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Lettre de liaison n° 147 (1er mars 2023)Imprimer

Chers amis,

Avant de poursuivre nos réflexions sur les paroles de Notre-Dame, revenons sur le geste qu’elle fit peu avant la fin de sa première apparition (voir précédente lettre de liaison). Voici comment sœur Lucie le décrit :

Elle [Notre-Dame] ouvrit pour la première fois les mains et nous communiqua, comme par un reflet qui émanait d’elles, une lumière si intense que, pénétrant notre cœur et jusqu’au plus profond de notre âme, elle nous faisait nous voir nous-mêmes en Dieu qui était cette lumière, plus clairement que nous nous voyons dans le meilleur des miroirs.

Pour nous personnellement, ce moment des apparitions de 1917 est sans doute un des plus importants. Il est malheureusement mal connu. Il est vrai qu’il n’y a pas de paroles qui y soient attachées ; il est donc peut-être plus difficile à mémoriser. Pour nous, il est pourtant d’une importance capitale.


 L’importance du geste de Notre-Dame

Deux points sont à noter à propos de ce geste de la Sainte Vierge :

  • Il manifeste que Notre-Dame est médiatrice de toutes grâces. Ce point ayant déjà été analysé dans la lettre de liaison n° 99, nous nous contenterons d’y renvoyer nos lecteurs.
  • Par ce geste, Notre-Dame communique aux trois petits voyants une première grâce. Étant la première, cette grâce a donc une importance toute particulière. Cette grâce est la connaissance de soi-même, mais pas n’importante quelle connaissance : c’est celle de se voir comme Dieu nous voit.

 Cette grâce est une des plus importantes qui soit pour faire notre salut. En effet, le point essentiel du message de Fatima est la conversion des pécheurs. Or nous aussi, nous sommes pécheurs. À ce titre, nous pouvons être sûrs que Notre-Dame est autant préoccupée par notre salut que par celui des autres pécheurs. Ainsi, on peut dire que le message de Fatima nous demande deux choses : nous convertir et prier pour la conversion des pécheurs.
Pour obtenir la conversion des pécheurs autres que nous-même, Notre-Dame demande de prier et d’offrir des sacrifices. Quant à notre propre conversion, bien sûr nous pouvons prier et faire des sacrifices pour nous-même. Mais Notre-Dame nous propose un moyen supplémentaire : la grâce d’une parfaite connaissance de soi-même. En la communiquant aux petits bergers de Fatima, Notre-Dame montre qu’elle nous l’accordera si nous la lui demandons.

Or notre premier devoir, avant même celui de nous préoccuper du salut des pécheurs, est de nous préoccuper de notre propre salut. Car, comment bien prier pour le salut des pécheurs, si nous négligeons notre propre salut ? Et pour faire notre salut, il faut bien se connaître, se voir comme Dieu nous voit. Si nous nous illusionnons sur nous-même, nous risquons fort d’emprunter un mauvais chemin conduisant à la damnation éternelle.

Cette grâce d’une connaissance vraie de soi-même pourra sembler à certains d’une importance très relative. Car nous sommes tous plus ou moins persuadés de bien nous connaître. Mais est-ce vrai ? Sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes (IVe siècle avant JC) était inscrite la maxime : « Connais-toi toi-même », maxime que Socrate en particulier fit sienne. Ceci montre que, déjà dans les temps antiques, les philosophes avaient mesuré la difficulté de bien se connaître. Sommes-nous vraiment meilleur qu’eux ?
De son côté, l’Évangile nous rappelle que nous sommes bien souvent plus prompts à dénoncer la "paille" chez notre prochain plutôt qu’à voir nos propres défauts. Pire ! Nous sommes généralement piqués à vif dès que quelqu’un ose nous reprocher le moindre de nos défauts.
En effet, il n’est pas facile d’accepter de nous voir tels que nous sommes réellement. Pourtant, si notre prochain voit un de nos défauts et nous le reproche, pourquoi s’en offusquer ? Dieu ne le voit-Il pas également ? Malheureusement, les conséquences du péché originel sont là et nous empêchent souvent de nous voir tel que nous sommes.

Les difficultés d’avoir une véritable connaissance de soi

Et effectivement la véritable connaissance de soi-même se heurte à plusieurs difficultés.
La première de ces difficultés est la présomption. La parabole du pharisien et du publicain nous montre parfaitement le côté particulièrement néfaste de cette attitude, celle d’être content de soi.
La deuxième difficulté est l’inverse de la précédente : c’est de se considérer comme moins que rien, ce qui est une véritable offense faite à Dieu, car Dieu a donné des talents à chacun d’entre nous. C’est une fausse humilité de se dire que nous ne valons rien : nous avons tous des qualités. Peut-être les avons-nous mal employées jusqu’à maintenant. Mais cela ne retire rien au fait que nous avons tous des qualités.
La troisième difficulté est d’avoir le courage d’accepter une telle connaissance de soi ; car cette connaissance peut conduire à des déchirements particulièrement douloureux. Prenons par exemple ceux qui vivent en dehors de la loi morale instituée par Dieu. Le jour où Dieu leur donne la grâce de voir le caractère immoral de leur situation, à quelles difficultés ne sont-ils pas confrontés pour revenir dans le droit chemin ? Hélas, bien souvent, devant la difficulté, beaucoup préfèrent oublier ou font tout pour se trouver des excuses.

