Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917
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Méditation sur le 5e mystère glorieux

LE COURONNEMENT DE LA TRÈS SAINTE VIERGE AU CIEL

 Tirée des Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.

 

I. — La gloire de l’auguste Marie dans le ciel

Considérons, en premier lieu, quelle est la gloire essentielle de l’âme de Notre-Dame dans le ciel.

1) Si, selon la parole du Sauveur dans l’Évangile, on donne à tous les justes une mesure bonne, pleine, pressée et surabondante, quelle mesure ne donnera-t-Il pas à sa très sainte Mère ? Si on se sert généralement pour tous les hommes de la mesure dont ils se servent pour les autres, de quelle mesure Notre-Seigneur se sert-Il, ou plutôt, peut-Il garder quelque mesure avec celle qui L’a toujours servi sans mesure ? La mesure que la Vierge a toujours gardée en ce qui touchait le service de son Fils était bonne parce qu’elle contenait tout ce qu’il y a de meilleur et de plus parfait, sans mélange d’aucune faute ; elle était pleine, parce qu’elle renfermait la plénitude des grâces, des vertus et des œuvres les plus saintes, accompagnées de toutes les circonstances qui rendent une action parfaite ; elle était pressée parce qu’il y entrait bien des travaux, des mortifications et des douleurs ; elle était surabondante parce qu’on y voyait non seulement les préceptes accomplis, mais encore les conseils évangéliques observés, avec un désir ardent et illimité de se signaler tous les jours davantage au service de son Seigneur. Puis donc que Dieu distribue aux justes une mesure de gloire qui surpasse incomparablement leurs services, quelle gloire ne réservait-Il pas à celle qu’Il avait choisie entre tous les justes pour être sa Mère ? Lui seul qui donne cette récompense, et elle qui la reçoit, peuvent la comprendre. Pour nous, il nous suffit de savoir que rien ne manqua au bonheur de la Vierge, qu’elle fut pleinement satisfaite et qu’elle éprouva la vérité de cette parole de David : Je serai rassasié quand m’apparaîtra votre gloire.

2) Imaginons que Dieu lui dit en ce jour ce que nous lisons dans l’histoire de Judith : Asseyez-vous maintenant ; buvez et mangez avec joie, parce que vous avez trouvé grâce devant moi. Marie Lui répondit sans doute, empruntant les paroles de la libératrice de Béthulie : Oui, Seigneur, je boirai, car mon âme est aujourd’hui glorifiée plus qu’en tous les jours de ma vie. Elle boit en effet, et elle étanche sa soif au torrent des délices éternels. Son entendement est satisfait par la claire vision de Dieu, un en substance, trois en personnes ; elle s’abreuve à l’océan de la sagesse infinie avec une telle abondance que la plénitude de science des chérubins disparaît et ressemble au vide, en comparaison de la plénitude de Marie. Sa volonté est satisfaite par l’amour béatifique qui l’attache pour jamais au Créateur. Elle entre aujourd’hui dans le cellier mystérieux où sont les meilleurs vins ; elle en boit jusqu’à l’ivresse et ils lui embrasent le cœur d’un amour si excessif pour l’éternelle bonté que les séraphins, ces esprits de feu, ne sont que glace comparés à Marie. Son esprit est satisfait par la possession paisible du souverain Bien après lequel elle avait tant soupiré. Elle est comme plongée dans un fleuve de paix et dans un océan de plaisirs qui apaisent si pleinement sa soif, que les anges paraissent auprès d’elle une terre sans pluie et sans rosée.

3) Enfin, Dieu épuise pour ainsi dire ses trésors et emploie sa puissance et sa bonté à contenter les désirs de sa Mère, l’enrichissant de tous les biens qui conviennent à une pure créature. Il se souvient qu’elle L’a porté dans son sein, qu’elle Lui a donné à boire, non un verre d’eau froide, mais le lait abondant de ses mamelles ; et Il veut qu’en récompense elle s’abreuve d’un lait plus doux et plus pur dans le sein de sa divinité. Il sait qu’elle a bu au calice très amer de sa Passion, et Il lui présente le calice délicieux de sa gloire, qui lui fait oublier les peines passées et dont la douceur surpasse infiniment l’amertume du premier. Il essuie toutes ses larmes, Il apaise toutes ses douleurs, Il la délivre de toutes les misères du vieil homme, qui se trouve renouvelé en elle par les qualités glorieuses de l’homme nouveau.

