Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Notre-Dame, le 13 juillet 1917

Cette révélation de Notre-Dame doit nous inciter à réfléchir sérieusement sur notre propre mort, en regardant notamment comment les petits voyants nous ont montré l’exemple.

La mort de Jacinthe

Malgré son jeune âge (elle n'avait pas encore 10 ans lorsqu’elle mourut), Jacinthe envisageait la mort avec une très grande sérénité. Voici les paroles qu’elle échangea avec François peu avant sa mort et que Lucie a rapportées dans son premier mémoire :

Lorsqu’arriva le moment du départ de son petit frère pour le Ciel, elle lui fit ses recommandations :
– Salue en mon nom Notre Seigneur et Notre Dame et dis-Leur que je souffrirai tout ce qu’Ils voudront pour la conversion des pécheurs et la réparation au Cœur Immaculé de Marie.

Par ce petit discours, Jacinthe montre qu’elle acceptait la mort de son frère puisque la Sainte Vierge la lui avait annoncée. Elle eut la même attitude lorsqu’il lui fallut affronter la mort à son tour. Le 21 janvier 1920, elle dut quitter seule Aljustrel pour aller à l’hôpital Doña Stéphanie, à Lisbonne, où elle mourut un mois plus tard, le 20 février. Quelques jours avant de partir à l’hôpital, elle confia à sa cousine ses dernières pensées : elles montrent très bien l’état d’esprit dans lequel elle se préparait à la mort.

Il ne me reste plus beaucoup de temps pour aller au Ciel. Toi, tu resteras ici afin de dire que Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Le moment venu de le dire, ne te cache pas. Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie, que c’est à elle qu’il faut les demander, que le Cœur de Jésus veut qu’on vénère avec lui le Cœur Immaculé de Marie, que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à elle que Dieu l’a confiée. (…)
Arriva le jour où elle dut partir pour Lisbonne. Son départ fendait le cœur. Elle demeura longtemps les bras autour de mon cou et elle me disait en pleurant :
– Jamais plus nous ne nous reverrons ! Prie pour moi jusqu’à ce que j’aille au ciel. De là, je prierai beaucoup pour toi. Ne révèle jamais le secret à qui que ce soit, même si l’on te tue. Aime beaucoup Jésus et le Cœur Immaculé de Marie, et fais beaucoup de sacrifices pour les pécheurs.
De Lisbonne, elle me fit dire que Notre Dame était déjà venue la voir et qu’Elle lui avait dit l’heure et le jour de sa mort, et elle me recommanda d’être très bonne.

Ces brefs dialogues montrent que Jacinthe, pourtant très jeune, ne craignait pas la mort. D’où tenait-elle la force de l’affronter ainsi courageusement ? Sûrement de son amour pour Notre-Dame et de tout ce qu’elle voulut faire pour Elle et pour la conversion des pécheurs. Nous devons prendre exemple sur Jacinthe et, pour cela, la première chose à faire est d’avoir une juste vision de la mort.

Une juste vision de la mort

C’est une véritable tragédie de faire une mauvaise mort. Même si nous ne comprendrons vraiment la gravité de ce drame que dans l'éternité, il faut dès ici-bas tout faire pour l’éviter. Nous vivons obnubilés par la recherche de gains, de plaisirs ou de succès éphémères, et nous ne nous préoccupons que très peu de l'éternité. Les réalités de la vie, les affaires, la santé, toutes choses matérielles, nous rendent esclaves et nous mettent dans une léthargie spirituelle qui peut être fatale. Ces préoccupations matérielles nous empêchent de penser aux réalités essentielles. Pourtant, la mort est le moment le plus important de notre vie, car elle est la porte de la vie éternelle.