Il y a encore bien d’autres obstacles à une véritable connaissance de soi, une connaissance telle que Dieu nous voit. Pour vaincre toutes ces difficultés, il est très précieux, voire indispensable, d’avoir un bon confesseur ou directeur de conscience. Mais en trouver un constitue une difficulté supplémentaire ; car, de nos jours hélas, il n’est pas toujours facile de trouver une personne qui nous connaisse bien et qui sache nous éclairer sur les points que nous avons du mal à voir. Sur la nécessité d’avoir un bon directeur de conscience, saint François de Sales, dans son Introduction à la vie dévote, dit au chapitre 4 intitulé De la nécessité d’un conducteur pour entrer et faire des progrès en la dévotion :

L'ami fidèle, dit l'Écriture Sainte est une protection puissante ; celui qui le trouve a trouvé un trésor. (Ecc VI, 14) Ces divines paroles regardent principalement l'immortalité, comme vous voyez, pour laquelle il faut sur toutes choses avoir cet ami fidèle qui guide nos actions par ses avis et conseils, et par ce moyen nous garantit des embûches et tromperies du malin ; il nous sera comme un trésor de sagesse en nos afflictions, tristesses et chutes ; il nous servira de médicament pour alléger et consoler nos cœurs des maladies spirituelles, il nous gardera du mal et rendra notre bien meilleur ; et quand il nous arrivera quelque infirmité, il empêchera qu'elle ne soit pas mortelle, car il nous en relèvera.
Mais qui trouvera cet ami ? Le Sage répond : Ceux qui craignent Dieu ; c'est-à-dire, les humbles qui désirent fort leur avancement spirituel. Puisqu'il vous importe tant, Philothée, d'aller avec un bon guide en ce saint voyage de dévotion, priez Dieu avec une grande instance qu'il vous en fournisse un qui soit selon son cœur. (…)
Et pour cela, choisissez-en un entre mille, dit Avila ; et moi je dis entre dix mille, car il s'en trouve moins que l'on ne saurait dire qui soient capables de cet office. Il le faut plein de charité, de science et de prudence. Si l'une de ces trois parties lui manque, il y a du danger. Mais je vous dis derechef, demandez-le à Dieu, et l'ayant obtenu bénissez sa divine Majesté.

Saint François est donc plus qu’exigeant sur le choix d’un bon directeur spirituel. Il juge son rôle si important qu’il l’appelle « l’ami fidèle ». Et, l’ayant trouvé, une difficulté déjà évoquée survient : il faut parfois beaucoup d’humilité pour écouter ses avis et les faire nôtres.

Il ne faut cependant pas se désespérer devant la difficulté de trouver un confesseur conforme à ce que demande saint François de Salles. Dans le domaine temporel, nous développons souvent d’importants moyens pour bien savoir ce que nous sommes. Les entreprises font appel à des cabinets de consultants pour analyser leur situation, améliorer leur fonctionnement, corriger ce qui ne va pas, … preuve qu’un regard extérieur est très utile pour bien se connaître. Pourquoi en serait-il différemment dans les autres domaines, en particulier pour nous-même ?
De plus, pour contourner cette difficulté de trouver « l’ami fidèle », Dieu a mis d’autres possibilités à notre disposition : parents, amis honnêtes, éducateurs, etc. Si ces derniers ne peuvent prétendre à être un véritable directeur de conscience, ils peuvent toutefois être très utiles pour nous renvoyer une image fidèle de nous-même.

La connaissance de nos talents

Cette connaissance de soi-même ne consiste pas uniquement en la connaissance de nos défauts. Pour se voir comme Dieu nous voit, il faut aussi voir nos qualités. Ce point est au moins aussi important que la connaissance de nos défauts : la parabole des talents montre que nous devons les faire fructifier pour répondre à la volonté divine et décrit également le sort réservé à ceux qui ne le font pas.
Ici surgit une nouvelle difficulté, car Dieu ne nous a pas donné toutes les qualités : Il a distribué les différents "talents" de façon inégale. Voici ce qu’Il confia à sainte Catherine de Sienne sur ce sujet :

Je ne donne pas toutes les vertus également à chacun ... Il en est plusieurs que je distribue de telle manière, tantôt à l'un, tantôt à l'autre ... À l'un, c'est la charité ; à l'autre, la justice ; à celui-ci l'humilité ; à celui-là, une foi vive ...
Quant aux biens temporels, pour les choses nécessaires à la vie humaine, je les ai distribués avec la plus grande inégalité, et je n'ai pas voulu que chacun possédât tout ce qui lui était nécessaire pour que les hommes aient ainsi l'occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres ... J'ai voulu qu'ils eussent besoin les uns des autres et qu'ils fussent mes ministres pour la distribution des grâces et des libéralités qu'ils ont reçues de moi (Dialogues, livre 1, chapitre 7).

