Liste & thèmes des lettres de liaison

Ces paroles de Notre-Dame ne furent assorties d’aucune demande particulière de la Sainte Vierge pour les garder secrètes. Mais par une intuition divine, les petits voyants sentirent qu’il fallait le faire. Lorsqu’on leur demandait si la Sainte Vierge avait dit autre chose au cours de cette apparition, ils répondaient : « Oui ! Elle a dit autre chose, mais c’est un secret. » Dans son quatrième mémoire, sœur Lucie rapporte : « Voici, Monseigneur, ce à quoi nous nous référions lorsque nous disions que Notre-Dame nous avait révélé un secret en juin. Notre-Dame ne nous avait pas encore demandé, cette fois, de garder le secret, mais nous sentions que Dieu nous dirigeait dans ce sens ». Et Lucie ne commença à en parler que dix ans plus tard, en 1927.

En effet, la première fois que sœur Lucie en parla, ce fut dans une lettre au père Aparicio datée du 17 décembre 1927. La relation qu’elle fit ultérieurement de cette révélation diffère légèrement selon les documents. En 1946, le père Jongen, venu enquêter sur les apparitions, lui posa la question :

— Vous écrivez dans une lettre à votre directeur spirituel en 1927 que Notre-Dame vous a dit en 1917, pendant la deuxième apparition : « Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À celui qui embrassera cette dévotion je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son trône ». Dans les rapports ultérieurs, vous ne parlez pas de cette promesse. Comment devons-nous expliquer cela ?
— Quand j’ai écrit ces rapports ultérieurs, je n’y ai pas pensé.

Une mission

Notre-Dame commence par dire à Lucie : « Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer» Elle confie ainsi une mission à Lucie. Mais, à travers elle, Notre-Dame s’adresse aussi à nous. Nous avons tous une mission ici-bas sur terre. Si Dieu nous maintient en vie, c’est pour que nous l’accomplissions. Et depuis Fatima, comme Lucie, nous devons : « faire connaître et aimer la Sainte Vierge ». Lucie ne peut à elle seule répandre la dévotion au Cœur Immaculé de Marie dans le monde entier. Si Dieu le lui demande, c’est parce qu’après elle, c’est à nous qu’il revient de poursuivre ce qu’elle a commencé. Pour établir son Église dans le monde entier, Notre-Seigneur choisit douze apôtre. Notre-Dame a fait comme son Fils : pour établir la dévotion à son Cœur Immaculé, elle a choisi une personne. Les apôtres eurent des successeurs : Lucie doit aussi avoir des successeurs. Ces successeurs, ce ne peut être que nous.

Une volonté divine

Notre-Dame ajoute ensuite : « Il [Jésus] veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. » Dans son Épître aux Romains, saint Paul dit : « Les jugements de Dieu sont insondables et ses voies impénétrables ». Toutefois, les voies divines ne sont pas toujours inconnaissables : Dieu se plaît, de temps à autre, à nous faire connaître sa volonté. Certes, de telles occasions sont rares, mais elles existent. Ainsi, au XIVe siècle, Il s’adressa à sainte Catherine de Sienne qui transcrivit ce qu’elle apprit dans ses Dialogues. Au XVIIe siècle, à Paray-le-Monial, Notre-Seigneur demanda à sainte Marguerite-Marie de répandre la dévotion au Sacré-Cœur. Fatima fait partie de ces rares occasions où Dieu nous fait part d’une de ses volontés.

Il y a d’ailleurs un parallèle entre les apparitions de Paray-le-Monial et de Fatima :

  • Dans les deux cas, il est demandé l’établissement de la dévotion à un cœur : le Sacré-Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie.
  • À chaque fois, le salut nous est promis si nous embrassons la dévotion proposée : la pratique des neuf premier vendredi du mois ou celle des cinq premier samedi du mois.
  • Et, à chaque fois, il a été demandé la consécration d’un pays : la consécration de la France au Sacré-Cœur de Jésus et la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie.

Il ne nous appartient pas de connaître les motifs qui conduisirent Dieu à exprimer ses demandes à telle époque plutôt qu’à telle autre. Nous savons simplement qu’Il voulut le développement de la dévotion au Sacré-Cœur à partir du XVIIe siècle et celui de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie à partir du XXe siècle. Telles sont ses volontés.

Les raisons de cette similitude entre les demandes faites à Paray-le-Monial et à Fatima ont été très clairement expliquée par le pape Pie XII dans son message du 8 décembre 1942 :

Les fidèles doivent veiller à associer étroitement le culte du Sacré-Cœur et le culte envers le Cœur Immaculé de Marie, car notre salut vient de l'amour et des souffrances de Jésus-Christ indissolublement unis à l'amour et aux souffrances de sa Mère. C'est pourquoi il convient que le peuple chrétien rende aussi au Cœur très aimant de sa céleste Mère, de semblables hommages de piété, d'amour, de gratitude et de réparation. Aux âmes de péché, à celles qui souffrent de leurs fautes, à celles qui veulent expier les péchés des autres, la dévotion au Cœur de leur Mère paraît être un havre à la fois d'idéal et de pardon.