Ô Reine du ciel, je vous félicite de votre gloire et je me réjouis du bonheur que vous goûtez à la table de votre Fils. Vous êtes assise à sa droite ; sa nourriture et son breuvage sont les vôtres. Vous méritez d’occuper cette place et de participer à ce banquet à plus juste titre que les apôtres, puisque vous êtes demeurée avec Jésus au moment de la tentation et de l’affliction. Maintenant donc que vous êtes au sein de l’abondance, ne nous oubliez pas, pauvres nécessiteux qui vivons sur la terre ; donnez-nous de quoi soulager notre faim et notre soif, et ne nous refusez pas du moins les miettes qui tombent de votre table.

Ces réflexions doivent nous exciter à prendre la ferme résolution d’imiter la Vierge notre Mère en donnant comme elle au service de Dieu une part bonne, pleine, pressée et surabondante, ainsi qu’il a été dit tout à l’heure. Si la pensée de notre faiblesse nous inspire quelque crainte, rappelons-nous la gloire que Dieu nous promet, gloire qui est sans comparaison au-dessus de tout ce que nos œuvres peuvent avoir de mérite par elles-mêmes. Il n’y a nulle proportion, dit saint Paul, entre les souffrances de cette vie, et la gloire qui nous attend dans l’autre.

II. — Le couronnement de la Reine du ciel

Considérons ensuite le couronnement de la Vierge notre Dame, ainsi que les autres circonstances de sa gloire.

1) Marie fut élevée au-dessus des neuf chœurs des anges. Son divin Fils la plaça sur un trône resplendissant à sa droite et lui témoigna incomparablement plus d’amour que ne put en témoigner Salomon à Bethsabée lorsqu’il la fit asseoir auprès de lui sur un autre trône. C’est alors que s’accomplit cette prophétie de David : La Reine s’est tenue à votre droite, toute vêtue d’or, et parée d’ornements d’une admirable variété.

Car, comme il est dit que Notre-Seigneur est assis à la droite de son Père, parce qu’il possède auprès de Lui les plus précieux biens de la grâce et de la gloire, ainsi disons-nous que la Vierge est assise à la droite de son Fils, parce qu’elle occupe après Lui le rang le plus élevé dans le ciel et qu’elle surpasse en gloire les esprits bienheureux, autant que la dignité de mère l’emporte sur la qualité de serviteur.

Ô Reine des anges, je ne puis vous exprimer la joie que je ressens de vous voir ainsi élevée à la droite de votre Fils. Cet or qui brille sur vous, c’est la charité ; et cette variété d’ornements dont vous êtes environnée, ce sont vos autres vertus. Si le premier ange qui se perdit par son orgueil, était dans le ciel revêtu d’une robe magnifique, enrichie de neuf sortes de pierres précieuses qui représentaient les différentes perfections des neuf chœurs de la milice céleste, à combien plus forte raison êtes-vous douée et parée de toutes les perfections des pierres vivantes qui composent la cité du Très-Haut ! Regardez, ô Mère de miséricorde, ma pauvreté ; donnez-moi la robe nuptiale, je veux dire la charité, afin que je sois digne de paraître devant Dieu, et de jouir de sa présence en votre compagnie dans l’éternité.

2) La glorieuse Vierge fut couronnée par la très sainte Trinité de plusieurs couronnes. Le Père éternel lui mit sur la tête la couronne de puissance. Il l’investit d’un pouvoir illimité, subordonné toutefois à celui de Jésus-Christ, sur toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre et dans les enfers. Ainsi s’accomplit en elle cette parole de David : Vous l’avez couronnée de gloire et d’honneur ; vous l’avez établie sur les œuvres de vos mains. Le Fils plaça sur son front la couronne de sagesse. Il lui donna une connaissance claire non seulement de sa divine essence, mais encore de toutes les choses créées, de celles en particulier qu’il lui importait de connaître en sa qualité de mère et d’avocate des hommes. Le Saint-Esprit posa sur son chef auguste la couronne de charité, en la remplissant d’amour pour Dieu et de zèle pour la perfection et le salut des âmes. Quelle ne fut pas l’admiration des trois hiérarchies des anges lorsqu’ils virent étinceler ces couronnes sur la tête de Marie. Les séraphins admiraient l’ardeur de sa charité ; les chérubins, la plénitude de sa sagesse ; les trônes, l’abondance de sa paix ; les dominations, la grandeur de sa puissance ; les vertus, l’excellence de ses dons ; tous les autres anges, le comble de sa perfection et de sa sainteté. Réjouissons-nous de voir la Mère de Dieu porter si noblement cette triple couronne. Bénissons le Seigneur qui nous a donné dans le ciel une Mère si puissante qu’elle peut remédier par son intercession à toutes nos misères, une Mère si éclairée qu’elle connaît tous nos besoins et voit jusqu’aux moindres mouvements de notre cœur, une Mère si charitable qu’elle souhaite plus que nous-même l’accomplissement de tous nos désirs.

