chose qui puisse les faire connaître d'une manière convenable. Nous dirons seulement que cette résurrection eut lieu le quinze août, son corps très pur, demeura pendant trente-six heures dans le sépulcre, comme celui de son très saint fils.

Les apôtres et les disciples sans pouvoir essuyer leurs larmes, assistaient jour et nuit au sépulcre, en particulier saint Pierre et saint Jean, et remarquant que la musique céleste avait cessée et qu'ils ne l'entendaient plus, ils comprirent que la divine mère était ressuscitée et était transportée au ciel en corps et en âme, comme son divin fils, alors ils se rassemblèrent tous avec les disciples et les autres fidèles, ils ouvrirent le sépulcre et le trouvèrent vide. Saint Pierre prit la tunique et le linceul et les vénéra, ce que firent aussi tous les autres, ils furent ainsi pleinement assurés de la résurrection et de l'assomption de la sainte Vierge au ciel ; ils célébrèrent cette merveille avec des larmes de joie et de douleur, en chantant des psaumes, et des hymnes de louanges et de gloire au Seigneur et sa divine mère, mais suspendus entre l'étonnement et la tendresse, ils regardaient le sépulcre s'en pouvoir s'en éloigner, lorsqu'un ange du Seigneur descendit du ciel, et leur apparut en leur disant :

Hommes de Galilée, de quoi êtes-vous étonnés ? Votre reine et la nôtre vit déjà en corps et en âme dans le ciel, où elle règne pour toujours avec le Christ ; elle m'envoie afin que je vous confirme cette vérité et que je vous dise de sa part, qu'elle vous recommande de nouveau l'Église, la conversion des âmes, et la propagation de l'évangile de Jésus-Christ au ministère duquel elle veut que vous reveniez aussitôt, comme il vous a été ordonné, et elle prendra soin de vous du haut du ciel.

Les apôtres furent ranimés par cet avis, et dans leurs courses apostoliques, ils reconnurent ensuite très souvent sa toute puissante protection, en particulier à l'heure de leur martyre, car elle leur apparut à tous, les assista comme une mère miséricordieuse, et ensuite elle présenta leurs âmes au Seigneur, comme elle le fera aussi fidèlement pour tous ceux qui la serviront avec une véritable ferveur dans la vie et l'invoqueront à la mort.

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