Pie XII confirme ainsi l’enseignement de Fatima : si Dieu veut l’établissement dans le monde de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, c’est pour que, par elle, nous obtenions la conversion des pécheurs. Celle-ci a été la préoccupation permanente de l’Ange et de Notre-Dame : tous deux ont demandé avec insistance de prier et de faire des sacrifices à cette intention. Déjà avant Fatima, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous avait montré la nécessité de prier pour les pécheurs lorsqu’elle pria pour Pranzini, un condamné à mort, qui eut ainsi la grâce de se convertir quelques minutes avant son exécution. Cette histoire nous prouve que, par nos prières, nous pouvons obtenir la conversion des pécheurs. Et le canon n° 1752 du code de droit canon de 1983 rappelle opportunément l’importance que l’Église y attache : « (...) le salut des âmes doit toujours être dans l’Église la loi suprême. »

Une promesse de salut

La Sainte Vierge poursuit en disant : « À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par Moi pour orner son trône. »
Dieu tient tellement à cette dévotion qu’Il y attache une grâce extraordinaire : notre salut éternel ! Comprenons-nous bien la grâce que nous obtiendrons si nous pratiquons cette dévotion ? Notre-Dame elle-même nous promet le salut si nous la pratiquons. Mesurons-nous le trésor que représente une telle promesse ? Et il ne s’agit pas d’une erreur de traduction, car dans la lettre du 17 décembre 1927 au père Aparicio, précédemment citée, dans laquelle sœur Lucie révèle pour la première fois ces paroles de Notre-Dame, l’expression portugaise employée est : « prometo a salvação » (« je promets le salut »). Voici une reproduction du passage en question :

Lettre Aparicio

Dans cette même lettre, Lucie raconte ensuite l’apparition de Notre-Dame à Pontevedra le 10 décembre 1925, au cours de laquelle la Sainte Vierge demanda la communion réparatrice des premier samedi du mois. Et après avoir indiqué en quoi elle consistait, Notre-Dame ajouta : à tous ceux qui la pratiqueront cinq mois de suite, « je promets de les assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme ». La formulation est un peu différente, mais le sens est exactement le même : Notre-Dame nous promets le salut si nous pratiquons la dévotion demandée par Dieu.

Une place de choix au Ciel

Et les grâces attachées à cette dévotion ne s’arrêtent pas là. Non seulement elle nous garantit le salut, mais de plus, les âmes qui embrasseront cette dévotion seront « chéries de Dieu » ! Et pour illustrer cette affection particulière de Dieu, Notre-Dame ajoute : « comme des fleurs placées par moi pour orner son trône ». Ces âmes seront donc dignes d’orner le trône divin ! Quelle grâce extraordinaire ! Et quelle joie pour elles de pouvoir ainsi contenter Dieu ! Jamais auparavant le Ciel n’a accordé autant de grâces pour une dévotion particulière.

En outre, cette dévotion est toute simple. Elle consiste en cinq pratiques précisées dans les autres apparitions :

  • La première pratique est la récitation quotidienne du chapelet pour obtenir la paix, demande que Notre-Dame fit à chaque apparition, en demandant d’ajouter la prière suivante après chaque dizaine : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer. Conduisez au Ciel toutes les âmes, spécialement celles qui en ont le plus besoin. »
  • La deuxième pratique consiste à offrir les sacrifices de la vie quotidienne pour obtenir la conversion des pécheurs, en récitant si possible la première prière que Notre-Dame enseignera au cours de l’apparition suivante : « Ô mon Jésus, c’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs et en réparation des outrages commis envers le Cœur Immaculé de Marie ».
  • Les troisième et quatrième pratiques, demandées au cours de l’apparition du 13 juillet 1917, puis au cours de celles du 10 décembre 1925 et du 13 juin 1929, sont de faire une communion réparatrice le premier samedi du mois et de se consacrer au Cœur immaculé de Marie.
  • Enfin la cinquième fut demandée à la fin de la dernière apparition de 1917 : Notre-Dame apparut tenant un scapulaire dans sa main, nous signifiant ainsi qu’elle souhaitait que nous le portions.

Une authentification par un miracle extraordinaire

Pour bien marquer l’importance de cette dévotion et que c’était une de ses volontés, Dieu l’authentifia d’une façon absolument extraordinaire. Lorsqu’il Lui arrive de le faire, Dieu se manifeste généralement de façon discrète, comme à sainte Catherine de Sienne ou sainte Marguerite-Marie. Tel ne fut pas le cas à Fatima : les signes qui accompagnèrent les apparitions furent extraordinaires, que ce soit les phénomènes naturels, le nombre de prophéties ou le miracle du soleil (voir lettre de liaison n° 129). Aucune apparition, même celles de Lourdes ou de Guadalupe, n’a été authentifiée d’une manière aussi spectaculaire, ni n'a bénéficié d’autant de témoins extérieurs. C'est un fait sans précédent dans l'histoire des apparitions.