La mort devrait être une de nos principales préoccupations. En effet, c’est l'évènement le plus certain de notre vie et c’est un passage obligé pour aller au Ciel. Mais pour pouvoir y penser sereinement et comme il convient, nous devons commencer par avoir une juste vision de la mort, et en premier lieu être convaincus qu’une bonne mort est un évènement heureux. Dans une homélie au peuple d’Antioche, saint Jean Chrysostome donna l’image suivante pour faire comprendre combien nous ne devons pas craindre la mort :

Si un roi avait préparé pour l'un de ses sujets un appartement dans son palais, et qu'en attendant il lui assignât pour demeure une étable, avec quelle ardeur cet homme ne devrait-il pas soupirer après le jour où, quittant ce réduit, il franchirait le seuil du palais ? Ici-bas, l'âme est dans le corps comme dans une prison ; et à moins d'en sortir, elle ne peut entrer dans le palais du ciel.

Pour les saints, la mort est le début de la vie en Dieu. Saint Paul semble crier de joie lorsqu’il écrit : « Pour moi la mort est un gain ». (Phil. 1, 21). Saint Thomas More, condamné à mort par les hérétiques, voulut revêtir son habit le plus beau et le plus précieux pour le jour de son supplice. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait au moment de mourir : « Je ne meurs pas ; j’entre dans la vie. »
Dans le palais dans lequel il vivait, saint Charles Borromée aperçut un tableau où la mort était représentée sous la forme d'un squelette tenant une faux à la main. Il fit venir le peintre et lui demanda de remplacer la faux par une clef d'or. Il voulait par-là s'exciter toujours d'avantage à désirer la mort. En effet, seule la mort a le privilège de nous ouvrir le Ciel où nous aurons le bonheur de voir Dieu. En raison de la rédemption opérée par Jésus, la mort en état de grâce nous garantit la vie éternelle.

Malheureusement nous ignorons quand, comment et où la mort nous emportera. Nous n’avons aucun moyen d’en connaître à l’avance le jour et l’heure. Certains d’entre nous mourront très jeunes, comme Jacinthe et François. D’autres resteront plus longtemps sur la terre, comme Lucie. Tout au plus, si nous sommes atteints d’une maladie grave avec un pronostic fatal ou si nous sommes très âgés, pouvons-nous augurer une fin proche, mais sans plus. Autrement, nous ne connaissons pas le moment fixé par Dieu pour passer de ce monde dans l’autre. On peut mourir dans le sein maternel ou à cent ans, dans son lit ou en pleine rue. Le soir nous ne sommes pas certains de revoir le soleil du lendemain ; et le matin, nous ne sommes pas non plus certains d'arriver jusqu'au soir. Nous ne sommes certains que d'une chose : nous ne savons ni le jour ni l'heure. La mort « viendra comme un voleur » dit saint Paul (1 Th V, 2). C'est pourquoi Jésus nous avertit : « Soyez prêts ! Parce qu'à l'heure où vous n’y penserez pas le Fils de l'homme viendra » (Lc XII, 40). Aussi est-ce une profonde erreur de ne pas vouloir penser à la mort parce que, soi-disant, cette pensée assombrit la vie. En agissant ainsi, nous ressemblons aux autruches qui mettent leur tête dans le sable pour ne pas voir le danger qui les menace. Si nous voulons que la mort soit l’heureux passage d’ici-bas à l’au-delà, nous devons suivre le conseil de Jésus et nous y préparer.

Être toujours prêt

Mais pour être sûr d’« entrer dans la vie » et ne pas risquer d'être condamné à l’enfer par la justice divine, nous devons être toujours prêts à mourir. Jésus a recommandé à ses disciples de rester éveillés : « Bienheureux ces serviteurs que le Maître trouvera éveillés à son arrivée ! » (Lc 12, 37). Cette préoccupation doit être la première de tout chrétien ; car la mort pouvant venir nous prendre à n'importe quel moment, elle doit nous trouver dans la grâce de Dieu … à n’importe quel moment ! Rappelons-nous les paroles terribles de l’Époux aux vierges folles : « Je ne vous connais pas ». Pensons au contraire à la mort de saint Benoît : quand il sentit venir le moment mourir, le saint patriarche voulut se tenir debout, soutenu par deux moines, les bras levés, comme quelqu'un « qui va à la rencontre de l'Époux ».