Ainsi, Dieu ne nous a pas donné tout ce qu’il faut pour notre vie tant spirituelle que temporelle. D’un côté, Il nous a donné des talents pour les faire fructifier et en faire profiter notre prochain ; de l’autre, Il a permis que nous ayons quelques défauts qu’il nous faut combattre, ou quelques imperfections nous mettant dans la nécessité de demander l’aide de notre prochain.

Telle est la volonté divine et c’est en l’accomplissant que nous ferons notre salut. Or, il n’est guère possible d’y arriver si nous n’avons pas une vraie connaissance de nous-même. À ce jour, peut-être n’avons-nous pas toujours répondu à la volonté divine sur nous. Quoi qu’il en soit, Dieu nous voit et veut que nous nous sauvions. Et quel que soit le point où nous en sommes, Il a prévu une voie pour que nous parvenions à faire notre salut. La première chose nécessaire est donc de connaître cette voie et, pour cela, il faut commencer par se voir comme Dieu nous voit.
Certes, cette grâce ne suffit pas pour faire son salut. Il faut non seulement savoir comment Dieu nous voit, mais aussi agir en conséquence. Suivre sa vocation n’est pas toujours facile. Après avoir exercé notre intelligence pour se voir comme Dieu nous voit, il faut aussi exercer notre volonté pour suivre le chemin que Dieu a choisi pour nous.

Les fruits d’une vraie connaissance de soi

Cette connaissance de nous-même, connaissance vraie et telle que Dieu nous voit, a de plus de nombreux fruits. Par exemple, ne pas se surestimer nous permet d’éviter de commettre des erreurs en entreprenant des actions au-dessus de nos capacités. Ne pas se sous-estimer nous permet de faire fructifier tous nos talents et ainsi de mieux servir notre prochain. Dans les deux cas, nous répondrons aussi bien que possible à ce que Dieu attend de nous.
Ensuite, si nous avons une claire conscience de nos défauts, il nous sera plus facile de les corriger : il est difficile de corriger un défaut qu’on ignore ou dont on a une perception partielle ou biaisée.
Enfin, cette connaissance nous portera à une véritable humilité vis-à-vis de notre prochain. Car, quand bien même il ne suivrait pas la vocation fixée par Dieu, il a des qualités que nous n’avons pas et nous avons des défauts qu’il n’a pas. Pourquoi les saints s’estimaient-ils les derniers des hommes ? C’est qu’ils avaient une vraie connaissance d’eux-mêmes et voyaient leurs défauts par rapport à leur prochain. Saint Paul allait jusqu’à dire de lui-même : « Nous sommes comme les balayures du monde, le rebut des hommes. » (1 Cor IV, 13) Mais les saints avaient aussi une vraie connaissance de leurs qualités, de la vocation que Dieu leur avait confiée et de la puissance de la grâce ; c’est pourquoi ils avaient une audace impressionnante dans leur domaine de compétence, audace qui pouvait même passer pour l’imprudence aux yeux de certains.

Enfin, cette véritable connaissance de soi a un autre fruit précieux : elle nous pousse à adorer Dieu. Voici la réaction qu’eurent les petits voyants après avoir reçu cette grâce :

Alors, par une impulsion intérieure qui nous était communiquée, nous tombâmes à genoux et nous répétions intérieurement : Ô, Très Sainte Trinité, je vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime dans le très Saint Sacrement.

En effet, devant la majesté divine, la seule attitude que nous puissions avoir est de nous prosterner et d’adorer.

Résolution concrète

Cette grâce d’une sincère et véritable connaissance de soi est donc particulièrement importante, si importante qu’il nous semble préférable d’arrêter là nos réflexions pour aujourd’hui. Prenons plutôt un peu de temps pour méditer sur tout cela. Mettons-nous à la place des petits voyants de Fatima. Contemplons Notre-Dame et admirons sa beauté. Et demandons-lui de faire comme elle a fait pour eux : qu’elle ouvre les mains et nous communique cette lumière si intense afin qu’elle pénètre au plus profond de notre âme et nous fasse nous voir nous-mêmes en Dieu, plus clairement que nous nous verrions dans le meilleur des miroirs.
Demandons-lui aussi le courage d’accepter cette vraie connaissance de nous-même, et la force d’agir en conséquence afin de répondre à la volonté de Dieu et ainsi faire notre salut.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie
Yves de Lassus
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