Ô aimable Mère, couronnée par votre fils Jésus de miséricorde et de grâce, priez-le de m’accorder ici-bas cette même couronne, afin que je mérite un jour celle de la gloire dans les hauteurs des cieux.

3) La très sainte Trinité décerna de plus à Marie les trois couronnes de gloire accidentelle que les théologiens nomment Auréoles. Le laurier dont elles sont composées ne perd jamais sa verdure, ni dans le temps, ni dans l’éternité. Ces couronnes sont les marques distinctives dont Dieu honore les vierges, les martyrs et les docteurs. Il ne pouvait les refuser à la Mère de son Fils puisqu’elle est la Vierge des vierges, qu’elle a souffert un cruel martyre au pied de la croix, et qu’elle a exercé d’une manière très relevée les fonctions de docteur, en communiquant, sur les vérités de la Religion, des lumières sublimes à ceux-mêmes qui étaient les docteurs du monde.

Ô Reine des anges et des hommes, que vous possédez légitimement ces couronnes dans le ciel, vous qui avez produit partout des fruits de bénédiction et de grâce sur la terre ! Comme vierge, vous avez rendu trente pour un ; comme maîtresse des docteurs, soixante pour un ; comme martyre, cent pour un. Il est donc juste qu’à de tels travaux répondent de si précieuses couronnes. Afin que je m’en rende digne moi-même, demandez au Seigneur que je porte des fruits abondants et que ma vie soit féconde en vertus et en saintes œuvres.

4) Enfin, la Vierge fut couronnée de cette couronne de douze étoiles, dont saint Jean fait mention dans l’Apocalypse. Car, comme toutes les grandeurs et toutes les vertus qui brillent séparément dans chacune des douze hiérarchies des saints, se trouvent réunies dans la seule Vierge Marie, il était conforme à la justice qu’elle reçût les récompenses de tous les justes de la cour céleste, figurées par les douze étoiles. La Mère de Jésus posséda en effet, dans le plus haut degré qu’il soit possible d’imaginer, la foi et l’espérance des Patriarches, la lumière et la contemplation des Prophètes, la charité et le zèle des Apôtres, le courage et la magnanimité des Martyrs, la patience et la pénitence des Confesseurs, la sagesse et la pénétration des Docteurs, la sainteté et la pureté des Prêtres, la solitude et le recueillement des Solitaires, la pauvreté et l’obéissance des Religieux, la chasteté et l’innocence des Vierges, l’humilité et les souffrances des Veuves, la fidélité et la concorde des Époux. Dieu, par conséquent, la combla de toutes les récompenses qu’Il partage entre ces divers états. Disons plus, Il les lui prodigua avec un excès indicible ; car c’est d’elle que Salomon a écrit : Plusieurs d’entre les femmes ont amassé des richesses ; pour vous, vous les avez toutes surpassées. C’est-à-dire : Un grand nombre d’âmes justes ont accumulé des trésors de mérites et de vertus ; mais vous en avez amoncelé vous seule plus que toutes ensemble.

Contemplons des yeux de la foi la Mère du vrai Salomon, avec le diadème dont son Fils l’a couronnée au jour de l’allégresse de son cœur, au jour de son entrée dans le ciel. Considérons la joie ineffable de cette Reine des hommes et des anges, qui, dans un délicieux transport, chante comme autrefois son Cantique : Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit est ravi en Dieu mon Sauveur. Parce qu’il a regardé la bassesse de sa servante, voici que désormais toutes les générations me diront bienheureuse ; car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, et son nom est saint.

Ô glorieuse Vierge, c’est maintenant que toutes les créatures du ciel et de la terre peuvent vous proclamer à haute voix bienheureuse, puisque vous entrez en possession du bonheur parfait dont vous n’aviez jusqu’ici que l’espérance. Le Tout-Puissant a toujours opéré en vous de grandes choses ; mais Il met aujourd’hui le comble et le sceau à ses libéralités, en récompensant votre humilité de la couronne de gloire. Douze étoiles resplendissent autour de votre tête. Elles signifient que les saints, vos fidèles imitateurs, sont votre gloire et votre couronne, et qu’ils sont redevables de leurs victoires à votre intercession et à votre secours. Aussi, dans un sentiment d’humilité et de reconnaissance, déposent-ils à vos pieds leurs couronnes, confessant qu’ils ne les ont obtenues que par l’efficacité de vos prières. Ô avocate pleine de miséricorde, ô puissante médiatrice, intercédez pour moi, secourez-moi, afin que je sois, moi aussi, votre joie et votre couronne ; inspirez-moi enfin la résolution inébranlable de combattre si vaillamment en cette vie, que je remporte par vous la victoire et que je reçoive en l’autre la couronne éternelle de gloire. Ainsi soit-il.

 

 

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