Être "éveillé", cela signifie vivre toujours dans la grâce de Dieu, en évitant le péché mortel ou en demandant immédiatement pardon et en se confessant au plus vite si on a eu le malheur de tomber. Saint Jean Bosco demandait à ses jeunes gens de venir le réveiller même en pleine nuit pour se confesser tout de suite quand ils succombaient au péché mortel.
Et pour rester "éveillé", rien ne vaut de penser régulièrement à notre mort. Un jour, une femme croisa le pape Pie XI dans la rue et lui demanda un souvenir personnel. Le pape observa cette femme vêtue d'une manière mondaine. Il se pencha vers le sol, recueillit un peu de poussière et lui fit une petite croix sur le front en disant : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». Il ne pouvait pas lui donner un souvenir plus personnel !
En effet, le démon sait parfaitement combien il nous est salutaire de penser à la mort. Pour cette raison il nous la fait considérer comme de mauvaise augure, nous gardant occupés uniquement à des choses secondaires. Nous sommes capables de remplir nos journées de toutes sortes d’activités : divertissements, politique, sport, télévision, ... Mais nous ne consacrons pas un seul instant à réfléchir à ce qui nous attend dans l’éternité.

Se préparer à la mort

Pour nous aider dans cette salutaire réflexion sur notre mort, il faut prendre quelques bons moyens. Sur ce point, nous ne saurions trop recommander la lecture du livre Préparation à la mort (aussi intitulé La bonne mort) de saint Alphonse de Liguori. Ce livre, duquel nous avons tiré certaines des réflexions qui viennent d’être faites, est une véritable mine d’or et permet en quelques pages de bien comprendre ce qu’est vraiment la mort. Il nous aide à la voir telle que Dieu la voit. Les plus saints d’entre nous arriveront peut-être à aller jusqu’à désirer la mort, comme les grands saints. Mais dans quelque état que nous soyons, nous en tirerons une grande sérénité devant la mort et l’habitude d’y penser régulièrement, gage d’une conduite vraiment chrétienne qui nous vaudra d’être trouvés dans de bonnes dispositions lorsque la mort frappera à notre porte.

Ensuite, pour nous assurer le plus possible d’avoir une bonne mort, nous devons demander l’aide des saints. En premier lieu, nous devons demander cette grâce à la Sainte Vierge, grâce si importante que l'Église nous la fait demander dans chaque "Je vous salue Marie" : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, maintenant et à l'heure de la mort ». Ainsi, de nombreux saints ont recommandé la dévotion à la Sainte Vierge pour se bien préparer à la mort. Sainte Marie Madeleine Sophie Barat disait : « La mort d'un vrai dévot de Marie est le bond d'un enfant dans les bras de sa Mère ». Saint Bonaventure a écrit : « Mourir en invoquant pieusement Marie, c'est le signe du salut ».
Quelques jours après sa mort, saint Dominique Savio apparut à saint Jean Bosco ; celui-ci lui demanda :

— Dis-moi, Dominique : qu’est-ce qui t'a le plus consolé au moment de ta mort ? — Don Bosco, devinez vous-même ! — Peut-être le souvenir d'une pureté conservée ? — Non. — Peut-être le souvenir des pénitences que tu as faites ? — Même pas cela. — Alors ce sera la conscience d'être pur de tout péché ? — Cela m'a rendu heureux, mais ce qui m'a le plus consolé au moment de ma mort, ce fut de penser que j'avais aimé la Sainte Vierge ! … Dites-le à vos jeunes gens et recommandez-leur avec insistance d'aimer la Sainte Vierge.

À Fatima, parlant de la dévotion à son Cœur Immaculé, la Sainte Vierge confia à Lucie : « À qui embrassera cette dévotion je promets le salut. » Cette phrase est sans doute aussi une des raisons qui ont fait que Jacinthe n’a pas eu peur de la mort. Alors, pratiquons cette dévotion avec ferveur pour être aidés par la Sainte Vierge à faire une bonne mort.

Invoquer saint Pascal Baylon

Nous pouvons aussi demander la grâce d’être prévenus un peu à l’avance de l’arrivée de notre mort. Dieu l’a accordée à plusieurs saints, notamment à Jacinthe. Nous ne sommes sans doute pas suffisamment saints pour mériter une telle grâce. Mais nous pouvons la demander à un saint qui pourra l’obtenir pour nous. En particulier, nous devrions la demander à saint Pascal Baylon (fêté le 17 mai).