À lui seul, le miracle de la danse du soleil, lors de l'apparition du 13 octobre 1917, place les apparitions de Fatima devant toutes les autres et en fait les plus extraordinaires de l’histoire. Car avant Fatima, on ne recense que trois phénomènes célestes de cette ampleur : le déluge, l'arrêt du soleil pendant la bataille de Josué contre les Amorrhéens à Gabaon (Josué 10, 12-13) et les ténèbres du Vendredi Saint apparues au moment de la crucifixion.
Le miracle de Fatima eut une ampleur moindre que celui du Vendredi Saint, mais peut-être aurait-il été aussi important si les petits voyants n’avaient pas été mis en prison à Villa Nova de Ourem, car Notre-Dame leur dit le 19 août 1917 : « Si l’on ne vous avait pas emmenés à la ville, le miracle aurait été plus connu. » Quoi qu’il en soit, jamais depuis le Vendredi Saint, il n’y eut de miracle cosmique aussi extraordinaire : le miracle de la danse du soleil est « aux événements et au message de Fatima ce que le miracle de la Résurrection est à l’Évangile », selon l’excellente expression du frère Michel de la Sainte Trinité. L’abbé Caillon, dans son petit opuscule La consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et Marie, le qualifie de «fait unique dans l’ère chrétienne depuis la Résurrection du Christ ».

Et il y eut un autre miracle cosmique spectaculaire quelques années après les apparitions, dans la nuit de 25 au 26 janvier 1938. Cette nuit-là le ciel s’embrasa au-dessus de tous les pays qui allaient entrer en guerre. Ce miracle est en outre remarquable, car il est la réalisation d’une prophétie annoncée vingt ans auparavant, le 13 juillet 1917 !

Une importance primordiale

Tous ces signes marquent donc non seulement l'origine divine du message de Fatima, mais aussi une importance sans égale dans toute l'histoire des apparitions, qu'elles soient de Notre-Seigneur, de la Très Sainte Vierge ou des saints. Car si Dieu a pris soin d’authentifier le message de Fatima d’une façon aussi extraordinaire, ce n’est sûrement pour rappeler des choses banales.
La dévotion au Cœur Immaculé, en particulier la communion réparatrice des premier samedi du mois, comme moyen pour se sauver et obtenir la conversion des pécheurs est une dévotion que nous devons satisfaire en priorité. Bien sûr, aucune dévotion ne pourra jamais égaler l’assistance à la Sainte Messe. Mais après elle, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie doit avoir une place de choix dans notre vie spirituelle, car Dieu Lui-même l’a demandé. Combien recevrions-nous de grâces en méditant régulièrement les paroles de notre mère du Ciel ! Quel trésor inestimable que cette dévotion au Cœur Immaculé de Marie par laquelle Notre-Dame elle-même nous promet le salut !
Alors empressons-nous de bien connaître cette dévotion si chère au cœur de Dieu. Pratiquons-la avec ferveur, par amour pour Notre-Dame et Notre-Seigneur. Et faisons-la connaître autour de nous pour répondre à la volonté divine qui veut qu’elle soit répandue dans le monde entier.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus

Remarque d’un lecteur sur la dernière lettre de liaison

Suite à la dernière lettre, un lecteur nous a fait une remarque très pertinente, laquelle nous donne l’occasion d’insister sur un point essentiel de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Voici cette remarque :

Je me permets de rappeler les promesses de la Très Sainte Vierge Marie aux personnes qui ont décidé de revêtir le scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel, notamment le fait que la Très Sainte Vierge Marie les délivrerait du purgatoire le premier samedi suivant la mort terrestre.

Le port du scapulaire est effectivement un excellent moyen de se préparer à la mort. Il est d’autant plus important de le rappeler qu’à Fatima, la Sainte Vierge en a fait une des pratiques de la dévotion à son Cœur Immaculé. Ainsi à Fatima, Notre-Dame nous a donné quatre moyens pour nous préparer à la mort :

  • Le premier est le chapelet quotidien au cours duquel cinquante fois nous lui demandons de « prier pour nous maintenant et à l’heure de notre mort ».
  • Dans le chapelet quotidien également, après chaque dizaine, Notre-Dame nous demande d’ajouter cette prière : « préservez-nous du feu de l’enfer ».
  • Par la dévotion des premier samedi du mois, Notre-Dame nous promets de « nous assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de notre âme ».
  • Enfin, le port du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel nous assure aussi de faire une bonne mort, car en le lui remettant en 1251, Notre-Dame a promis à saint Simon Stock : « Celui qui mourra revêtu de cet habit sera préservé des flammes éternelles. » (Voir la fiche Histoire du scapulaire)

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