Pascal Baylon naquit en 1540, dans la petite ville de Belle-Tour, en Espagne. Jusqu’à 24 ans, il mena la vie solitaire de berger. Il désirait tellement s’instruire qu’il apportait un livre avec lui dans les champs et demandait à ceux qu’il rencontrait de lui enseigner l’alphabet. Et, en peu de temps, il apprit à lire.
Par la méditation, la prière et la lecture des ouvrages spirituels, il avança si rapidement dans la perfection, que, lorsque en 1564 il décida d’entrer au monastère des Franciscains réformés de Valence, il était déjà parvenu à une grande sainteté. Par humilité, il insista pour demeurer simple frère convers.
Il y vécut 28 ans. Il passait une grande partie de ses nuits en prière devant le tabernacle. Dieu le favorisa souvent d’extases. Il avait aussi une grande dévotion envers la Très Sainte Vierge. Il mourut le 17 mai 1592. À cause de sa très grande piété à l’égard du Saint Sacrement, Léon XIII le proclama patron des Œuvres eucharistiques.

Il avait le don de prophétie. Il connaissait, entre autres, le moment de la mort de ceux avec qui il était en relations ou qui venaient se recommander à ses prières. Un jour, accompagnant un prédicateur dans la maison d’un riche personnage affilié au tiers-ordre de saint François, il pressa celui-ci de mettre rapidement de l’ordre dans ses affaires, car, lui dit-il, « vous n’avez plus que peu de temps à vivre ». Les choses arrivèrent comme saint Pascal l’avait prédit : le riche s’approcha pieusement des sacrements, régla ses affaires et mourut peu après, frappé d’apoplexie.
Appelé sans cesse auprès des malades, saint Pascal leur prédisait toujours infailliblement l’issue heureuse ou fatale de leur maladie et les exhortait à se réconcilier avec Dieu. Ce privilège extraordinaire d’avertir les moribonds, saint Pascal semble l’avoir conservé au ciel. En effet, pendant son procès de canonisation, un homme de Valence, qui venait de mourir subitement, fut ressuscité par son intercession, afin qu’il eût la grâce de recevoir les derniers sacrements. Aussi saint Pascal est-il invoqué pour être averti de l’approche de la mort. À ce propos, le père Stoufflet, rédemptoriste, écrit :

Son culte est populaire à Rome et surtout à Naples où l’on croit que quiconque récite chaque jour trois Gloria Patri en son honneur, est averti trois jours à l’avance de l’approche de sa mort et cela par trois petits coups distinctement frappés. En 1884, un religieux franciscain était sérieusement malade sans toutefois se trouver en danger prochain. Cependant, il annonça qu’il mourrait dans trois jours et demanda les derniers sacrements. « Comment le savez-vous ? » lui demanda-t-on. « J’ai entendu les trois coups de saint Pascal » répondit-il. Les événements se passèrent suivant la prédiction. Ces traits ne sont pas rares.

Ceux qui ne veulent pas réfléchir à leur mort, n’oseront sans doute pas demander cette grâce à saint Pascal, peut-être par crainte d’être avertis plus vite et de mourir plus tôt. Mais c’est une crainte sans fondement, car l’avertissement de saint Pascal ne peut avoir pour effet d’avancer le moment fixé par Dieu pour notre passage de ce monde dans l’au-delà. Au contraire, les personnes qui désirent avoir une sainte mort ne craindront pas d’invoquer saint Pascal : si Dieu le permet, il leur accordera d’avoir le temps de bien se préparer à mourir lorsque le moment sera venu.

Demandons à sainte Jacinthe et saint François Marto de nous donner la force qu’ils ont eus en face de la mort et à saint Pascal Baylon de nous avertir un peu avant le moment de notre mort pour avoir le temps de bien nous y préparer. Demandons surtout à Notre-Dame de nous assister à l’heure de notre mort pour que nous mourrions saintement, notamment en pratiquant la dévotion à son Cœur Immaculé et en pensant à notre mort chaque fois que nous récitons un ‘Je vous salue Marie’.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus

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